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José Martinez : Pour une « évolution tranquille et sereine »

Nous avons rencontré le nouveau Directeur de la danse à l’Opéra National de Paris, qui nous livre ses sentiments et ses visions, face à l’immense tâche qui l’attend.

Danser Canal Historique : Parlons du moment où vous avez appris votre nomination. Où étiez-vous et que faisiez-vous ?

José Martinez : Quand j’ai appris la nouvelle, j’étais en Estonie, en train de monter mon ballet Le Corsaire. La première a eu lieu le 2 décembre et c’est pourquoi j’ai pris mes fonctions à Paris seulement le 5 décembre. Je suis venu directement d’Estonie, le lendemain de la première. J’ai posé ma valise chez des amis et maintenant il me faut trouver un appartement ! Pour l’instant je dors toujours chez eux et je vis pratiquement à l’Opéra. En plus je dois amener mes affaires personnelles d’Espagne. C’est original comme façon de s’installer à Paris, mais j’étais pris de tous les côtés et tout s’est passé tellement vite qu’il était impossible de faire autrement. S’y ajoute que je suis arrivé à un moment où il y avait des spectacles pratiquement tous les soirs et voir les danseurs sur scène est aussi un moyen de faire connaissance avec eux. Je les regarde depuis la salle, mais parfois aussi en restant dans les coulisses, pour les voir de plus près.

DCH : Votre nomination était-elle vraiment une telle surprise ?

José Martinez : Bien sûr, quand Aurélie Dupont a démissionné, j’ai bien vu qu’il y avait là une opportunité et j’ai effectivement élaboré un projet et présenté ma candidature. C’était au mois d’août. J’avais quand même beaucoup hésité à me présenter parce que je travaillais comme chorégraphe indépendant depuis trois ans et franchement, cette vie où on se concentre sur la part artistique et se trouve dans le studio avec les danseurs me convenait bien. Mais je me suis dit que je connaissais très bien cette maison et que je pouvais y apporter mon expérience. Mes entretiens se passaient très bien. Il n’y a donc pas eu surprise totale et je me projetais bien dans ce rôle. Honnêtement, je m’y attendais un peu. En même temps, je ne voulais pas trop y croire, et avant, je ne l’aurais jamais imaginé. C’est pourquoi au moment de ma nomination, j’ai été frappé par la sensation d’un grand défi et bien sûr d’une énorme responsabilité.

DCH : Avant votre nomination, quels étaient vos projets pour l’année 2023 ?

José Martinez : Mon ballet Giselle  que j’ai monté à Zagreb en 2021 va être donné à Ljubljana, en Slovénie. En mars, Le Corsaire va être monté à Palerme. Ce sont des transmissions qui vont être assurées par des répétiteurs. Je vais aussi aller à Bordeaux, en juin, pendant quelques jours, où des répétiteurs vont monter mon Don Quichotte  et en octobre Le Corsaire  va être monté à Stockholm, au Royal Swedish Ballet. Je devais être présent partout, mais il a fallu organiser ce travail autrement. Ma vie a complètement changé !

DCH : Et vous renoncez à créer de nouvelles chorégraphies…

José Martinez : … puisqu’être directeur de la danse à l’Opéra de Paris n’est pas un travail à temps partiel ! Il faut que je sois là pour les danseurs, que je sois dans les studios et aux spectacles. Il faut suivre la carrière de chaque interprète et il y en a tout de même 154 ! Je dois encadrer et gérer l’organisation du service et la planification du Ballet, m’occuper de la programmation, du mécénat … J’ai commencé à rencontrer les danseurs : je leur propose à tous un entretien individuel pour bien connaître leurs parcours et leurs attentes. Je pense que j’aurai besoin d’au moins 2 mois pour voir tout le monde !

DCH : A partir de votre prise de fonctions, quelles ont été vos premières décisions, mesures ou initiatives ?

