Le festival Faits d’Hiver
25 ans, 16 créations, 25 compagnies, 56 représentations dans 18 lieux d’Île-de-France : faites vos jeux ! Encore une édition gagnante pour Faits d’Hiver.
Les faits sont têtus. Faits d’Hiver, le festival dirigé par Christophe Martin, ne l’est pas moins puisqu’il fête cette année son 25e anniversaire ! Pour autant, point de commémoration en vue, mais plutôt une remémoration, à savoir que Thomas Lebrun a été le compagnon de route incontournable de ce festival. C’est pourquoi Faits d’Hiver accueillera, non pas une sorte d’hommage au chorégraphe, mais sa création 2023 : L’envahissement de l’être (danser avec Duras), un solo intimiste. Rien d’étonnant, puisque ce festival francilien qui s’étend sur dix-huit lieux et quatre départements est résolument tourné vers la création avec seize nouveaux opus au compteur. Jean-Christophe Boclé ouvre donc le bal Partition(s) qui met en résonnance les processus de composition chorégraphique avec les Suites pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach. Bach de nouveau, mais en compagnie de Schubert pour ARPEGGIONE et CANTATES/2 de Louis Barreau.
Outre Bach, le festival fait la part belle à la musique, qu’il s’agisse de Scarbo de Ioannis Mandafounis, un solo de Manon Parent sur les partitions de Ravel et Debussy, ou de Jukebox, une pièce pour neuf danseurs de Serena Malacco où les spectateurs sont invités à choisir des musiques à partir d’une centaine de tubes qui déterminent les danses sur le plateau.
Toujours au chapitre créations, Johann Amselem dans C’est un signe évoque Alice au Pays des merveilles traduisant des extraits du conte en langue des signes et d’autres en un langage inventé, faisant comme un écho à Nulle part & partout de Myriam Gourfink, pour lequel un groupe hétérogène de 12 à 45 danseurs amateurs sera invité à réinvestir de façon poétique la gestuelle quotidienne de chacun comme une « sous-langue » tout à fait unique.
Erika Zueneli, avec Landfall se lance dans une pièce chorale pour dix interprètes, teintée d’humour et de poésie et Claude Brumachon et Benjamin Lamarche nous racontent quarante ans de danse contemporaine française à travers leur parcours de vie, de passion, de voyages, de mouvements dans Une passion dévoilée. Sylvère Lamotte poursuit le travail commencé avec Tout le fracas (également programmé dans ce festival) avec Danser la faille toujours avec Magali Saby, danseuse en situation de handicap, Lorena Dozio interroge l’invisible dans Comme un saut immobile, et Rebecca Journo semble lui répondre en se demandant si le mouvement peut rendre visible l’imperceptible dans Portrait.
Un anniversaire peut en cacher un autre, puisqu’Yvan Alexandre fête ses 30 ans de compagnie avec son duo Infinité. Marlène Rostaing se prend pour la Vierge dans Marie blues, tandis que Christine Armanger réinterroge un des plus grands récits de fin du monde : L’Apocalypse selon Saint Jean avec autant d’humour que de gravité dans Je vois, venant de la mer, une bête monte.
Mais il n’y a pas que les créations dans la vie comme dans les programmations ! On découvre dans cette édition des créatures ébouriffées que ce soit dans Les Arrières-mondes de la compagnie Mossoux-Bonté ou dans Onironauta de Tânia Carvalho. Il y a des rencontres qui ne se font pas comme dans ZAMAN contre sens toi de Yaïr Barelli.
Des projets participatifs comme le Loto 3000 du Collectif Es et des pièces pleines d’humour, comme Fiasco du même Collectif Es ou la pièce d’Ambra Senatore. Cette dernière, intitulée Col Tempo (avec le temps), réunit, dix ans après sa première pièce de groupe Passo, Caterina Basso, Claudia Catarzi et Matteo Ceccarlli, interprètes de l’époque, autour d’une danse généreuse et ouverte, un quatuor autour de l’être ensemble.
Un quatuor avec des anciens de leur compagnie c’est aussi le propos de BellÍsima vida con tristeza y felicidad de Claude Brumachon et Benjamin Lamarche avec Anna Maria Venegas et Teresa Alcaino, dont les corps rapportent ce que l’histoire de leur(s) danse(s) a gravé dans les muscles, sous la peau, dans les yeux, dans les membres et dans l’esprit qui rêve sans relâche.
Restent deux projets hors-norme, la création de Nadia Vadori-Gauthier au Musée d’Art moderne de Paris, Il nous faudra beaucoup d’amour. Et bien sûr, Blitz tapis rouge, la soirée de clôture confiée à La Bazooka, Apauline et Joana Schweizer.
Agnès Izrine
Festival Faits d’Hiver du 16 janvier au 18 février 2023.
Image de preview : Christine Armanger © Salim Santa Lucia
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