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« Icare » de Brumachon pour Lamarche

La fureur de vivre d’un homme oiseau puissamment bien interprétée par Benjamin Lamarche.

Créé pour le cinquantième Festival d’Avignon, en 1996, « Icare » et le premier et le seul solo que Claude Brumachon ait écrit pour Benjamin Lamarche. En vingt ans, ce chef-d’œuvre a tourné dans le monde entier et démontre aujourd’hui, qu’il n’a pas pris une ride.

"Icare" en 1996 photos J.J. Brumachon et Laurent Philippe

En 2006, Claude et Benjamin ont décidé de transmettre cette pièce à un jeune danseur de la compagnie du CCN de Nantes dont ils étaient directeurs. On a ainsi pu assister aux Hivernales d’Avignon à ces deux solos, l’un dansé par Vincent Blanc et l’autre par Benjamin. Il était alors étonnant de constater la différence qu’engendraient ces deux interprétations : tout d’abord l’insouciance de la jeunesse puis ensuite la maturité,

"Icare" en 2006 dans les interprétations de Benjamin Lamarche et Vincent Blanc  © Laurent Philippe

Le premier possédait la certitude de pouvoir s’envoler, exprimait la liberté alors que le second savait qu’il était difficile d’accéder à cet onirisme. C’était très intelligent et passionnant.

Aujourd’hui, soit vingt ans plus tard après sa création, Benjamin a décidé de reprendre cette œuvre pour quelques représentations. Et c’est encore une nouvelle lecture qui prend aux tripes alors que la chorégraphie est totalement identique à l’originale.

A 55 ans, le danseur insuffle une incroyable puissance à son personnage. C’est une certaine sorte de fureur de vivre ou de survivre. Cet homme oiseau aux longues griffes rêve                                                                                     de posséder des ailes et de se libérer d’un lourd carcan. Il fait transpirer toute la souffrance et l’utopie qui l’animent.

Vêtu d’un simple short collant, le danseur déploie une prodigieuse énergie entre le sol et les barres parallèles grâce à une musculation digne d’un athlète. Animé par la féroce volonté d’un homme mûr prêt à anéantir tous les obstacles qui pourraient entraver son objectif, il arrive à raconter prodigieusement bien son histoire avec une intense émotion. Pas d’insouciance, mais uniquement un but qu’il veut et doit atteindre.

"Icare" en 2016 © Sigrid Colomyes

L’écriture chorégraphique de Brumachon est d’une grande pureté et va à l’essentiel. Elle dessine ce vœu sans ambages avec des gestes précis, stricts et très techniques où le rapport entre le sol et l’air est la base de la danse. Benjamin, qui s’est si bien approprié cette notion de métamorphose et de quête improbable, est d’une profonde vérité et ce, sans jamais laisser entrevoir les multiples difficultés imposées par le chorégraphe.
On en a le souffle coupé tant cet opus apparait actuel. Tant il est nourri de l’espérance de chaque être, soit la liberté.
Sophie Lesort
« Icare » chorégraphie de Claude Brumachon. Interprète Benjamin Lamarche. Création musicale Bruno Billaudeau.
Spectacle vu à l’ECAM, théâtre du Kremlin –Bicêtre
 

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