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« Le Prix Clerc Milon de la Danse 2023 » du Ballet de l’Opéra national de Bordeaux

Votre site favori était convié à la 4édition du Prix Clerc Milon de la Danse qui a eu lieu à l’Opéra national de Bordeaux sous l’égide de la Fondation d’entreprise Philippine de Rothschild. 

Après quelques mots de présentation de MM. Dimitri Boutleux (président de l’Opéra), Emmanuel Hondré (directeur général), Philippe Sereys de Rothschild (président de la Fondation Philippine de Rothschild) et Éric Quilleré (directeur de la compagnie girondine), un court métrage de Mathilde Rothschild nous a en partie dévoilé les métiers et les coulisses de l’établissement, montés avec des extraits du répertoire classique et aussi de quelque pièce contemporaine. Le film a donné la parole aux membres du jury présidé par Brigitte Lefèvre : la chorégraphe Maud Le Pladec, l’ex-danseur-étoile de l’Opéra de Paris, Stéphane Bullion et le metteur en scène de théâtre et d’opéra Robert Carsen. La voix off de la baronne et ancienne comédienne du Français, Philippine de Rothschild concluait avec ces simples mots : « Il faut oser rêver. » Pour nous tenir en haleine avant la remise des récompenses, nous avons eu droit, en primeur, au 3acte de Don Quichotte, dans la version créée par José Carlos Martínez en 2015 à Madrid, confiée par lui au Ballet bordelais avant sa nomination à la tête de celui de Paris. À la veille de la manifestation « Bordeaux fête le vin », l’invite à la danse s’est conclue par la dégustation, « avec modération », naturellement,  de crus de Pauillac.

Le Don Quichotte de José Carlos Martínez conserve la partition de Léon Minkus et, à quelques détails près, suit la structure chorégraphique de Marius Petipa, de son disciple Alexandre Gorski, de Rudolf Noureev et de Mikhaïl Baryshnikov qu’il a eu l’occasion de danser. Il a jugé « nécessaire de se rapprocher le plus possible de l’essence de la danse et de la culture espagnoles, étant donné que les versions antérieures avaient été créées par des étrangers ». Kitri redevient Quitéria, ainsi que l’avait prénommée Cervantes dans son roman picaresque ; la scène du suicide de Basile retrouve sa place dans les noces de celle-ci avec Gamache, conformément à l’original ; l’action se passe dans un village de la Manche, à aucun moment dans le port de Barcelone, comme chez les Russes. Le gala de danses de caractère du 3acte respecte les styles ibériques, « l’esthétique du boléro et la culture mozarabe ». Le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux illustre avec brio les partis pris de Martínez, enchaîne aisément danses d’ensemble, pas de six, pas de deux, variations féminine et masculine. Comme dans la version de Noureev, le chevalier conserve sa triste figure ; mélancolique, il ne participe pas aux réjouissances ; il y assiste, côté cour, en lieu et place du spectateur ; il quittera la fête et continuera à errer avec son fidèle écuyer.

La qualité technique et le niveau artistique de la troupe bordelaise résultent d’une cohésion obtenue après des années de travail sous la houlette d’Éric Quilleré. Maud Le Pladec a salué la prestation des danseurs sur scène ainsi que « la bienveillance et l’ambiance saine » qu’ils dégagent. Le concours est original dans la mesure où il met en valeur ces soldats de l’ombre, ces petites mains ou petits pieds du corps de ballet. Brigitte Lefèvre a obtenu que le jury, cette fois, suive les danseurs dans leur travail au studio, et assiste aux répétitions et ne se contente pas d’être là, comme Don Quichotte, pour assister au stade final du show. C’est selon elle en studio que se révèle la personnalité du danseur. Ou, ce qui revient au même, son métier.

Après Claire Teisseyre et Ashley Whittle (lauréatsdu Prix Clerc Milon 2016), Alice Leloup et Marc-Emmanuel Zanoli (les vainqueurs de 2018), Anna Guého et Ryota Hasegawa (les impétrants de 2021), deux talents d’origine sud-américaine du Ballet de l’Opéra national de Bordeaux ont été cette année distingués : Lucia Rios et Evandro Bossle. Bordeaux ne serait pas Bordeaux « sans son vin ni son opéra », avait prévenu Dimitri Boutleux. Leur diplôme en poche, Lucia Rios et Evandro Bossle repartiront avec chacun un magnum de nectar griffé de leur année de naissance. L’heure de Bacchus avait sonné.

Nicolas Villodre

Vu le 20 juin 2023 à l’Opéra national de Bordeaux.

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