« Les Pêcheurs de Perles » de Bizet mis en scène par Thomas Lebrun
A l'Opéra national du Capitole de Toulouse, une histoire d’amour et d’amitié émaillée de drame et d’humour.
En cette fin septembre, il fait toujours très chaud à Toulouse et la splendide place du Capitole est noire de monde aussi bien aux terrasses des cafés que devant l’Opéra où de nombreux spectateurs attendent d’y entrer pour découvrir la première mise en scène du chorégraphe Thomas Lebrun, Les Pêcheurs de Perles de Bizet.
Le rideau se lève et apparaissent en front d’une mer d’un bleu d’azur, de hautes cabanes en bois exotique cernées de luxuriants palmiers. C’est donc sur l’île de Ceylan que va se dérouler une histoire d’amour et d’amitié pleine de rebondissements.
Mais Thomas Lebrun (assisté par Raphaël Cottin et Angelo Smimmo) démontre dès le départ qu’il désire nourrir cet ouvrage avec de multiples chorégraphies de styles différents et surtout souvent délirantes d’humour. Effectivement les excellents douze danseurs et danseuses du Ballet du Capitole sont mis à rude épreuve. On n’en attendait pas moins du directeur du CCN de Tours dont le talent se renouvèle à chacune de ses pièces. Mais là, il s’agit de sa première mise en scène ! Un immense challenge basé sur un livret créé en 1863 qui raconte comment le vœu d'amitié éternelle de deux hommes est menacé par leur amour pour la même femme, elle-même prise entre son amour pour le pêcheur Nadir et son vœu de prêtresse.
Pari d’autant plus difficile du fait que cet ouvrage est interprété uniquement par quatre prodigieux chanteurs dans les rôles titres : la soprano Anne-Catherine Gillet (Leïla), le ténor Mathias Vidal (Nadir), ainsi que le baryton Alexandre Duhamel (Zurga) et le baryton-basse Jean-Fernand Setti (Nourabad). Accompagnés par l’orchestre du Capitole dirigé avec énergie par Victorien Vanoosten, les quatre personnages sont presque constamment entourés par le chœur du Capitole vêtus des lumineux costumes de David Belugou qui apportent des touches très colorées propres à cette ile envoutante bordée par l’Océan Indien. Ainsi, le plateau au ravissant décor modulable et original d' Antoine Fontaine qui se transforme à chaque acte, est occupé la plupart du temps par une cinquantaine d’artistes.
Galerie photo © Mirco Magliocca
C’est la raison pour laquelle il s’agit d’une performance d’arriver à créer des pépites artistiques au sein de cette foule. Thomas Lebrun n’a donc pas lésiné. Il introduit continuellement des partitions de danse qui ne sont que rarement en corrélation avec l’histoire. Entre des déhanchements coquins de danseurs revêtus de tutus de style romantique, la sublime danse de Siva (c’est écrit ainsi dans la partition), l’apparition sur pointes d’un fantôme féminin recouvert d’un voile blanc, le duo d’une rumba irrésistible, un jeu de cache-cache sous les jupons, et en fin de pièce un french cancan qui fait rire la salle, le metteur en scène et chorégraphe étoffe à merveille cet opéra de Bizet.
Grâce à ces pépites, Thomas Lebrun a réussi avec talent et intelligence à ne pas annihiler la progression dramaturgique de la musique et de l’intrigue. Sa première mise en scène ciselée et fort réussie aux notes d’humour et aux déplacements de foule enrichit cet ouvrage qui fut très longuement applaudi par un public conquis.
Sophie Lesort
Spectacle vu le 26 septembre 2023 au Capitole de Toulouse
Opéra National Capitole Toulouse jusqu’au 8 octobre 2023
Les Pêcheurs de Perles de Georges Bizet
Livret d’Eugène Cormon et Michel Carré
Direction musicale : Victorien Vanoosten
Mise en scène et chorégraphie : Thomas Lebrun
Distribution : Anne-Catherine Gillet, Mathias Vidal, Alexandre Duhamel, Jean-Fernand Setti Ballet de l’Opéra national du Capitole : Elisa Blot, Marlen Fuerte Castro, Juliette Itou, Loanah Marty, Kayo Nakazato, Haruka Tonooka, Eneko Amoros Zaragoza, Amaury Barreras Lapinet, Mathéo Bourreau/Henrik Victorin (1er octobre), Simon Catonnet, Baptiste Claudon, Aleksa Zikic
Le chœur de l’Opéra national du Capitole
L’Orchestre national du Capitole
Collaboration artistique : Raphaël Cottin Assistant à la mise en scène : Angelo Smimmo
Décors : Antoine Fontaine
Costumes : David Belugou
Lumières :Patrick Méeüs
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