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« La Montagne » du Collectif Bonheur Intérieur Brut

A priori, les six n'ont que quatre mètres à grimper. Mais la piste noire est glissante et inclinée à 37°. Ce qui les attend au bout n'est pas un sommet, mais un symbole. Sa conquête relève de l'exploit physique et mental. A force de s'y essayer par tous les moyens, ils comprennent très vite qu'on s'en sort plus facilement à plusieurs. L'entraide est indispensable.

Entre ciel et terre, sur une pente raide, aucune stabilité ne peut exister. Les corps doivent lutter, les équilibres sont quasiment impossibles et toute ascension se solde par une nouvelle glissade vers le bas.

Ce qui nous emplit d'empathie est donc d'observer comment les six Sisyphe abordent l'escalade et amortissent la chute, comment leurs personnalités se révèlent à travers la lutte contre la gravité. On grimpe et on glisse, on dégringole et on remonte.

À mi-chemin entre horizontalité et verticalité, les corps doivent ici faire appel à l'acrobatie, aux arts du geste et au jeu d'acteur. Ils bénéficient par ailleurs d'une collaboration chorégraphique de Kaori Ito, elle-même habituée à naviguer entre danse, travail gestuel et arts du cirque.

Galerie photo : Thomas Hahn

Ce travail sur une surface inclinée ne manque pas de nous rappeler le fameux Plan B d'Aurélien Bory et Phil Soltanoff. Mais La Montagne passe par des sentiers plus âpres, sans aborder la glisse comme un phénomène chorégraphique fluide et léger. Jamais la mise en scène de Jack Souvant et la chorégraphie de Kaori Ito ne cherchent à produire une illusion d'apesanteur. La lutte est âpre, l’effort n'est pas caché. Au contraire, il est au cœur même du propos.

Galerie photo : Thomas Hahn

Pour refléter la dimension humaine à laquelle se réfère La Montagne, une chanson de Jacques Brel : La Quête. Les paroles s'écrivent à la craie, sur la surface noire, reflet des zones sombres de l'âme humaine qu'il faut surmonter pour pouvoir se regarder en face et rebondir: « …et puis lutter toujours sans question ni repos /.../ je ne sais si je serai ce héros... »

Galerie photo : Thomas Hahn

Rêver un impossible rêve... La Montagne amène une poésie symbolique au cœur de la cité, à un endroit artistique qui se situe précisément là où un festival comme Mimos prend tout son sens. Il y a des pièces comme celle-ci du Collectif Bonheur Intérieur Brut qui s'expriment par le corps, mais dans des situations et des espaces concrets et matériels, pour atteindre une dimension symbolique. Et La Montagne est au moins ceci: une rencontre au sommet entre un mode d'expression et une intention artistique en adéquation avec notre temps.

Thomas Hahn

La Montagne

Conception et mise en scène : Jack Souvant
Scénographie : Éric Soyer
Chorégraphie : Kaori Ito
Composition musicale et piano : Benjamin Moussay
Costumes : Adélaïde Gosselin
Structure bois : Dominique Lion
Interprétation : Frank Baruk, Rémi Boissy, Aurélie Galibourg, Gilles Guelblum, Nicolas Turicchia, Isabelle Rivoal

http://collectifbib.org/

www.mimos

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