Montpellier Danse : Création de Fabrice Ramalingom
Nós, tupi or not tupi est né d’une rencontre entre Fabrice Ramalingom et Eduardo Hermanson. Il le repère dans une pièce de Bruno Beltraõ où il danse « avec précision et inventivité ». Cet homme lui fait même changer son regard sur le hip hop que Fabrice appréciait peu à cause de sa virilité souvent exacerbée.
Galerie photo : Laurent Philippe
En 2014, Eduardo contacte Fabrice : il cherche un chorégraphe qui le mettrait en scène. Ils se rencontrent à Rio de Janeiro et il lui propose d’inviter d’autres danseurs à le rejoindre. Ce seront Renann et Tito. Dans cette pièce, à la signification complexe puisque son titre évoque les rites anthropophagiques de la tribu « Tupi » et l’incorporation de la culture de l’autre, mais aussi l’en-commun (Nós signifie « nous » et « nœud »), Fabrice Ramalingom créée une forme de chorégraphie documentaire où il s’immisce dans leur technique de danse aussi bien que dans leur vie.
Galerie photo : Laurent Philippe
Dans un premier temps, il s’agit de comprendre leurs parcours, leurs conditions d’existence et leur façon de voir le monde. Dans un deuxième temps, d’incorporer littéralement leur danse dans cette pièce. Bâtie comme autant de portraits, la pièce explore à travers leur danse virtuose, la multiplicité de leurs personnalités. Avec beaucoup de tact, cette sorte de plongée dans l’intimité de chacun, sonde les corps et les espoirs de chacun à travers une gestuelle qui leur appartient. Tout le travail de Ramalingom consiste à mettre en relief leurs relations et leurs différences, en un mot, leurs façons d’être ensemble. Et l’on perçoit, au fil de la pièce, que la chorégraphie rend compte d’un apprivoisement de part et d’autre.
Galerie photo : Laurent Philippe
Le chorégraphe s’imprègne de cette gestuelle pour construire son œuvre, tandis que les danseurs se dévoilent en passant par des processus d’improvisation qui modifie le hip hop en lui apportant des nuances. Tout en conservant la maîtrise extrême du mouvement (ce sont tous des danseurs hors pair), apparaît peu à peu une humanité qui nous touche et nous émeut. C’est dans la façon de s’attraper, de s’imbriquer les uns les autres, que peu à peu naît une chorégraphie singulière.
Galerie photo : Laurent Philippe
Du danseur solitaire qui se déployait en courbes acrobatiques, se dégage peu à peu une ombre qui admet dans son espace allongé d’autres ombres. Bientôt un bras se tend, un dos se plie, et les hommes s’approchent avant de se rejoindre, de se porter, peut-être, de s’empoigner et enfin de s’étreindre. Le spectacle est comme une traversée intérieure, mystérieuse et sensible.
Agnès Izrine
Le 28 juin 2017, Théâtre de la Vignette dans le cadre du Festival Montpellier Danse
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