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Maison de la Danse : « Meguri » de Sankai Juku

La pièce-anniversaire d’Ushio Amagatsu sera présentée à la Maison de la Danse de Lyon du 17 au 21 janvier.

Ushio Amagatsu est à la danse ce que Zaha Hadid fut à l’architecture: Une vedette à la ligne esthétique pure et reconnaissable entre toutes, déclinée à l’infini. Avec deux différences. L’univers de Hadid est courbe, celui d’Amagatsu est (devenu) rectangulaire.

 Les ondulations de Hadid sont un hommage aux années 1970, un voyage dans le temps auquel on n’est pas obligé d‘adhérer. Un spectacle de Sankai Juku est, au contraire, une façon de détourner la notion même de temps ou d’époque.

40 ans

Comme Lin Hwai-Min et son Cloud Gate Dance Theater de Taïwan, Sankai Juku fête ses quatre décennies avec une création vouée à la force et la beauté de la nature. Exubérance marine, tranquillité terrestre, sous-titre de Meguri, est un hymne à l’éternité, en sept tableaux, chiffre aussi invariable que les 8.7 cm des bandes de Buren. Il faut avant tout s’arrêter sur le tableau d’ouverture, intitulé Voix du lointain.

On n’imagine plus une pièce de Sankai Juku qui ne commencerait pas sur un solo d’Amagatsu. Et si le maître approfondit quelque part son approche du geste, de l’espace et du rapport au public, c’est dans sa présence solitaire d’une divinité arrivant de loin, mais ici nettement plus accessible qu’auparavant, plus limpide dans sa présence et d’autant plus émouvante.

 

Un temple sous-marin ?

Suivent par exemple des Métamorphoses au fond des mers et même une Forêt de fossiles, tableaux tramés d’évocations de crinoïdes, ces « animaux aquatiques en forme de plantes, apparus dès l’époque du paléozoïque » selon les termes d’Amagatsu. Meguri regorge de tourbillons et autres figures symbolisant l’approche cyclique du temps.

Le rectangle central et le mur de fond sont d’abord plongés dans une lumière bleutée. Au centre, un îlot de sable est habité par des crinoïdes vivants, faits de jambes et de bras humains, comme bercés par les vagues. Si le motif est banal, il est ici anobli par l’extrême maîtrise des interprètes. On y voit aussi une balance géante qui descend des cintres, telle une auto-citation introduite pour nous rappeler Umusuna, la pièce précédente de Sankai Juku.
 

Galerie photo © Sankai Juku

Crinoïdes

L’imposant mur s’inspire de fossiles de crinoïdes, rappelant le mal que nous avons à faire rentrer les dimensions quasi-éternelles dans notre imagination. Amagatsu crée ici une sorte de temple sous-marin (tendance Assyrien) où les corps bercent l’espace. Et il dispose d’une garde rapprochée, cercle de butokas-étoiles. Ces danseurs d’exception savent ici capter la rotation de la terre et les flux éternels des océans.

Il éblouit ses fidèles, avec une régularité impeccable, et c’est beaucoup. Son public lui en sait gré.
 

Thomas Hahn

Vu en juin 2016 au Théâtre de la Ville

À la Maison de la Danse de Lyon
Du 17 au 21 janvier 2017
 

MEGURI
mise en scène, chorégraphie & conception : Ushio Amagatsu
musiques : Takashi Kako, Yas-Kaz, Yoichiro Yoshikawa
avec : Ushio Amagatsu, Semimaru, Toru Iwashita, Sho Takeuchi, Akihito Ichihara, Dai Matsuoka, Norihito Ishii, Shunsuke Momoki

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