"Halka" par le Groupe Acrobatique de Tanger
Accompagnés depuis 2007 par la Fondation BNP Paribas et la Banque Marocaine pour le Commerce et l’Industrie, le Groupe Acrobatique de Tanger a présenté Halka, un spectacle sensible et virtuose à la Biennale de la Danse de Lyon.
Au Maroc, il existe une tradition ancestrale de l’acrobatie, mais elle est relativement méconnue tant au Maroc qu’à l’étranger. Sanae El Kamouni a voulu valoriser cette tradition en voie de disparition, qui est une des richesses du patrimoine culturel marocain, et lui amener un nouveau souffle. En compagnie d’Aurélien Bory, ils parcourent le Maroc et rencontrent la famille Hammich à Tanger. De cette rencontre naît le Groupe Acrobatique de Tanger et le spectacle Taoub. Le Groupe Acrobatique de Tanger pratique un art de la voltige unique au monde issu de la tradition amazighe de Sidi Ahmed Ou Moussa datant du XVIe siècle.
Il est constitué de pyramides humaines d’origine guerrière qui servaient à franchir les murailles et de figures circulaires telle que la roue arabe. Après avoir collaboré avec les circassiens Aurélien Bory et Zimmermann – De Perrot, ces artistes choisissent de retourner aux sources de l’acrobatie marocaine avec une création collective : Halka. Ils se sont fait accompagner par Abdelazide Senhadji de la compagnie XY.
Halka, qui signifie en arabe « un spectacle festif en forme de cercle » tourne autour de cette figure tout au long du spectacle. Quant à la fête, chacun d’entre eux est acrobate, clown, musicien et chanteur. Il faut savoir que ces acrobates commencent leur apprentissage très jeunes, vers trois ans, avec un maître. Ainsi, Mohammed Hammich a commencé avec son père, la famille se vouant à l’acrobatie depuis sept générations et appartiennent à la Confrérie Soufie des Amazighes, berbères et combattants. Les artistes du Groupe Acrobatique voulaient parler dans ce spectacle de leur vie, de la plage de Tanger qui est leur unique espace de travail et de la destruction de la « digue des acrobates » où chacun s’entraînait, détruite pour laisser place à une « Marina ».
Le spectacle, très réussi, mêle à l’histoire de cet apprentissage, les petits bonheurs d’un quotidien vu avec humour. Il commence avec les fondamentaux de cette pratique où les jeunes se lancent dans des roues, retenus par une ceinture dont les entourent les acrobates confirmés. Bel histoire de soutien et de solidarité qui permet de dompter la peur. Peu à peu, la clownerie de la chose apparaît avec une jeune femme, qui essaie de régir le groupe, campée sur une bassine (jefna) avec une autorité agressive digne d’un De Funès.
Ces bassines, vont d’ailleurs servir tout au long du spectacle : retournées au sol, elles permettent une danse rythmique et sonore ; sur la tête, elles deviennent les tremplins qui servent à se propulser dans des pyramides humaines aussi vertigineuses qu’impressionnantes. Il y a des scènes très drôles, comme celle du vol de chaussures – dans les deux sens du terme ! Des moments où l’on frôle la transe – circularité oblige.
Les artistes sont époustouflants. Les roues s’enchaînent à une vitesse phénoménale, les pyramides se montent en un clin d’œil et prennent différentes formes jusqu’à amonceler dix interprètes, ou bien campent six hommes sur les épaules d’un seul.
« Il y a dans ce spectacle un côté chaleureux, familial, solaire, très humain qui n'est pas si commun dans la danse. Et ça fait plaisir de voir ces artistes du Maghreb qui donnent une représentation du monde joyeuse et ludique, où les filles sont sur le même plan d'égalité que les hommes », commente Dominique Hervieu, directrice artistique de la Biennale de Lyon. « On défend le statut de la jeune artiste dans la société marocaine, c’est compliqué, mais elles ne lâchent rien » explique Sanae El Kamouni. D’ailleurs, des scènes de pouvoir jouent de cette relation, comme en témoigne une partie de bras de fer gagnée par Najwa Aarras, par ailleurs championne de Tae Kwon Do.
Emouvant, parfois nostalgique, quand le sable descend des cintres, où quand les interprètes chantent ensemble à la fin, Halka est un spectacle singulier, qui parvient – et c’est rare – à allier prouesse et dramaturgie, récit et haute voltige.
Agnès Izrine
Le 21 septembre 2016, Théâtre des Célestins, dans le cadre de la Biennale de la Danse de Lyon.
Création Collective / Groupe Acrobatique de Tanger : Mohammed Achraf Chaaban, Mustapha Aït Ouarakmane, Hammad Benjkiri, Adel Châaban, Abdelaziz El Haddad, Lamiae El Alaoui, Najib El Maïmouni Idrissi, Mhand Hamdan, Amal Hammich, Mohammed Hammich, Ouahib Hammich, Samir Lâaroussi, Hamza Naceri, Younes Yemlahi Collaborations artistiques : Abdeliazide Senhadji, Airelle Caen, Boutaïna el Fekkak et Sanae el Kamouni Collaborations acrobatiques : Abdeliazide Senhadji, Nordine Allal et Airelle Caen Collaboration en acrobatie marocaine : Mohammed Hammich (le père) Création lumière : Laure Andurand Création musicale : Xavier Collet Régie son : Joël Abriac Costumes : Ayda Diouri
En tournée :
Du 14 au 21 septembre 2016 à la Biennale de la danse de Lyon
Du 28 septembre au 16 octobre 2016 à La Villette à Paris
Du 24 au 26 octobre 2016 à CIRCa, pôle national des arts du cirque à Auch
Du 12 au 13 novembre 2016 au Centre culturel Jean-Arp à Clamart
Du 17 au 18 novembre 2016 à La Commanderie à Dole
Du 22 au 23 novembre 2016 au Château rouge à Annemasse
Du 25 au 27 novembre 2016 à Bonlieu à Annecy
Du 1er au 2 décembre 2016 à l’Agora à Boulazac
Du 5 au 6 décembre 2016 au Prato à Lille
Du 9 au 11 décembre 2016 au Phénix à Valenciennes
Du 16 au 18 décembre 2016 au Bateau Feu à Dunkerque
Du 20 au 22 décembre 2016 aux Halles de Schaerbeek à Bruxelles (Belgique)
Du 4 au 6 janvier 2017 à La Coursive, Scène nationale La Rochelle
Du 12 au 15 janvier 2017 au Cirque-Théâtre Elbeuf
Du 18 au 19 janvier 2017 au Quartz à Brest
Du 21 au 22 janvier 2017 au Circo Nova à Quimper
Du 26 au 27 janvier 2017 au Volcan, Scène nationale du Havre
Du 31 janvier au 1er février 2017 au CNCDC, Scène nationale Châteauvallon
Du 4 au 5 février 2017 au Merlan à Marseille (Biennale internationale des arts du cirque)
Le 7 février 2017 au Théâtre La Colonne à Istres
Le 22 février 2017 à l’Archipel à Perpignan
Du 24 au 25 février 2017 à la Halle de Paris à Moissac
Le 30 mars 2017 au Carré du Perche à Mortagne au Perche
Du 1er au 2 avril au Théâtre Paul Eluard à Choisy le Roi
Du 11 au 12 avril 2017 au Train Théâtre à Portes-Lès-Valence
Le 17 avril 2017 au Grand Théâtre d’Oyonnax
Du 9 au 10 mai 2017 au Kapel Merksplas Kolonie à Turnhout (Belgique)
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