José Martinez : Je n’en ai pas encore pris beaucoup, et même quand je suis venu voir le concours de promotion interne, je n’ai pas participé au vote. Je pense en effet qu’il me faut d’abord observer et écouter les contraintes et préoccupations de chacun et voir comment les choses fonctionnent actuellement. J’ai par ailleurs construit mon projet sur l’idée d’une « évolution tranquille et sereine ». Pour y arriver, la première chose à faire est de rétablir la confiance entre les danseurs et la direction de la Danse. Pour ce faire, il me faut commencer par une vraie radiographie en faisant un travail de fond, avant de prendre des décisions sur la future saison. Et comme la journée n’a que 24 heures, créer des chorégraphies m’éloignerait trop de mes fonctions de directeur.

DCH : Vous avez dirigé la Compañia Nacional de Danza (CND) à Madrid de 2011 à 2019, ce qui était la durée maximale autorisée et avez insufflé à ce ballet un esprit nouveau qui vous a valu une reconnaissance internationale. Quelles sont les différences entre les deux institutions, au-delà de la grandeur d’échelle ?

José Martinez : Quand je suis arrivé à Madrid, la CND était une compagnie contemporaine dont il fallait changer l’identité. A l’Opéra de Paris, l’identité est au contraire très marquée et il s’agit d’amener la compagnie vers l’avenir. Nous avons des danseurs polyvalents qui sont à l’aise dans beaucoup de registres, du ballet classique jusqu’à l’avant-garde, et cela continuera, les enjeux artistiques ne sont donc pas les mêmes. Au niveau de la gestion, la CND est une compagnie de cinquante danseurs, mais sans lieu de représentation et donc totalement itinérante. A l’Opéra de Paris, nous avons deux théâtres et une équipe de trente-huit personnes pour la gestion. A Madrid, il y avait cinq personnes pour le management.

DCH : Quelles sont les différences entre les danseurs avec lesquels vous avez travaillé à Madrid et ceux de l’Opéra de Paris ?

José Martinez : A Madrid, tous les danseurs avaient des contrats d’un an. Ils partaient, ils revenaient… Et ils venaient de différentes écoles. A Paris, 80% des danseurs de la compagnie sortent de l’Ecole de danse de l’Opéra et ils restent toute leur carrière dans la compagnie. Il est important de les accompagner dès leurs débuts comme au moment où ils sont au plus fort de leur carrière en leur lançant des défis et en leur offrant des saisons qui les motivent et les enrichissent.
A la fin, il faut aussi les accompagner vers leur reconversion. Je n’avais pas à faire ce travail à Madrid et c’est là une différence fondamentale. La collaboration avec l’Ecole de danse de l’Opéra et donc avec sa directrice, Elisabeth Platel, est également essentielle pour que les élèves deviennent des danseurs professionnels adaptés à la compagnie.

DCH : Justement, puisque vous êtes maintenant en train de faire connaissance avec les danseurs, constatez-vous des différences entre eux et votre génération d’interprètes ?

José Martinez : Je constate des changements dans la façon dont les danseurs abordent leurs carrières. Quand je dansais à l’Opéra, notre priorité était de danser le maximum et de faire autant de rôles que possible. Aujourd‘hui ils ont conscience que leur carrière ne dure qu’un temps, ils ont le souci d’accorder davantage de temps à leur vie privée ou encore ils ont envie de participer à des projets extérieurs à l’Opéra. Et ils sont déjà en train de construire leur avenir. Tout ça reflète l’évolution de notre société. Ils construisent leurs propres projets et il faut donc maintenant arriver à les intéresser avec une programmation stimulante pour eux et qui leur permette de s’épanouir artistiquement au sein de l’Opéra. A Madrid, avec les contrats d’un an, si ça ne marchait pas, ils partaient.

DCH : Pendant votre direction à Madrid, avez-vous tout de même suivi les événements à l’Opéra de Paris, qui traversait notamment l’épisode Millepied qui a remué beaucoup de choses ?

José Martinez : Quand Benjamin Millepied était directeur, je suis encore venu, pour les représentations de mon ballet Les Enfants du paradis. Après, je venais parfois voir des spectacles, mais sans connaître personnellement les danseurs. Il a introduit beaucoup de choses positives comme le pôle santé pour les danseurs, les nouveaux planchers, les coups de pouce aux jeunes chorégraphes et une planification plus fine. Il avait de très bonnes idées, mais a juste voulu introduire trop de changements trop vite, ce qui a conduit à un décalage. J’ai l’avantage de bien connaître la maison de l’intérieur, en tant que danseur comme en tant que chorégraphe, et je sais donc qu’il faut y aller doucement. C’est une question de rythme.

