Etienne Rochefort, nouvel artiste associé à Pole-Sud
Etienne Rochefort sera artiste associé au CDCN Pole-Sud à Strasbourg, de 2020 à 2023. Il y crée d’ores et déjà une nouvelle pièce, Oikos Logos, (à voir du 5 au 7 novembre) et évoque son projet artistique. Rencontre.
Danser Canal Historique : Quels seront les grands axes de votre projet en compagnie du CDCN Pole-Sud ?
Etienne Rochefort : Je serai artiste associé à partir de janvier 2020, pour les trois années à venir. Mais nous avons déjà commencé à travailler ensemble sur le projet. Bien sûr, Pole-Sud continue à accompagner notre travail de création et nous allons mener un travail pédagogique sur le territoire. J’irai à la rencontre des danseurs, amateurs et professionnels qui travaillent à et autour de Strasbourg. Le projet principal de ma compagnie sera en lien avec le cinéma, déjà très présent dans mes créations. La réalisation filmique est une chose dont je me suis rapproché de plus en plus. C’est pourquoi j’ai proposé un projet de réalisation d’une série. Le but est d’amener les jeunes vers le monde du spectacle vivant. Cela passe par l’écriture, le repérage, la rencontre avec la population et avec les danseurs locaux qui pourront en partie participer.
DCH : De quoi parlera votre série ?
Etienne Rochefort : Cette série sera faite de formats courts. Ce sera une docu-fiction qui parlera de la danse, mais au second plan. Il y aura une narration avec des personnages qui gravitent autour du milieu de la danse. Ils vont devoir monter une projet de création en danse, et ça aura un côté un peu maladroit et absurde. Ils vont donc rencontrer les professionnels de la profession. Ca se nourrit de ma propre expérience et du fait que ces rendez-vous peuvent parfois prendre une tournure catastrophique. Le but de la série est de reprendre tous les clichés aujourd’hui associés à la danse pour les déjouer et les détruire. Il y aura par exemple un épisode avec le Ballet du Rhin, où nous allons tourner en dérision les clichés associés à la danse classique. Le ton sera absurde et comique plutôt que sérieux.
DCH : Par quels biais allez-vous diffuser cette série ?
Etienne Rochefort : Nous sommes en pleine réflexion sur les médias. Il y a la piste Arte, mais je voudrais surtout toucher un public aussi large que possible et je tiens à une diffusion sur internet, comme une web-série, où les épisodes peuvent avoir des durées diverses et ne passent pas forcément à la même heure. Quand je rencontre des jeunes, par exemple dans mes ateliers, je vois qu’ils regardent les séries sur leurs téléphones. Nous pourrions aussi tenter d’avoir une post-diffusion sur France Télévision, mais tout est encore à l’étude.
DCH : Vous préparez actuellement votre prochaine création, Oikos Logos, ce qui semble nous parler d’écologie. Mais sur quel mode ?
Etienne Rochefort : Je voulais éviter d’utiliser le terme et les enjeux directement politiques et moraux qui vont avec. Ce ne sera pas une pièce sur le tri sélectif ! Il s’agit d‘écologie dans le sens des relations qu’on entretient avec l’autre et ce que cela engendre dans le rapport à l’environnement. Le tout regardé à travers l’histoire de l’Evolution. Oikos est la maison, et on regarde donc la planète comme notre maison. Logos, c’est la science, l’analyse, le discours. Ce sera un spectacle plus narratif que mes précédents. Il se déroulera un peu comme un film.
DCH : Comment construisez-vous les personnages d’Oikos Logos ?
Etienne Rochefort : Il y a cinq danseurs, deux musiciens et une chanteuse lyrique, mais chacun sera un personnage à part entière et aura une identité. L’un incarne l’inéluctable, un autre s’inscrit dans une énergie du feu et de la rupture. Leurs identités allégoriques découlent directement de leurs différentes façons de danser. J’ai travaillé à partir de ce qu’ils sont. Ils vivent leurs relations dans quelque chose comme une petite maison, suggérée par la scénographie. Les différents concepts s’y opposent ou se rassemblent, générant des énergies différentes, tantôt douces, tantôt apocalyptiques. Cela symbolise notre civilisation et est assez conflictuel. Je suis assez pessimiste par rapport à l’humanité.
DCH : Quelle rôle joue la chanteuse lyrique ? Comment l’intégrez-vous ?
Etienne Rochefort : Anaïs Mahikian est Arménienne et chante ici le répertoire arménien, dans sa langue maternelle. Nous avons fait ce choix en raison de certains moments du spectacle qui peuvent évoquer un génocide. Au cours du spectacle, la chanteuse devient une sorte de voix off, comme dans certains films. Elle est en même temps intégrée et comme un personnage extérieur, peut-être même un chœur de la tragédie grecque.
Propos recueillis par Thomas Hahn
Oikos Logos : Du 5 au 7 novembre 2019 à Pole-Sud, CDCN
Chorégraphie et mise en scène : Étienne Rochefort
Aide à la mise en scène : Jérôme Douablin
Musique : Jimmy Febvay, Nicolas Mathuriau
Chanteuse lyrique : Anaïs Mahikian
Interprétation : Etienne Rochefort, Marino Vanna, Maxime Cozic, Loraine Dambermont, Florian Albin
Lumières : Odile Ribiere
Costumes : Mathilde Marie
Coproduction : POLE-SUD, CDCN Strasbourg - Centre Culturel André Malraux, Scène nationale de Vandœuvre-lès-Nancy - Théâtre Edwige Feuillère, Scène conventionnée de Vesoul - Les 2 Scènes, Scène nationale de Besançon - Ballet du Rhin, CCN de Mulhouse - MA, Scène nationale du Pays de Montbéliard - Art Danse, CDCN Dijon Bourgogne-Franche-Comté Avec l’aide du Ministère de la Culture - DRAC de Bourgogne Franche-Comté, la Ville de Besançon, la Région Bourgogne-Franche-Comté et le Département du Doubs
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