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Gaëlle Bourges et Solène Weinachter aux Rencontres

Les deux chorégraphes s’inspirent de récits, historiques ou personnels pour les mêler à la danse d'une manière physique, comme une extension des mots, de l’énergie, des sentiments traversés.

Gaëlle Bourges, à travers ses pérégrinations historiques, ou plutôt ses digressions qui s’apparentent au rêve, avec ses déplacements et ses condensations, ses représentations et ses confusions, sait toujours créer une ambiance captivante. C’est de nouveau le cas avec Juste Camille, une histoire de coffre de mariage peint vers 1460-1470 à Florence, qui nous entraîne jusqu’à L’Enéide de Virgile, ses amazones, et les Femmes illustres de Boccace.

Galerie Hervé Dapremont pour l'Institut International de la Marionnette ESNAM

Tout commence avec la musique de Georges Delerue pour le film Le Mépris de Jean-Luc Godard. Et ça en dit déjà long sur cette histoire qui finit mal et raconte que « Camille ne se maria jamais ». Les étudiants et étudiantes de l’École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette de Charleville-Mézières incarnent différents personnages à l’aide d’accessoires comme des seaux, des têtes de chevaux montés sur corps de balai, des tissus qui habillent tout le spectacle de leurs volutes qui deviennent coiffes, sang, paysages. L’histoire peinte sur le coffre est celle d’une fille élevée par son père dans la forêt, puis d’une femme guerrière et courageuse, une femme libre qui n’a peur de rien mais meurt tragiquement. Face à lui, Gaëlle Bourges imagine la future mariée déchiffrant ce récit et la conclusion qu’elle peut en tirer. Avec ces deux héroïnes en miroir, nos imaginaires peuvent voyager à souhait et chevaucher avec celle qui, devenue Reine des Volques, arriva à changer de bord – en l’occurrence traverser une rivière – pour combattre Enée, mais qui, accompagnée d’un violon et d’une scie musicale, reste « trop consciente que les notes ne suffiront jamais à couvrir le bruit des hommes en train de tuer ».

Galerie Hervé Dapremont pour l'Institut International de la Marionnette ESNAM

 

La deuxième partie de cette soirée était investie par Solène Weinachter, née en France mais danseuse du Scottish Dance Theater et interprète de Ben Duke, qui mène dans AFTER ALL, un vrai « seule en scène » autour du thème de la mort qui a, dit-elle, impliqué e nombreuses recherches à travers des libres, liens, etc et d’échanges avec des personnes œuvrant de manière engagée dans ce domaine (soins palliatifs, tresseuse de cercueils en osier, pleureuse écossaise (Keening), directrice de funérailles naturelles….).

Galerie photo : Genevieve Reeves

Mais tout part, de manière beaucoup plus amusante et décalée de son expérience personnelle aux funérailles de son oncle Bob, où, personne n’ayant rien préparé, on l’invite à danser ! Elle se demande alors, et devant nous, si elle préférerait Sinatra ou T.Rex à son enterrement puis quel type de cercueil lui conviendrait. C’est plutôt drôle et délirant, truffé de détails amusants ou inquiétants, que la danse accompagne de ses extensions, et le visage de ses expressions. Explorant à travers les rituels divers et variés les traditions et les folklores de nos sociétés, qu’elles soient anciennes ou modernes, avec leurs bières bios aux champignons et les couffins en tissu biologique, elle décrit notre monde un peu loufoque et très solitaire, qui préfère éluder les sentiments plutôt que compatir.

Galerie photo : Genevieve Reeves

Ça pourrait en rester à ce mélange subtil d’humour très noir et finalement assez « british » voire « scottish ». Mais Solène Weinachter qui a du mal à finir selon son aveu même, se lance alors dans une séance de pleurs très « gestalt » thérapie qui devient vite ennuyeuse. Mais dans l’ensemble, la pièce reste réussie.

Agnès Izrine

Le 28 mai 2024 à La Chaufferie, Saint-Denis, dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis.

Image de Preview : Gaëlle Bourges, Juste Camille © Hervé Dapremont pour l'Institut International de la Marionnette ESNAM
 

 

 

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