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June Events/interview: Tomeo Vergés

Le Festival June Events verra la création mondiale du triptyque Incisions de Tomeo Vergés.

Danser Canal Historique: Votre travail sur le geste et le rythme prend appui sur les recherches du cinéaste expérimental autrichien Martin Arnold. De quelle manière vous inspire-t-il ?

Tomeo Vergés: Arnold a récupéré des séquences de films pour en réaliser d'autres par un jeu de décomposition de l'image, de répétition et de boucles. Avec l'équipe de notre compagnie, ManDrake, nous avons expérimenté cette décomposition du mouvement et j'ai trouvé le résultat très intéressant. Bien sûr, notre démarche n'est pas exactement la même. Nous introduisons des différences dans les allers-retours. Et on part de quelque chose de concret, ce qui constitue le contexte théâtral de chaque pièce.

DCH: Quelles sont les différences entre les trois pièces constituant le triptyque Incisions ?

Tomeo Vergés: Les trois prennent pour prétexte une histoire familiale. Dans Anatomia publica, nous avons travaillé au plus près de la méthode d'Arnold. C'est un trio, un vaudeville expérimental. Troubles du rythme est écrit pour un duo qui vit une scène de ménage expérimentale. Nous travaillons sur l'accélération, le ralenti, le retour en arrière et aussi sur le souffle, autrement dit sur la pré-parole, la naissance de la parole. Syndrome amnésique avec fabulations, la création de cette année, est une pièce pour quatre interprètes. Elle joue sur le dédoublement d'un duo, pris comme un rêve récurrent, presque toujours le même mais pas tout à fait identique. Les interprètes changent de personnage, comme dans un rêve où tous sont une même personne.

DCH: Arnold entend révéler le non-dit, ou son éventualité, derrière des gestes apparemment anodins. On touche à quelque chose de plus ou moins monstrueux. Vous travaillez sur la même ligne ?

Tomeo Vergés: En effet. Avec les innombrables stops, on rentre dans une sorte de cinéma fantasmagorique. Chaque geste est composé de multiples arrêts. Dans une scène de ménage ça nous révèle des choses monstrueuses, une cruauté et une animalité qui ne sont pas visibles à la vitesse normale.

DCH: Chez Arnold, le travail sur le son participe de la révélation au même titre que l'image. Comment l'avez-vous travaillé ?

Tomeo Vergés: Dans Anatomia publica, nous sommes là aussi très proches de Martin Arnold. Le son évoque une machine. C'est hypnotique, une sorte de transe. Les personnages sont pris dans cette machinerie. Dans Troubles du rythme, Sandrine Maisonneuve et Alvaro Morell portent des micros et font un travail sur le souffle. À un moment donné, tous les meubles sont également sonorisés. Ça crée un monde fantastique qui va complètement bouleverser la scène de ménage en cours.

DCH: Arnold souligne que le cinéma n'est pas né avec la narration, mais avec des formes expérimentales comme celles des Frères Lumière. Vous semblez à votre façon poser la question de savoir ce qui constitue une pièce de danse.

Tomeo Vergés: Je me demande surtout ce qu'est une pièce, au-delà des frontières entre les genres. Nous jouons autant dans des festivals de danse que de théâtre gestuel ou de théâtre. Je ne conçois pas un acteur de théâtre sans une dimension corporelle. Et beaucoup de festivals de théâtre sont intéressés par notre travail.

 

DCH: On dit que l'ensemble des éléments va au-delà du résultat d'une simple addition. Est-ce vrai aussi pour votre trilogie ?

Tomeo Vergés: Je vais le découvrir, puisque nous présentons pour la première fois les trois spectacles.  Mais j'ai l'impression, par les retours des interprètes, que le fait de voir trois approches différentes de la répétition et de la décomposition du mouvement peut effectivement apporter un plus enrichissant. Inversement, il s'agit d'un sacré défi pour les interprètes!

Propos recueillis par Thomas Hahn

« Incisons »

Première mondiale au festival June Events, mardi 16 juin 2015 à partir de 19h

http://atelierdeparis.org/fr/tomeo-verges/incisions-triptyque

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