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Le Sacre de Dominique Brun

Programmé à La Ferme du Buisson dans le cadre de Hors Saison, le rendez-vous danse d'Arcadi, ce Sacre#197 de Dominique Brun, à mi-chemin entre la recherche documentaire et la création la plus vive rafraîchit considérablement notre vision du Sacre du Printemps de Nijinski. Par Agnès Izrine

Le Sacre du Printemps, dont on fêtera les cent ans cette année, chorégraphie mythique de Nijinski sur lanon moins mythique partition de Stravinsjy, est, sans doute, l’œuvre la plus recréée de par le monde. Il en existe aujourd’hui puis de 200 versions, dont la reconstitution de Millicent Hodson et Michael Archer pour le Joffrey Ballet qui est aussi, en fait, une réinterprétation. Car du Sacre, en réalité, il ne reste presque rien (ni notation, ni enregistrement, seulement quelques photos et les dessins de Valentine Hugo).

Valentine Gross-Hugo : dessin pour le Sacre du Printemps

Dominique Brun part de cette contradiction – disparition de l’œuvre et prolifération de ses versions pour en faire une re-création, et le terme de création est ici capital, car c’est bien de cela qu’il s’agit.
Danseuse, chorégraphe et notatrice Laban, Dominique Brun axe depuis longtemps son travail sur al traversée et la relecture d’œuvres de la modernité du passé. À son actif, une relecture remarquable de l’Après midi d’un Faune (notamment pour Faune(s) d’Olivier Dubois, mais aussi pour un DVD).
En 2008, elle entreprend la reconstitution partielle du Sacre de Nijinski à la demande du réalisateur Jan Kounen pour son film Chanel & Stravinsky (vidéo ci-dessous)

 

À partir de là, elle décide de poursuivre ce travail en recréant une chorégraphue qui prend appui sur 14 dessins d’époque de Valentine Gross-Hugo, véritables instantanés chorégraphiques figés. Ce sera ce Sacre #197 que l’on vient de voir à la Ferme du Buisson.
Avec une distribution exceptionnelle, ce Sacre est une véritable plongée aux racines de l’œuvre. En choisissant une version vocale chantée par la mezzo-soprano Isabel Soccoja, soutenue par les rythmes originels retravaillés par une partition de musique électronique de Juan Pablo Carreňo, on imagine retrouver les heurts et le grinçant qui choquèrent les oreilles de 1913. Mais surtout, ce chant qui va parfois chercher dans la musique populaire ou téléscope une autre composition de Stravinsky, Les Noces, donne au ballet son côté à la fois labile et abrupt, sa tessiture âpre et sensuelle.
Les interprétations des danseurs sont saisissantes Repartant du dessin qui fige l’instant, ils font rejaillir l’actuel de la création. Avec sa liberté et son audace, sa difficulté à s’inscrire dans l’époque aussi. On ressent presque à quel point ces pieds tournés vers l’intérieur, ces sauts sans élans, ces équilibres précaires ont dû poser des problèmes à ceux qui les ont dansé la première fois. On voit passer des éclats du Faune, le fantôme de Nijinski et l’ombre de Nijinska. C’est exactement comme si l’on pouvait assister à la naissance d’une œuvre pourtant morte depuis cent ans. Et même si on remarque particulièrement Emmanuelle Huynh, Latifa Laâbissi, Sylvain Prunenec, et François Chaignaud, le reste de la distribution (Cyril Accorsi, Marcela Santander, Julie Salgues) est tout aussi éclatante.

À VOIR (en tournée)
15 mars : Théâtre de l’Espace, scène nationale, Besançon
20, 21 et 22 mars : Centre national de la danse, Pantin
26 mars : Théâtre d’Arles, scène conventionnée pour des écritures d’aujourd’hui
3 avril : Centre national de danse contemporaine // CNDC Angers
5 avril : Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape
9 avril : Le Vivat, scène conventionnée danse et théâtre, Armentières
12 avril : Théâtre et Auditorium de Poitiers (TAP) scène nationale
14 avril : Festival Plastique Danse Flore // Potager du roi, Versailles
18, 19 et 20 avril : Festival Escales danse en Val d’Oise // l’Orange Bleue, Eaubonne,
23 mai : Le Prisme, Elancourt
29 mai : Vooruit, Gand Belgique.

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