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Le Détachement féminin rouge

Le Détachement féminin rouge par le Ballet national de Chine

Œuvre phare et historique du Ballet national de Chine, Le Détachement féminin rouge qui vient d’être donné au Châtelet a conquis, une fois de plus, le public. Fidèle adaptation d’une pièce de Liang Xin publiée en 1958, et inspiré du film populaire éponyme de 1961, le ballet créé en 1964 exprime l’essence du patriotisme révolutionnaire de son époque.  Ballet culte, kitchissime au point qu’il pourrait même passer pour du « political pop art » (le réalisme socialiste remanié  par le pop art et revu et corrigé par les artistes chinois des années 1990), son succès doit tout autant à sa qualité artistique qu’à la technique du Ballet de Chine qui brille dans toute sa splendeurs pour cette pièce. Coïncidence, la première représentation de ce ballet au Théâtre du Châtelet à Paris tombait le 1er octobre, jour de la fête nationale chinoise.

L’histoire s’inspire d’un fait historique réel : un bataillon communiste composé de femmes s’est rendue célèbre pour avoir résisté vaillamment aux forces du Guomindang de Tchang Kaï-Chek dans l’île de Hainan dans les années 1930. (Lire aussi notre article : http://dansercanalhistorique.com/2013/10/01/lhistoire-du-detachement-feminin-rouge/)

Le ballet raconte l’histoire d’une jeune servante Wu Qionghua (Zhang Jian), battue et laissée pour morte dans la forêt par un méchant propriétaire terrien Nan Batian (Li Ke), sauvée par un commissaire du Peuple de l’Armée rouge, Hong Chagqing (Zhou Shaohui). « Engagez-vous, rengagez-vous » lui souffle-t-il dans l’oreille. Et la voilà qui rejoint le fameux détachement féminin rouge. Là, elle est accueillie par la Commandante (Li Jie) du détachement qui lui apprend le maniement des armes. Se succèdent scènes à l’arrière (Ah, le cours de politique maoiste !!) et attaques en commando. Qionghua fait d’ailleurs rater une opération infiltrée, aveuglée par sa soif de vengeance, mais tout s’arrange. Hong Changqing est tué au combat, Wu Qionghua est nommée Commissaire politique et tout le monde est heureux sur fond de drapeaux rouges, de faucilles et de marteaux  !

La musique « pompier » laisse même entendre quelques couplets de l’Internationale.

Tout cela paraît bien surréaliste, mais la narration hyperréaliste fonctionne à merveille. On se laisse prendre à ce ballet de propagande. Mais après tout, quand on regardait au 17e siècle  « La Prospérité des armes de France »  (un ballet signé du Cardinal de Richelieu) ou que l’on admirait  le roi « Soleil Levant » dans le ballet de la Nuit, ça n’en était pas moins idéologique !  Le temps a passé me direz-vous, certes. Reste qu’au-delà de l’effet propagande, Le Détachement à au moins le mérite de nous sortir de la ballerine évanescente et éthérée, Vierge, Wili, ou Cygne pour mettre en scène de vraies héroïnes. Ces femmes-là savent se battre et faire parler les armes et ne manquent pas de charme en short et molletières.

Le Détachement féminin rouge - Ballet national de Chine - Théâtre du Châtelet © Marie-Noëlle Robert - Théâtre du Châtelet

Mais le ballet doit d’abord sa séduction à la chorégraphie qui mélange avec bonheur la technique « danse classique chinoise », des pas de folklore revus et corrigés, de la danse classique occidentale maîtrisée, et des pas venus tout droit de l’Opéra de Pékin.

L’efficacité du bataillon féminin ne s’est donc pas démenti, avec ses ensembles tirés au cordeau, sa fougue toute militaire et sa flamme héroïque portées par les danseuses du Ballet de Chine. Les qualités de souplesse et d’agilité féline et silencieuse qui les desservaient dans Le Lac des cygnes (un dos trop flexible, des membres un peu trop élastiques, des pointes un peu brutes) font merveille dans ce ballet.

Agnès Izrine

Du 1er au 3 octobre 2013 -  Théâtre du Châtelet - Paris

Distribution du mardi 1er octobre 2013.

Le Détachement féminin rouge de Wang Xixian, par le Ballet National de Chine, au Théâtre du Châtelet. Avec Zhang Jian (Wu Qionghua), Zhou Zhaohui (Hong Changqing), Li Jie (Le Commandant), Wang Qi (Xiao'e), Wang Hao (Xiao Pang), Zhu Yan (Camarade en armes), Jiang Wei (Lao Si), Li Ke (Nan Batian) et Xu Yan (Chef de danse des filles de la communauté Yi).

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