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Festival ZOA : Hèlene Rocheteau et Vania Vaneau

ZOA, la Zone d’Occupation Artistique, est un festival de la migration des genres artistiques. Intimiste, modeste, curieux. Curieux en effet, dans le sens où il est tout sauf évident de se définir par l’ouverture aux carrefours des disciplines, tout en créant une manifestation aussi homogène dans son ensemble, dotée de feeling et d’inspiration. Sans doute, les formats intimistes et la taille modeste de l’ensemble y sont pour quelque chose.

Et pourtant. Si ça marche, c’est qu’on n’a pas affaire à une machine, mais à l’engagement d’une personne sachant réunir autour d’elle des artistes partageant quelque part un même état d’esprit. ZOA est un festival jeune qui arrive à sa quatrième édition, grâce à l’inspiration et de l’engagement de Sabrina Weldman.

Sans exclure les hommes, la Zone d’Occupation Artistique pratique un dézonage actif vis-à-vis de la gente féminine. ZOA est une invitation faite aux femmes à s’exprimer sans fard, au plus près de leurs préoccupations et de leurs recherches.

Pour cette quatrième édition, ZOA se déplace entre Micadanses et les Mairies du 3ème et du 4ème arrondissement. Cette migration de proximité permet aussi de porter la création contemporaine à la connaissance d’un public qui ne fréquente pas les lieux habituels de la danse mais entre plus facilement dans la salle des fêtes d’une mairie parisienne.

Hélène Rocheteau : La Nuit manquante

En ouverture à Micadanses, deux solos de femmes, déclinant quelques zones d’ombres de l’âme et du corps, suivant deux approches aussi liées qu’opposées. Le jour et la nuit, en quelque sorte. Hélène Rocheteau choisit les ténèbres et le contraste entre musique rock survoltée et silence assourdissant. Malgré l’obscurité, La Nuit manquante est une pièce parfaitement lisible. Trop, peut-être.

Photos : Florian Jarrigeon

Un corps à peine éclairé, révélé par le jeu du clair-obscur est une idée tout sauf nouvelle et ne peut convaincre qu’avec un(e) interprète apportant une vraie singularité. Il est ici question de peurs et d’énergies refoulées au premier degré, mais la présence d’Hélène Rocheteau se perd dans une valse-hésitation entre présence brute et recherche de raffinement. S’y ajoute que ses moyens gestuels et techniques sont (volontairement ?) modestes. Aussi La Nuit manquante ne sait ni surprendre ni préciser son enquête. Toutefois, l’ébauche présentée cache un potentiel intéressant. Et justement, le rôle de ZOA est aussi de (faire) découvrir des artistes comme Rocheteau dont le travail a juste besoin de poursuivre sa route. 

Blanc de Vania Vaneau

Sol blanc, lumière chaude et une orgie de couleurs pour les costumes et accessoires : Vania Vaneau capte une vraie carte postale de son Brésil natal, mais sait la détourner dans une abstraction intrigante, pour un freak show radical. Avec la force de l’épure, elle met sur le tapis l’idée d’une cérémonie shamanique, déclinée en plusieurs tableaux.

Après un premier tableau de boulimie cinétique extrêmement maîtrisée qui agit comme une purification rituelle, Vaneau se drape, couche par couche, de capes et de manteaux, de masques et de coiffes, et même de plantes pour tourner tel un derviche. Son rayonnement traverse le millefeuille vestimentaire et elle n’a pas besoin d’obscurité pour créer chez le spectateur un trouble profond.

Dans d’autres tableaux de ce solo savamment construit, Vaneau aborde l’obscurité et la nudité, elle peint sa peau comme si elle voulait se transformer en tableau de Gauguin, pour nous narguer avec des postures grotesques, en sortant une langue noircie, tel un avatar tropical de Valeska Gert, pour terminer sur un cri muet à la Munch.

Le lien avec le monde des esprits est bien là, mais Blanc ne naît que pour célébrer la beauté d’une cérémonie imaginaire, pour nous confronter à nos ombres à travers la lumière. La transformation de Vaneau en Orixa passe par l’évocation des Santerias et rend donc hommage à la tradition brésilienne du mélange culturel.

Mais Blanc est aussi une revendication de liberté, une sorte de shamano-féminisme où la nudité devient une forme d’abstraction, où chaque geste est aussi précis que vivant. Forte de sa double culture, Vaneau apporte au paysage chorégraphique une voix singulière. Elle sera accompagnée pendant un an par Paris Réseau Danse (Micadanses, Le Regard du Cygne, l’Etoile du Nord, CDC Atelier de Paris).

Thomas Hahn

www.facebook.com/ZoaZoneDOccupationArtistique

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