DCH : Quelle est donc votre vision pour l’Opéra de Paris concernant la programmation et le fameux équilibre entre l’héritage et la création ?

José Martinez : Depuis la création du GRCOP dans les années 1980 et l’ouverture sur la danse contemporaine introduite par Brigitte Lefèvre – c’est là où j’ai connu Jean-Claude Gallotta, que j’ai travaillé avec Mats Ek, Pina Bausch et avec William Forsythe dans des œuvres un peu expérimentales – cette ouverture a toujours continué et au résultat, l’ADN de la compagnie a changé. Entre la danse classique et la danse contemporaine il s’est creusé une différence qui, il y a vingt-cinq ans, n’existait pas encore de façon aussi clivante. C’est pourquoi sur la même période il s’est créé un fossé entre la période classique et contemporaine. Aujourd’hui on manque de lien entre les deux univers, même à l’Opéra de Paris. C’est pour ça que je parlais dans mon projet de faire évoluer la danse académique et faire aussi de nouvelles créations en chausson de pointe et avec le vocabulaire académique. Cela se fait dans le reste du monde, mais ces dernières années on ne l’a pas vu à l’Opéra de Paris.

DCH : Il est vrai qu’on peut parfois se demander pourquoi on viendrait à l’Opéra de Paris pour voir des œuvres ou des styles qu’on peut aussi voir ailleurs. Derrière ces choix se cachent bien sûr les questions autour du public pour lequel on travaille et donc des contraintes économiques fortes.

José Martinez : Il faut qu’il y ait des créations qui soient faites pour le Ballet de l’Opéra de Paris et qui lui donnent quelque chose de particulier, même si les chorégraphes invités travaillent aussi avec d’autres compagnies. Heureusement, la compagnie se porte aujourd’hui très bien par rapport à son public, avec un taux de remplissage d’environ 98%. Seules les créations contemporaines pointues trouvent un accueil plus réservé. Mais il est vrai qu’avec les périodes de grèves et de Covid-19, la maison a perdu beaucoup de revenus et c’est pour cette raison que la question du remplissage des salles est primordiale. En plus, on ne peut pas augmenter le nombre de représentations pour augmenter les revenus. On pourra peut-être, avec une meilleure planification ou des scénographies plus légères et plus rapides à monter, faire des économies côté créations. Et pourquoi pas mutualiser une production de costumes ou de décors avec d’autres maisons, même à l’international ? En ce sens, le Directeur de la danse se doit aujourd’hui d’être aussi un gestionnaire.

DCH : Le Directeur général vous a-t-il donc recommandé ou même imposé certains choix ? Sur quoi ont porté vos discussions avec Alexander Neef ?

José Martinez : Par rapport au projet artistique, Alexander Neef me laisse une totale liberté. Il faut dire que nos visions se ressemblaient assez quand nous les avons évoquées lors de nos entretiens. C’est une grande chance de pouvoir travailler avec quelqu’un qui est à l’écoute et qui veut aller dans le même sens. Il tient comme moi autant à la création qu’au respect de la tradition, tout en lui donnant un nouveau souffle. Nous souhaitons tous les deux introduire une plus grande variété dans les œuvres contemporaines au répertoire de l’Opéra. Et nous avons aussi beaucoup parlé de la gestion des danseurs, qui relève d’un vrai besoin de leur part. Ils ont besoin que quelqu’un soit là pour eux, qui puisse les conseiller et les guider.

DCH : Quels besoins spécifiques avez-vous identifié chez les danseurs ?

José Martinez : Je pense qu’ils ont surtout besoin de beaucoup danser, d’avoir des chorégraphes qui les motivent et leur lancent des défis et d’avoir de belles reprises de ballets classiques. A mon arrivée à l’Opéra comme directeur, on m’a dit : Tu vas voir, la compagnie est divisée en deux, il y a d’un côté les contemporains qui ne font que ça et de l’autre côté, les classiques. C’est comme s’il y avait deux compagnies. Et puis, lors de mes entretiens certains danseurs qui dansent plutôt du contemporain m’ont dit qu’ils aimeraient bien aussi faire du classique, et vice versa. Le problème pour eux est souvent qu’ils ne sont pas libres pour aller aux auditions. Donc la question de l’équilibre pour chacun passe aussi par la planification pour que les danseurs polyvalents puissent passer d’un projet à l’autre sans problème. Ce qu’ils veulent, c’est danser le plus possible et des choses qui les passionnent.  

