« Inaudible » de Thomas Hauert
Cette pièce formidable et réjouissante sera programmée à POLE-SUD, CDCN de Strabourg le 13 mars prochain. À ne pas rater !
Dans sa recherche sur le mouvement, Thomas Hauert se dit fasciné par les relations entre danse et musique. Inaudible, sa dernière création, plonge à fond dans cette relation, allant même jusqu’à inverser la technique dite du « mickeymousing » — un procédé tiré, comme son nom l’indique du dessin animé, où la musique accentue le mouvement.
Dans Inaudible les danseurs « interprètent » littéralement le Concerto en fa de George Gershwin et le Ludus de Morte Regis du compositeur contemporain Mauro Lanza. Avec une gestuelle aussi virtuose qu’originale, chacun des six danseurs incarne un des instruments. Bien sûr, lors des « tutti » l’accord est magistral… et souvent hilarant.
Cette matérialisation rend visible la musique et audible la danse, d’où sans doute, ce titre… Comme l’essence de la danse tient à ce qui n’est pas visible, celle de la musique se situe dans ce qui n’est pas audible. Le tour de force de Thomas Hauert est de conjuguer le visible et l’invisible, la substance et l’essence dans une seule et même chorégraphie.
D’autant plus que les deux musiques choisies dont les extraits fusent ou s’évanouissent, n’ont aucun rapport entre elles. La première est une explosion joyeuse, aux lignes claires, la seconde, une sorte de matière musicale tissée serrée, plutôt dense et complexe à la sonorité séduisante, composée à partir de voix et de sons de jouets d’enfants.
Le chorégraphe a trouvé un point d’équilibre surprenant entre les deux, laissant à l’imaginaire des corps, le soin de relier ces partitions, en faire ressortir les lueurs, les improbables points de rencontres, grâce à un vocabulaire riche, et au talent des danseurs. Ceux-ci, en plus d’exceller dans le geste, sont remarquablement justes dans leur expression.
De plus, et ça mérite d’être signalé car ce n’est pas si fréquent, tout est formidablement bien trouvé dans cette pièce. Outre la danse, les danseurs, et la musique, les costumes – entre training vaguement cunninghamien et pyjama – les lumières qui passent du cru au clair obscur, ajoutent encore au plaisir du spectateur !
Agnès Izrine
3 juin 2016, Festival June Events, en partenariat avec le festival ManiFeste de l'Ircam - Création française
Le 13 mars 2018 à 20h30 - POLE-SUD, CDCN Strasbourg
Tournées :
20 mars : Opéra de Rouen
3 mai : Maison de la Culture de Tournai
5 mai : Teatro Municipal do Porto
22 mai : Dôme Théâtre d'Albertville
5 et 6 juin : CCN de Caen
Distribution
Chorégraphie Thomas Hauert
Interprétation Thomas Hauert, Fabian Barba, Liz Kinoshita, Albert Quesada, Gabriel Schenker, Mat Voorter
Musique George Gerswhin, Mauro Lanza
collaboration informatique musicale Ircam Martin Antiphon
Costumes Chevalier-Masson
Lumières Bert Van Dijck
Son Bart Celis
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