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« Fix me » d’Alban Richard

Une pièce en forme de soulèvement signée Alban Richard et Arnaud Rebotini. A voir les 23 et 24 mars au Centquatre dans le cadre du festival Séquence Danse. 

Les drapeaux noirs qui émergent des fumigènes, tandis qu’une femme se lance dans un solo presqu’enragé, haranguant une foule imaginaire, semblent, avec le recul, presque prémonitoires des derniers événements venant de secouer la France et Paris en particulier.

On sait que la danse a cette aptitude singulière à capter les mouvements souterrains de notre société. Fix Me, d’Alban Richard, véritable soulèvement sur une symphonie électro jouée en live par Arnaud Rebotini, est une pièce surprenante et puissante, toute en montée d’intensité. Le titre joue sur un triple sens, signifiant à la fois « répare-moi » « fixe-moi » et enfin le « fix » d’héroïne. Et d’une certaine façon, la chorégraphie joue sur toutes les déclinaisons possibles de ce triple programme, qui peut, d’une certaine façon se recouper.

Les quatre interprètes, dont Alban Richard (qui remplaçait Catherine Dénécy, blessée), ont dans les oreilles des prêches d’évangélistes américains, des discours politiques, et des chansons hip-hop féministes… que nous entendons par bribes, quand elles sont mixées par Rebotini, compositeur à succès de la musique du césarisé 120 battements par minutes. C’est sans doute ce qui donne à la danse cette énergie agitée, cette véhémence destructurée, cette virulence hypnotique.

Chacun des danseurs, isolés sur des plaques de carton, vit son propre trip, son propre rythme, seule la rage est commune. Sortes de stars déchues, en robe à paillettes, en short panthère et dentelle noire, en veste à sequins sans oublier une combinaison bleue à mangas, elles se déchaînent tandis que vibrent les synthés d’antan d’Arnaud Rebotini, saturant l’espace de leur amplitude sonore. La gestuelle, à l’image de ces vrombissements qui déraillent parfois dans les aigus, transmute le corps unifié et certain en un corps désarticulé et improbable, rompant définitivement avec l’ordre tacite qui institue le danseur et qui tend à rendre visible la maîtrise de ce dernier sur son propre geste. Tout est pulvérisé par ces discours incompréhensibles et le flux de cette musique qui retourne les sens  et les chairs.

Quand la fin approche et que les drapeaux se lèvent, que la lumière superbement travaillée par Jan Fedinger nimbe les interprètes, la musique s’arrête comme la mer se retire. Laissant entendre un silence assourdissant.

Agnès Izrine

Vu le 21 novembre 2018, Festival Instances, Espace des Arts de Chalon-sur-Saône

23 et 24 mars 2022 :  festival Séquence Danse Paris au Centquatre-Paris

Distribution

CHORÉGRAPHIE Alban Richard 
MUSIQUE Arnaud Rebotini 
LUMIÈRES Jan Fedinger 
SON Vanessa Court 
COSTUMES Fanny Brouste
DRAMATURGIE Anne Kersting 
ASSISTANTE CHORÉGRAPHIQUE Daphné Mauger 
CONSEIL EN ANALYSE FONCTIONNELLE DU CORPS DANS LE MOUVEMENT DANSÉ Nathalie Schulmann 
AVEC Aina Alegre, Mélanie Cholet, Catherine Dénécy, Max Fossati

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