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« L’Imaginarium » de Yan Giraldou

Encadrés par leurs instituteurs, les petits bouts de chou de 5 ans entrent calmement dans le grand studio qui se situe tout en haut du Pavillon Noir et s’installent entre les lignes dessinées au sol.
Au milieu, sur un tapis blanc, trône une sorte de tente de 5m2 totalement recouverte d’un long voile clair. Alors qu’une faible lumière éclaire cet étrange objet, une voix, bien que peu audible, raconte une histoire dont les mots plus perceptibles tels que princesse, lune, royaume, chevalier, univers… interpellent le spectateur.

Au sein de la tente on perçoit la présence de Yan Giraldou qui ôte ce voile, le roule en boule et fait découvrir de nombreux objets hétéroclites. S’ensuit une chorégraphie très liée sur des musiques variées de Beethoven, Mùm et Arvo Pärt. Tout en dansant, l’interprète gère toute la scénographie de sa pièce. Il tire des fils, appuie sur quelques boutons, met en route le fumigène et provoque ainsi une pléiade de situations surréalistes grâce à ses superbes jeux de lumières. Des conversations enregistrées par la Nasa complètent ce tableau onirique qui engendre une foule d’idées à la fois poétiques et réjouissantes.


Les enfants ne sont pas dupes et font ressentir leur plaisir par des oh ! des rires et des applaudissements. Il faut avouer qu’ils ont été préparés auparavant au sein de leur établissement scolaire par un dossier très complet qui leur a permis d’entrevoir quel sera le spectacle proposé. Avec pour source de travail Les Labos de l’Imaginarium, cette base d’inspiration indique les pistes de la création.
En peinture, René Magritte et le tableau de la tête de l’homme cachée par une pomme nommé La Grande Guerre, met en avant l’aspect ludique d’une œuvre. En cinéma, c’est Le Voyage dans la lune de Georges Mélies qui permet au jeune public de comprendre les raisons des voix de la Nasa ainsi que la présence d’un mini parapluie vert vif placé en haut de la tente et qui sert donc d’antenne en liaison avec les hommes qui marchent sur la lune. Pour l’onirisme d’objets inertes, Yan a pensé aux Frères Quay dont il s’est inspiré pour la partie technique de l’Imaginarium. Enfin en musique on leur a fait écouter Debussy, Chopin, Beethoven et Arvo Pärt afin non seulement de les initier à la musique classique, mais aussi de faire naître aux enfants des images et sensations les yeux fermés afin de plonger dans le royaume du rêve.

"L’Imaginarium" - Yan Giraldou © Jean-Claude Carbonne

Quant à la danse, elle fait partie intégrante de l’œuvre et se dessine par le biais d’une écriture chorégraphique toute en douceur entremêlant déséquilibres, sauts, chutes et grands mouvements du corps.
Car à la base, Yan Giraldou est un formidable interprète qui de « N » en 2004 à Empty moves (parts I, II & III) en 2014, a été l’un des visages du Ballet Preljocaj. Depuis, en conducteur habile de sa compagnie La Locomotive créée avec Amélie Port, il poursuit sa route d’interprète auprès de Blanca Li, Stéphanie Aubin, Hervé Chaussard, Angelin Preljocaj.

Avec son imaginaire très personnel allié à son talent de pédagogue Yan convoque dans ce solo une multitude de personnages pour une ravissante et étrange histoire qui se déroule entre ciel et terre.
Mais le spectacle ne se termine pas là étant donné qu’il a été distribué  à tout le public, petits et grands, une feuille qui se plie au format d’enveloppe, afin que chacun y dessine son interprétation de la pièce et l’adresse à la compagnie afin que les résultats soient tous exposés sur un blog.

Sophie Lesort

L’Imaginarium de et avec Yan Giraldou
Spectacle vu au Pavillon Noir d’Aix-en-Provence

 

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