DCH : Alors, comment pensez-vous faire pour qu’ils puissent danser plus ?

José Martinez : Comme il faut déjà assurer les créations, les répétitions et entre 180 et 190 représentations par an, le « plus » se situerait plutôt dans la variété. Nous avons entre dix et douze programmes par an, donc il y a de quoi reprendre chaque année de grands ballets classiques. Ensuite il est important d’aller vers tous les chorégraphes qui ont fait l’identité de l’Opéra de Paris. Je pense non seulement à Noureev, qui a été le dernier des grands chorégraphes à diriger cette compagnie et dont on parle beaucoup, mais aussi à Serge Lifar, à Balanchine et aux Ballets russes qui sont aussi au répertoire . En même temps il est important de continuer à programmer les classiques de la danse contemporaine qui ont été créés à l’Opéra ou ailleurs. C’est la transmission du répertoire. Côté création, je m’intéresse beaucoup aux chorégraphes qui font évoluer la danse académique et le chausson à pointe. Et ce ne sont pas les propositions qui manquent. J’en reçois même tellement qu’il faut garder la tête froide.

DCH : Vous semblez vouloir développer un projet d’échange ou de collaboration avec William Forsythe ?

José Martinez : Pas exactement, mais je suis en train de voir avec lui comment on pourra, sur plusieurs saisons, mettre en place une série de spectacles. Ce n’est pas encore établi, mais je serais heureux qu’il revienne régulièrement. Je sais qu’il aime beaucoup la maison et en plus il est possible de travailler avec des répétiteurs pour des transmissions, et il pourrait intervenir vers la fin du processus. Je pense qu’il est intéressant autant pour un chorégraphe que pour une compagnie d’avoir une relation suivie, un peu comme avec un artiste associé parce que cette relation à long terme permet d’approfondir le travail de la compagnie et les recherches du chorégraphe. Mais je suis aussi en contact, pour un avenir proche, avec Mats Ek avec lequel j’ai beaucoup travaillé. Nous nous connaissons bien.

DCH : Comment voyez-vous l’évolution de l’Ecole de danse ? 

José Martinez : Je suis en contact avec Elisabeth Platel avec qui j’échange régulièrement : elle a la volonté de permettre aux élèves d’arriver dans le Ballet en étant le mieux préparés possible afin de faciliter leur insertion professionnelle. L’identité de la compagnie évoluant, l’Ecole doit logiquement suivre ce mouvement, comme cela se fait par exemple pour la question de la diversité. Je pense également que les auditions de l’Ecole devraient davantage être ouvertes vers la société et vers d’autres écoles, peut-être en les décentralisant afin de donner à un maximum d’enfants l’opportunité de tenter leur chance. Il y a une envie chez moi comme à la direction de l’Ecole de danse d’une évolution commune, dans le même sens, qui concernerait autant les danseurs que les élèves. Et même si la direction de l’Ecole est autonome, j’espère qu’on y parviendra en se soutenant mutuellement, d’autant plus que je connais bien Elisabeth Platel. J’ai même dansé plusieurs de mes premiers rôles avec elle.

DCH : La question de la diversité des origines dans nos sociétés a fait l’objet d’un rapport commandé par Alexander Neef concernant la situation à l’Opéra de Paris. Dans la même visée, on discute aussi beaucoup du contenu de certains ballets classiques quant à la représentation qui y est faite de l’altérité. Ces classiques sont aujourd’hui sur la sellette et d’aucuns demandent qu’on les bannisse. Quelle est votre position ?

