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« Le Battement d’un cœur – Talm ur galon » de Startijenn

Considéré comme le groupe « transe » de la musique bretonne, Startijenn, ensemble populaire, comme les bals du même métal, mais néanmoins « expérimental », au répertoire vernaculaire et universel, aux rythmes dansants et aux compositions à écouter, publie son septième album qui a pour titre Talm ur galon, autrement dit, Le Battement d’un cœur. Startijenn est formé de cinq musiciens, pour la plupart multiinstrumentistes : Youenn Roué (bombarde et voix), Lionel Le Page (binioù et uilleann-pipes), Tangi Le Gall-Carré (accordéon), Tangi Oillo (guitare), Julien Stévenin (basse) auquel s’est joint sur cinq compositions le batteur Jean-Marie Nivaigne.

La chanson-titre du CD dont la sortie est annoncée pour le 8 avril 2022, inaugure la dizaine de titres de différente durée (de trois minutes et quelques à sept, à une seconde près), pour la plupart instrumentaux. L’entame est tout ce qu’il y a de plus allègre, par conséquent et en principe, tout ce qu’il y a de supposément dansant. Faut-il rappeler que Startijenn signifie en langue bretonne « énergie » ? Cependant, le disque contient nombre de ballades, dans le sens non plus de pièces vocales ou instrumentales destinées à être dansées mais de morceaux lents, pour ne pas dire de « slows ». « Talm ur galon » se présente sous forme canonique. Un thème simple de basse et de base (sol-sol-sol-la-la-la-sib-sib-sib- sib-sib-sib-la-la-la- sol-sol-sol) est repris puis rehaussé par une série d’instruments, pour le moment acoustiques (ceux, électriques et électroniques orneront certains thèmes par la suite). D’abord un accordéon diatonique, ensuite bombarde, biniou, tambour ou tambourin… jusqu’au silence ou presque, des frappes de grosse caisse simulant alors le rythme cardiaque, la voix du chanteur entrant en jeu, débitée de manière saccadée, le temps d’interpréter un bref poème avant le comebackorchestral final. Le ton est de cette sorte donné, le décor planté, l’atmosphère précisée. 

Traduits en hexagonal, les derniers vers de l’aubade : « Pierres et béton fissurés et fendus laissent passer / Le bruit d’une résonance, le bruit d’une résonance / Le battement d’un cœur, le battement d’un cœur. » Notes graves (à la basse électrique), accords du piano du pauvre, frappes de tom médium et, à l’occasion, de cymbales, biniou développent la jolie rengaine qui suit et qui a pour titre Skeulenn richter. Skeuden voulant dire, littéralement, gamme (dans son acception musicale), on peut penser que l’autre sens du titre est « échelle de Richter », qui justifie l’allusion sismique du premier chant. La répétitivité de ces quelques notes incitent en tout cas à la danse. Il n’en est pas de même du morceau suivant, Mojenn Alan Torrboc’h, plus lent, nostalgique, « tragique », d’après la note d’intention, à mettre en relation avec la « tradition des gwerz » – des complaintes celtiques. 

Cette référence aux mélopées du passé est renforcée par l’usage de la gamme pentatonique qui dépayse, délocalise, se tourne vers des temps immémoriaux ou anhistoriques. La celtitude étant la seule certitude, du point de vue géographique, le thème étant joué à la guitare, dans le style « folk », et à l’uillean-pipes, une petite cornemuse d’origine irlandaise. Skilfoù an noz (Les griffes de la nuit) expose et développe ad lib un thème puis un texte débité façon rap où il est question encore de forces telluriques et « de faire trembler le sol avec un Plin ». La danse Plinn étant, d’après ce qui nous est par ailleurs dit, originaire des Côtes d’Armor et autrefois utilisée « pour damer le sol en terre battue des nouvelles maisons en y associant les voisins lors d’une fête ». L’ethnologue Jean-Michel Guilcher, qui a estimé que le branle est la « forme fondamentale de la danse, forme d’une haute antiquité, commune à tous les temps, commune à des peuples divers, longtemps commune en France à tous les milieux sociaux », distingue, parmi ses fonctions principales – cérémonielle, magique, religieuse –, celle, utilitaire, qui fait appel à la solidarité du groupe. Mais en Bretagne, la magie n’est jamais bien loin, ce que souligne le dernier vers du poème chanté de Startijenn :  « Nous serons ceux qui pousseront l’Ankou [l’ouvrier de la Mort] jusqu’aux portes de l’enfer ».

Backpaker est un instrumental plus traditionnel, au tempo vif, pulsé par la présence de la batterie. Startijenn alterne temps forts et faibles, de sorte que Dor an Ifern (Porte de l’Enfer) revient à la ballade et fait place à un plaisant solo de basse électrique. Plus virevoltant, et donc dansant, est le morceau suivant, Lady L, d’esprit jazz-rock, reprise d’un hit du groupe Shakti de John McLaughlin, sans doute un hommage à sa muse, la pianiste classique Katia Labèque. Typhaine est de nouveau une danse, cette fois, une valse pouvant faire penser à l’univers du film rétro Amélie Poulain et à ses comptines signées Yann Tiersen. Danvez Tarzh (Matière explosive) reprend une « danse de couple du pays vannetais le kas a-Barh ».Enfin, Skilfoù an noz, version « radio edit », enfonce, s’il le fallait, le clou !

Nicolas Villodre

CDTalm ur galon, sortie le 8 avril 2022
http ://www.startijenn.bzh

Tournée 2022 : 20 mai Amzer Nevez - Ploemeur 56 - 21 mai l’Ermitage - Paris 75020  : Mars : 12 Saint-Brieuc - Avril : 2 Pédernec - 16 Glomel- Mai : 7 Cleguerec - 14 Perros-Guirec- Juin : 5 Le Haut-Corlay - 26 Villebon-sur-Yvette- Juillet : 12 Saint-Yvi -10 Pont L’Abbé festival des Brodeuses - 13 Trébeurden - 20 Tréguier - 20 au 24 Festival de Cornouaille Quimper - 29 Pont-Croix- Août : 7 Plouarzel - 8 Festival Interceltique - Lorient - 11 Plougonvelin -15 Arzal - 20 St-Nicolas-du-Tertre 

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