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« Impromptus chorégraphiques » de Mourad Merzouki au Musée d’Orsay

Parallèlement au festival Kalypso, Mourad Merzouki et Käfig ont été conviés par Isabelle Danto et le Musée d'Orsay à faire dialoguer des morceaux choisis de leur répertoire avec des tableaux et des sculptures des collections de l’établissement. 

Le public averti a pu ainsi déambuler, en même temps qu’une partie de la troupe de danseurs, dans divers espaces, de la grande nef au fumoir, en passant par le salon de l’horloge et, comme il se devait, la salle dédiée à Degas.Le spectacle était gracieux, dans tous les sens de cet adjectif, organisé par les équipes du lieu dans le cadre du deuxième « rendez-vous de l'Olympiade culturelle ». 

La danse au musée, on connaît – comme on connaît le musée de la danse de Stockholm que fondèrent après-guerre Rolf de Maré et Bengt Häger. La danse est représentée depuis longtemps déjà sous des formes diverses : les tableaux de grand format de Matisse accrochés depuis 1990 au MAM de Paris, les sculptures de Rodin, Bourdelle, Camille Claudel, Georg Kolbe dans différents musées portant leur nom, les tanagras du British Museum, les antiques du Louvre, les trésors de Pergame, les sculptures du musée d’anthropologie de Mexico… La danse vivante a été présentée au musée, depuis au moins Mata Hari, en 1905, à la bibliothèque de Guimet (comme rappelé par Mme Danto), jusqu’à Élisabeth Schwartz, il y a à peine un mois, au Louvre, dans le cadre du festival d’Automne, en passant par les démos tradis maoris au Te Papa Tongarewa de Wellington, celles des Indiens Pueblos à l’Albuquerque Museum, les perfs postmodernes au MoMa, l’event de Merce Cunningham en 1982 au forum du Centre Pompidou. Et la version de Relâche par le Ballet de Lorraine qui s’est déroulée dans l’ancienne gare d’Orsay, l’an dernier, sur la musique jouée live par un petit orchestre.

Galerie photo © Laurent Philippe

La lumière artificielle des spectacles remplacée par l’éclat de certaines salles – on pense à celle des Fêtes, au deuxième étage – ou l’atmosphère claire-obscure qui émane de la toile de Courbet, Le Rut du printemps, Combat de cerfs, (1861), accrochée au fin fond du rez-de-chaussée, les conditions techniques et la souplesse de la troupe étaient telles que les « petites pastilles chorégraphiques » ont remporté un succès mérité auprès du public matérialisant trois murs de la boîte noire. Dans la feuille de salle, on pouvait lire : « Sous les ors de la Salle des fêtes du musée d’Orsay construite par l’architecte Victor Laloux, un groupe de danseurs et danseuses fait se rencontrer le hip-hop, les musiques baroques teintées d’électro, la danse contemporaine et la danse classique. » Les formes légères se sont parfaitement adaptées aux lieux, que ce soit la splendide séquence inaugurale de Folia (2018) avec, pour agrès et élément scénographique, un tremplin – pour ne pas dire trampoline – circulaire, cela va de soi, sur lequel s’en sont donné à cœur joie dix danseurs, hommes et femmes confondus, un podium autour duquel a sereinement évolué et subtilement chanté la soprane canadienne versée dans le baroque Heather Newhouse.

Galerie photo - Répétitions © Laurent Philippe

Tandis que des « duos libres » étaient donnés par des membres de la compagnie Käfig salle des Grands formats, au niveau 0, salle dite des Nabis et au Fumoir du niveau 2, nous avons assisté à deux extraits de Phénix (2023) sous la coupole de la salle 58. Deux duos et un pas de quatre alternant caresses, portés, travail au sol et acrobaties auxquels se sont livrés des couples mixtes et casse-cou à même le marbre camouflé par une fine couche de PVC noir. Ils ont badiné avec, pour accessoire, un violoncelle connoté musique ancienne – quoique la B.O. soit du compositeur électro Arandel qui a mixé à sa façon la Passacaille de Bach – claire allusion au Jeune homme et la mort (1946) de Roland Petit. Il va sans dire que le public a apprécié la section de Boxe Boxe (2010) offerte en prime par dix pugilistes, parmi lesquels, un arbitre poids lourd loin d’être balourd. Une pièce déjà classique de Mourad Merzouki. 

Nicolas Villodre

Vu le 11 novembre 2023 au Musée d’Orsay.

 
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