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Entretien avec Dave Saint-Pierre

« Parce que dans la vie de tous les jours, je suis parfois un homme, parfois un animal, plus souvent qu’autrement une déficience entre les deux. Mon esprit oscille toujours entre raison et insanité́. Toujours cette bataille entre exercer un protocole exemplaire ou l’impulsion de juste cracher au visage ». Cet extrait de texte de Dave St Pierre ouvre sur son site la présentation de son solo qu’il a donné pendant trois semaines au festival d’Avignon dans le Off, au Théâtre de l’Oulle, à 10h30, avec en retour, un bel accueil du public et de certains critiques. Nous l’avons rencontré à l’issue d’une représentation à Avignon.

Danser Canal Historique : D’où vient cette idée de ce challenge Solo dans le off d'Avignon ?

Dave St-Pierre : Cela remonte à loin, la dernière pièce de groupe Foudre, créée en 2012, m’a donné une sensation de trop plein, et de faire toujours la même chose, il n 'y avait plus de challenge. Pendant cinq ans de break de  compagnie, j'ai effectué une mise en scène pour le cirque Eloise, et pour l'Opéra de Francfort un Macbeth. J'ai eu envie de faire autre chose et de changer l'image de Dave St-Pierre. L'idée de prendre le risque de jouer dans un petit théâtre, seul, m'a plu. Je n'ai eu aucun contact avec le festival In dans ce projet.

DCH : Est-ce que cela vous gêne que le public vous apprécie et sorte heureux de ce solo, vous qui aimez tout déconstruire ?

Dave St-Pierre : Pas du tout, je veux qu'il sorte ainsi, je suis tellement sorti de mes spectacles en « Pleurant ma vie », que cette légèreté fait du bien, même si le spectacle n'est pas léger.

DCH : Imaginez-vous ce spectacle dans un musée ?

Dave St-Pierre : Absolument j'aimerais beaucoup, dans le concept de Néant 360 que je vais présenter pendant six heures à Marseille, j'ai envie d'étirer le temps, avec un public autour de moi, il y aura une manière de travailler la scénographie plus muséale.

DCH : Quel est votre forme de  collaboration avec le plasticien Alex Huit ?

Dave St-Pierre : Cela fait quatre ans que l'on se connaît, il a travaillé avec moi sur le Macbeth de l'Opéra de Francfort, j'ai toujours pensé que j'étais moi-même plus plasticien  que chorégraphe ou metteur en scène, j'ai envie de pousser mon travail vers cet axe comme Jan Fabre l’a démontré.

DCH : Vous avez créé un double personnage dans ce solo, la blonde excentrique qui fait rire et le Dave fragile. De qui vous sentez-vous le plus proche ?

Dave St-Pierre : C'est le Dave, c'est moi complètement  mais la blonde c'est proche de moi aussi, c'est la dualité qui importe. La blonde est née autour de mes 20 ans, dans les fêtes, je ne buvais pas beaucoup comme tout le monde, pour avoir autant de plaisir que ce monde, souvent je faisais ce personnage-là que j’ai inventé. Je me mettais nu avec une perruque blonde et les gens disaient « Oh my God », il est né là et a perduré. Dans le passé on m'a demandé d'enlever ce personnage parce que cela ne fonctionnait  pas, et maintenant dans ce spectacle c'est le moment attendu du spectacle c'est la respiration, c'est un exutoire, le public est content quand elle revient. Ce personnage représente un peu le contraire de moi, il adore les vedettes, c'est une vedette qui adore être photographiée, (le contraire de moi également), elle représente, le spectateur, le diffuseur, le producteur, elle représente « le show, l’Entertainment ». Pour moi cette sorte de  schizophrénie est salutaire.

Propos recueillis par Jean Couturier

www.compagniedavestpierre.com

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