José Martinez : Tout cela fait partie de l’évolution de notre société. Ce ne sont pas des choses que je vis mal, il s’agit juste de vivre avec son temps. C’est pareil pour toutes les compagnies et on est parfois obligé d’aller dans le même sens. Par exemple, je suis en train de remonter ma version du Corsaire à Stockholm et comme c’est un ballet qui parle de l’esclavage et met en scène des hommes qui vendent des femmes, ça crée un problème. Nous avons donc légèrement modifié la dramaturgie en incluant des esclaves masculins. Par contre, la traite des esclaves a existé et il n’y a aucune raison de ne pas représenter ce fait historique. Ou prenons les danses des Chinois etc. dans Casse-Noisette de Noureev. Je pense que s’il était encore là, il modifierait lui-même certaines choses. Après, c’est un débat très intéressant, autour de la question à savoir si ces ballets, créés en leur temps, ne devraient pas rester inchangés, ce qui ferait courir le risque qu’un jour on ne les programmera plus du tout. Sur ce choix à faire, je suis partagé, je n’ai pas la réponse.

DCH : L’Opéra de Paris a longtemps tardé à refléter l’évolution de la société, notamment quand il s’agit de mixité. Aujourd’hui encore, l’interprétation de Siegfried dans le Lac des Cygnes  par Guillaume Diop, dont le père est Sénégalais, est au centre de toutes les attentions et fait même sensation, alors que dans beaucoup de pays ce serait une normalité.

José Martinez : Bien sûr. Mais à l’Opéra de Paris aussi, ça devient normal. Le seul critère pour entrer à l’Ecole ou au Corps de ballet est de bien danser. Un Corps de ballet doit se définir par un style de danse et pas par des questions de couleur de peau. C’est même le rôle des institutions culturelles de faire évoluer les mentalités de certains en montrant qu’il est possible de faire ce qu’une partie du public peut considérer comme impossible. Quant à l’interprétation des rôles, la danse est un art de l’instant et c’est l’émotion qui compte.

DCH : Cette émotion est aussi ce qui crée des attaches entre le public et les interprètes. En ce sens le départ de François Alu est regrettable, mais il faut aussi travailler à ce que le public puisse aduler de nouveaux visages. Comment comptez-vous faire ? Quelqu’un comme Guillaume Diop peut-il être une clé ?

José Martinez : Il est vrai qu’aujourd’hui, les média sociaux aidant, beaucoup de danseurs sont très suivis et ont leurs fan-clubs. Une manière possible serait de publier les distributions suffisamment à l’avance pour que le public, quand il achète ses places, sache qui sera sur scène. Actuellement on achète ses places et les castings arrivent après. Ce serait une manière de renforcer les liens entre la compagnie et son public. Il est vrai qu’il y a, avec les représentations du Lac des Cygnes, un fort engouement autour de Guillaume Diop, ce qui contribue à faire qu’on parle plus qu’à l’habitude de ce qui se passe au Ballet de l’Opéra. Mais j’aimerais aussi faire sortir la danse des murs de l’Opéra et amener la compagnie dans les musées et autres lieux pour faire découvrir la danse à des publics qui ne viennent pas forcément à l’Opéra.

DCH : Vous êtes d’origine espagnole et avez donc vous-même des racines culturelles hors de l’Hexagone. Quel est votre rapport à la culture espagnole et à votre pays d’origine ? Quel rôle joue-t-il pour vous ?

José Martinez : Je suis parti d’Espagne à quatorze ans et j’ai fait ma formation en France, d’abord chez Rosella Hightower et ensuite à l’Opéra de Paris où s’est déroulée toute ma carrière de danseur. En 2010 je suis allé en Espagne, mais c’était sans vraiment connaître le pays ! J’ai toujours dit que j’étais un Espagnol de culture française. Pendant mes années à la direction de la CND à Madrid, j’ai découvert un pays culturellement très dynamique, où les gens viennent de partout et se mélangent par rapport à l’art et la culture mais aussi dans la vie de tous les jours. Aujourd’hui je fais un retour à Paris inespéré et je découvre à quel point je suis défini par ma formation en France. De par mes affinités culturelles et mes façons de faire ou de voir les choses, je suis bien plus français que je ne le pensais. Mais ce n’est qu’aujourd’hui que je m’en rends vraiment compte ! 

Propos recueillis par Thomas Hahn, Paris, Opéra Bastille, le 20 décembre 2022.

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