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Concordan(s)e : Amala Dianor & Denis Lachaud

La 13e édition du festival Concordan(s)e, qui réunit autour d’une création un chorégraphe et un écrivain, a présenté le duo Xamûma Fane Lay Dëm (Je ne sais pas où je vais) d’Amala Dianor et Denis Lachaud.

Belle affluence ce mardi 2 avril, à la Maison de la Poésie à Paris. Au menu, la création conjointe du danseur et chorégraphe Amala Dianor et de l’écrivain et comédien Denis Lachaud, cinquième étape d’une tournée débutée le 16 mars au théâtre Epidaure à Bouloire (Sarthe). Choisis par Jean-François Munier, le directeur du festival Concordan(s)e, les deux artistes ont donc croisé le geste et le mot dans un envoutant face à face. 

Elaboré depuis un an au fil de plusieurs résidences dans des lieux partenaires, le projet s’est construit sur une pratique commune des arts martiaux - taekwando pour le premier, karaté pour le second. Denis Lachaud a transmis à son partenaire un ensemble de katas, ces mouvements d’attaque et de défense codifiés qui constituent la base de l’apprentissage des sports de combat nippons. Leur gestuelle étonnamment sensuelle et incroyablement précise, notamment en termes de directions dans l’espace, est devenue le terrain privilégié de la rencontre.

Partage

Dans cette langue commune, chacun a cultivé son accent propre. A la posture solide et campée dans le sol de l’écrivain, répondent en miroir les déploiements déliés du danseur. Tout en souplesse, ouvrant à chacun de ses déplacements un espace infini, Dianor fait une fois de plus l’éclatante démonstration de sa présence et de son talent. Le voir évoluer sur le plateau étroit de la Maison de la Poésie est un vrai bonheur, que ne gâche pas l’intelligence de jeu de son partenaire.

Galerie photo © Delphine Micheli

D’abord muet - mais tellement éloquent -, leur dialogue va peu à peu s’aventurer sur le chemin de la parole. La langue ici est celle que l’on reçoit en héritage, mais aussi celle qui se nourrit de nos échanges avec le monde. Tandis qu’Amala, Sénégalais d’origine, déclare en français « Je ne sais pas où je vais », Denis Lachaud lui répond en wolof, sa langue maternelle. De l’un à l’autre, les sonorités familières ou exotiques rebondissent et tissent une relation fraternelle, propice aux confidences. Amala Dianor livre quelques dates clés de sa vie : son arrivée en France, sa découverte de Mickael Jackson puis du hip hop. En parallèle, le langage des corps, lui aussi nourri des sons, des couleurs, des odeurs, des symboles, des joies et des souffrances propres à chacun, dessine un contrepoint émotionnel, dans un bel exercice de style et de danse.

Isabelle Calabre

Vu le 2 avril 2019 à la Maison de la Poésie à Paris (4e).

A voir le 6 avril au Parc Jean Moulin à Bagnolet (93), le 11 avril à la médiathèque Marguerite Duras à Paris, le 12 avril à La Terrasse à Nanterre (92) et le 13 avril à la médiathèque de Tremblay-en-France (93).

 

 

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