Error message

The file could not be created.

Entretien avec Ina Christel Johannessen

A l’occasion de sa venue, du 12 au 14 juin prochain, au Théâtre de Chaillot avec sa compagnie zero visibility corp. pour sa pièce Frozen Songs, nous avons rencontré la chorégraphe norvégienne Ina Christel Johannessen. Entretien.
 

Danser canal Historique : Le public parisien vous a applaudie en 2017 à Chaillot avec Shéhérazade. Mais c’est la pièce …it’s only a rehearsal qui a en 2003 lancé votre carrière internationale. A quoi attribuez-vous ce succès ?

Ina Christel Johannessen : Ce duo interprété par Dimitri Jourde et Line Tormoen a eu en effet un grand écho et a tourné un peu partout dans le monde (il a été programmé en 2009 à Paris au Monfort Théâtre, lire notre article). C’était une rencontre, entre eux et avec moi. Dans le contact entre ce danseur-comédien-acrobate venu de France (il a notamment dansé pour François Verret et Sidi Larbi Cherkaoui), Dimitri Jourde, et cette danseuse norvégienne, Line Tormoen, il s’est passé quelque chose de spécial que le public a perçu et aimé, La chorégraphie était très simple, basée sur le toucher, le contact, le regard. Il y avait aussi un french kiss de 7 mn ! Cet accueil positif est survenu au moment où je songeais à arrêter la chorégraphie pour réaliser d’autres projets. Ça m’a fait changer d’avis !
 

DCH : Depuis vos débuts en 1988, vous avez souvent travaillé avec la compagnie norvégienne contemporaine Carte Blanche. Comment fonctionne votre collaboration ?

Ina Christel Johannessen : A la fin des années quatre-vingts, après mes premières pièces (Sirocco, SPOR, GYNT, etc.), j’avais envie, besoin de m’exercer et de pratiquer la chorégraphie dans différentes situations. Créer des pièces pour Carte Blanche m’a permis de me confronter à un format  plus large, à tous points de vue. Depuis, nous avons travaillé plusieurs fois ensemble. Notre dernière collaboration a eu lieu en 2014, où j’ai créé pour eux à Bergen A Collection of short stories. Avec le Cullberg Ballet, ils sont les deux compagnies phares de la scène norvégienne.
 

DCH : Votre danse est très réputée pour son énergie. Sur quoi repose-t-elle ?

Ina Christel Johannessen : J’ai développé une méthode particulière, que je pratique avec ma propre compagnie comme avec celles où je suis invitée. J’essaie de guider les danseurs dans le mouvement et d’articuler leurs gestes pour obtenir ce que je désire. Je travaille avec eux à partir d’images, de conversations et d’échanges, mais je ne sais jamais précisément comment ils vont s’emparer de ces matériaux. Quand je commence une journée en studio, je sais d’où je pars et quelles sont les étapes, mais je ne connais jamais à l’avance le résultat final.
 

DCH : Pour Frozen Songs, quelles ont été vos sources d’inspiration ?

Ina Christel Johannessen : Je voulais faire quelque chose sur le thème du réchauffement climatique. Je me sens très concernée par l’état de la planète, le plastique qui envahit les océans. Je me suis rendue dans le Svalbard, un archipel au nord de la Norvège dans l’océan arctique, qui abrite depuis 2008 la réserve mondiale de semences. Une sorte de banque souterraine, enfouie à 120 mètres de profondeur, qui contient plus de 900 000 variétés de plantes, d’arbres et de cultures. Frozen Songs est né de ce contraste entre la glace qui recouvre cette région une grande partie de l’année, et ces semences symboles de vie qui se développent, poussent et évoluent, tout comme les hommes.

DCH : Comment la pièce traite-elle de ces sujets ?

Ina Christel Johannessen :  Frozen Songs se situe à mi chemin de la danse et de la performance. Il y a du chant, interprété par un enfant soprano de seize ans, de la danse, les images d’un vidéaste originaire de Chine, un pays très concerné lui aussi par la pollution comme je l’ai constaté lors de mes séjours à Pékin, le texte… C’est une réponse à un état d’urgence, qui nécessite que chacun agisse à son niveau. Le mien n’est ni pédagogique ni didactique, mais artistique.

Propos recueillis par Isabelle Calabre.

Chaillot-Théâtre national de la Danse du 12 au 14 juin 2019

Catégories: 

Add new comment