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Fait Maison : Yvann Alexandre et « La petite université de la danse »

La saison se termine avec un dernier temps fort de Micadanses, qui se décline en deux axes majeurs : pédagogie et gratuité (à une exception près).

Christophe Martin, le directeur de Micadanses, explique l’angle de cette seconde édition. « Dans l’idée de Fait maison, il y a cette petite touche ménagère qui voudrait que certaines choses, produits, objets sont plus jolis lorsqu’on les fabrique chez soi, à la maison ! De ses mignonnes menottes. Non pas que nous promouvions une danse de salon ou de cuisine, mais n’est pas Jean-Claude Gallotta qui expliquait qu’après une blessure au genou, je crois, il avait commencé à chorégraphier chez lui, dans l’espace restreint entre table et chaises, frigidaire et cuisinière ? Bref, en juin, les corps sont mûrs pour donner ce qu’ils ont absorbé dans la saison, se lancer devant des regards complices, assumer leur existence scénique, que l’on soit professionnel ou amateur, éclairé ou pas. D’ailleurs, sur scène ne peut-il y avoir autre chose qu’un amateur éclairé ? »

Ainsi, du 2 au 19 juin, furent programmés neuf soirées : le plateau jeunes chorégraphes de Mouvement contemporain, les résidents de saisons, Françoise Tartinville et Nans Martin, les apprentis pro d’Acts, le cours de composition chorégraphique plus invités, l’atelier contemporain de Selin Dundar, l’atelier parents/enfants des Orpailleurs, le projet danse et handicap mené par Isabelle Bruneau et, enfin, La Petite Université de la danse qui vient de Nantes.

Réalisée avec des danseurs, comédiens et chanteurs amateurs et professionnels sous la direction d’Yvann Alexandre, La Petite Université de la danse s’est construite entre le Maine-et-Loire, Nantes et Paris. Elle réunit des danseurs issus du Pont Supérieur (pôle d’enseignement supérieur des artistes enseignants et interprètes du spectacle vivant Bretagne-pays de Loire), de ACTS (Ecole supérieure de danse contemporaine de Paris) et du Laboratoire Rayonnant (dispositif de la cie d’Yvann) pour tout individu curieux et désireux d’expérimenter et de re-questionner sa pratique de la danse.

Dans la cour de Micadanses, le public est assis sur les bancs et au centre, sur les pavés, des danseuses se lancent dans une performance qui met en relief ce lieu magnifique. Elles sont nombreuses et occupent l’espace avec humour et délicatesse.

Ensuite, elles se dirigent tout en bas de l’escalier dans le studio May B. Soixante-quatre interprètes, (dont seulement sept hommes) entrent sur scène. Mais auparavant, Yvann a prévenu le public que, durant la représentation, des surprises attendent les danseurs qui les obligeront à improviser en corrélation avec les  autres artistes. D’où parfois des prénoms énoncés par le chorégraphe afin que les cités interviennent différemment au sein du groupe.

Sur un patchwork de musiques, s’ensuit une chorégraphie librement inspirée des dernières créations d’Yvann. Car l’un des objectifs de ce long projet qui a débuté en octobre 2016 est de partir de ses pièces telles que Fragments mobiles, Les Soli noirs et Bleu. Ainsi un solo devient une phrase de groupe et l’outil pédagogique  du vivre ensemble et de faire œuvre ensemble est employé à juste titre. Un comédien dit un texte, une chanteuse entraîne un groupe et la danse se déploie dans tous les styles entre langoureux duos, déplacements rapides et intéressants ports de bras.

D’où de l’humour mais surtout cette émouvante communion entre les interprètes qui font non seulement ressentir du respect envers les uns et les autres, mais surtout une chaleureuse complicité. Il est difficile de poser un regard sur chacun et chacune tant ils sont nombreux, mais il est amusant de voir la différence entre ceux et celles qui sont déjà d’excellents danseurs et savent préparer le mouvement au lieu de sauter dessus. De constater une indéniable présence de certains qui seront peut-être par la suite comédiens ou chanteurs et les autres, ceux qui participent avec ferveur mais qui ont déjà décelé d’autres voies grâce aux différents ateliers qui leur ont fait découvrir la notation, la vidéo, l’enseignement ou le métier de critique de danse.

Après 105 heures préparatoires, 40 h de création, 14 jours de répétitions à raison de  6 h par jour et 7 restitutions dont la dernière à Micadanses, La petite université de danse  s’attachait en 2016  aux villes de Montpellier et de Québec, l’édition 2017 a noué un dialogue entre Nantes, Angers, St Barthélemy d’Anjou et Paris et pour 2018, Yvann Alexandre à l’optique de repartir au Quebec et espère une extension à La Réunion.

Une formidable aventure humaine et artistique qui tisse et questionne la relation entre œuvre et pédagogie. « Si on ne mutualise pas les esprits et si on ne forme pas les générations autrement que dans les cursus classique, on ne sera jamais dans le vrai vivre ensemble. » déclare Yvann Alexandre.

Une soirée réjouissante et très originale, « belle comme un déjeuner de soleil », termine Christophe Martin.

Sophie Lesort

La petite université de la danse

direction artistique : Yvann Alexandre avec la complicité des interprètes de la cie Yvann Alexandre

production / coordination : Carole Lanier-Deroo

assistants pédagogiques et artistiques : Claire Pidoux, Lucile Cartreau, Lucie Garault, Benjamin Bac, Steven Berg

équipes du THV, CCNN, le Pont Supérieur & ACTS médiation, technique, complices et associés

conférences : Céline Roux et Christophe Martin

invités : Maurice Courchay, Vincent Blanc, Lise Fassier, Pasqualina Noël, Edwige Audon, Julien Grosvalet, Gaëlle Bouilly, Erika Hess, Sofian Jouini…

La petite université de la danse est gratuite, un appel à candidature sera mis en ligne à la rentrée de septembre sur le site de la compagnie d’Yvann Alexandre : http://www.cieyvannalexandre.com/

Micadanses : La rentrée fait sa danse avec Bien fait ! du 17 au 28 septembre : https://micadanses.com/

Spectacle vu à Micadanses le 16 juin

 

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