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La 2e édition du Villette Street Festival

Avec le Street Festival, La Villette tente de retrouver l’esprit d’effervescence des premières éditions de Rencontres urbaines des années 1990.

Il est à parier que même ceux qui sillonnent régulièrement les champs des arts urbains feront de nouvelles découvertes au Villette Street Festival. L’édition 2015, la deuxième de ce nouveau rendez-vous, fait la part belle à la danse. Aux danses, faudrait-il dire, car toutes les approches du hip hop, et bien sûr le krump, le voguing et autres waacking ou shamallow sont appelées à s’y rencontrer :

Entre La Villette et la danse hip hop, c’est une vieille histoire. Il y a trente ans, la danse hip hop arriva en France. Il y a vingt ans, Philippe Mourrat créa à La Villette les Rencontres de danses urbaines, dans une ambiance d’ouverture, d’effervescence et de liberté d’échanger. Mais au fil du temps, le rendez-vous se transforma graduellement et devint un festival de plus en plus policé. Mais le hip hop n’a jamais cessé de s’enrichir, de se ramifier et de nouvelles danses et pratiques urbaines ont vu le jour.

Recréer aujourd’hui un festival des arts urbains à La Villette, c’est rebondir sur la nouvelle mixité qui a gagné ce pan de la vie artistique, c’est parier sur la capacité des arts urbains à créer le dialogue, c’est renouer avec l’esprit d’origine, festif et ouvert, comme pour un nouveau départ. Aussi, le Street Festival 2015 redonne au mot même son sens festif. Pendant deux semaines, la danse sera en contact direct avec street art, musique, mode, sports urbains et autres street-fishing et on pourra passer sa journée en naviguant entre ateliers, expositions, performances, battles et spectacles.

L’une des différences avec les débuts à La Villette, il y a vingt ans, est par ailleurs que les compagnies féminines occupent, très naturellement, une part non négligeable de l’affiche et que la rencontre entre l’homme et la femme est devenu un sujet naturel. Aucun des spectacles phares de Street Festival ne vire à la démonstration de force masculine. Au contraire, on y verre, plus que jamais, des formations féminines, comme les Swaggers ou la troupe Paradox-Sal, chorégraphiée par ousmane Sy aka Babson. :

Pas moins de deux quatuors féminins sont au programme, dont Philosophie des formes symboliques, une création de Hakim Hachouche sur des musiques rock, blues et country. Et on retrouve, avec le plus grand bonheur, Autarcie d’Anne Nguyen, pièce pour quatre danseuses en bleu de travail qui interprètent une mécanique extrêmement huilée, combinant à merveille pureté et sensualité. Car personne en hip hop ne pense l’art du  geste comme Nguyen.  Autarcie est à la danse break ou au popping ce que les recherches d’un Merce Cunningham ou d’une Lucinda Childs ont pu signifier pour la danse contemporaine : Un regard extrêmement lucide sur le mouvement et la composition chorégraphique, le tout dans une abstraction débordante de musicalité, de dynamisme et de joie :

On ne présente plus Honji Wang et Sébastien Ramirez, couple de chorégraphes dont on a pu admirer l’esprit novateur au Théâtre des Abbesses, avec Borderline, ou encore Felahikum à Chaillot. Ici, ils reprennent le duo qui les a révélés, ce Monchichi qui combine poésie dansée et autodérision. Leur histoire de couple se confond avec la rencontre entre hip hop et théâtre de danse. Honji, Coréenne ayant grandi à Berlin et Sébastien, fils de Perpignan et de parents espagnols, vivent aujourd’hui entre Berlin et la France. La danse leur permet d'oublier comment deux cultures se tiraillent viscéralement en chacun d'eux. Par le hip hop ils construisent  des ponts entre eux-mêmes, entre leurs univers chorégraphiques, entre l’Europe e l’Asie. Ca passe par le corps, par des gags, par l’ironie des dialogues en quatre langues, par un savoir-faire d’une énorme délicatesse. Ce Tanztheater 2.0 reflète la réalité urbaine d’aujourd’hui, avec la rencontre des cultures comme réalité vécue. Et en plus, ça détend…

Le krump

Il faut peut-être passer par le krump pour retrouver les salles en délire comme il y a vingt ans pour les crews de breakdace – à condition de remonter aux origines du krump même, avec Tight Eyez, le pionnier de Los Angeles,  pour lequel le mot de krumpographer a été inventé. Il sera là avec sa troupe, Street Kingdom, ici en train d’enflammer un show de TV américain :

Le krump pourrait bien être la dernière danse à incarner révolte et insurrection. Tendu à l’extrême, le corps ne libère son énergie que dans une charge explosive. Certains parlent du krump comme d’une danse proche de la transe.  Avec la venue de Malgven Gerbes et David Brandstätter, qui abordent le krump par un documentaire dansé. Dans Krump’N’Break Release , on verra toute la différence entre l’approche européenne et celle de L.A. pour mettre en scène et chorégraphier une danse  qui confirme la violence contenue dans les gestes. Ce sont deux manières d’aller vers une vérité personnelle et sociale. A vérifier lors du battle final et international, The Illest Battle, sous le regard de Tight Eyez et du collectif Madrootz. C’est parti :

Thomas Hahn

Villette Street Festival, du 4 au 20 mai 2015

http://lavillette.com/evenement/villette-street-festival-2015/

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