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Camping au CND : C'est fini, c'était chaud

Avec Camping, pendant deux semaines, le CND a changé d'ambiance...

Camping, meeting international des écoles d'art et de danse, s'est tenu pendant deux  semaines au Centre National de la Danse, avec plus d'une centaine d'élèves et d'artistes très mélangés. Avec cette initiative, le CND confirme sa volonté à devenir un acteur international de la réflexion sur la danse. Après le Forum International Danse et Santé, voici un autre événement marquant qui voit sa première édition.

La redéfinition du CND est en cours, et Camping applique son slogan: « Le CND est un centre d'art pour la danse ». Ce qui veut dire : La danse, vue comme unité, du hip hop au baroque, du contemporain au filmi de Bollywood, du performatif politique à Simone Forti. Mathilde Monnier a vu large en invitant, aux côtés des écoles internationales de danse, plusieurs écoles d'art (graphique ou autres). La vision de la danse est ici la même qu'au concours Danse élargie. On la conçoit comme forme contemporaine s'inscrivant dans un champ qui se définit plus par son époque que par son vocabulaire.

C'est dans le même esprit d'ouverture que se situe l'unique structure non européenne présente, à savoir The Arts & Co, un organisme implanté à Séoul. Dans un pays où la scène chorégraphique est marquée par les filières universitaires, The Arts & Co est l'une des rares structures à partager l'esprit d'indépendance et d'ouverture qui s'est développé en Europe. Par leur participation à Camping, par leurs cours et présentations, en fait des spectacles de Bora Kim et Sun-A Lee et les échos positifs recueillis, The Arts & Co espèrent faire bouger les choses davantage en Corée du Sud. Aussi, Camping est un acteur qui fait circuler les regards et les idées entre l'Europe et les autres continents.

La liberté de circuler se réinvente à Camping entre les disciplines, les cultures, les approches pédagogiques et dans l'intégralité de l'espace du CND, voire au-delà. Les élèves participent chacun à plusieurs cours et ateliers, assistent aux présentations de travaux des autres écoles, font la fête ensemble...

Diversité des approches

Vera Mantero a travaillé sur le rapport entre mouvement et langage, Simone Forti sur l'animalité et Physs a fait jaillir du B-Boying en chacun. Avec Noé Soulier ils ont abordé sa méthode d'analyse du mouvement qu'il utilise dans ses créations. Mieux : « C'est une réflexion partagée. Ils pointent les faiblesses de mon discours, me font découvrir des choses, trouvent des solutions cinétiques qui me surprennent », dit-il.

Dernier jour, visite des lieux. Depuis le Studio 2, on entend des airs baroques et voit le port de bras des stagiaires de Bruno Benne. Juste à côté, Lia Rodrigues est interrogée par ses étudiants sur son processus de création. On discute de ce que signifie être danseur ou acteur, du lien à l'émotion et de la construction des conflits et résistances au cours d'une pièce. On va interroger le personnel du CND sur ses impressions et présente les réponses recueillies. On évalue les parcours performatifs mis en place les jours précédents.

Rodrigues a donné deux ateliers, chacun de cinq jours : « Camping est un vrai laboratoire. La première semaine, les élèves venaient de filières artistiques très diverses. La seconde semaine, il y avait des origines culturelles très différentes. Nous travaillons sur les manières de constituer un groupe sans gommer nos différences. » Le travail s'est beaucoup fait à l'extérieur du studio : « Nous interrogeons l'architecture de l'espace et essayons d'intégrer les habitants de la ville. »

Un vent de liberté

Camping change fondamentalement le rapport des danseurs à l'outil. On ne vient pas en tant que compagnie, isolée des autres utilisateurs et en remerciant l'institution de mettre un studio à disposition. On est chez soi pendant deux semaines. On vient en force. Mais nulle part, cette liberté de circulation n'a été aussi concrète que chez Robyn Orlin. Il faut dire  qu'elle s'y connaît en matière de camping. N'avait-elle pas rempli, pour sa pièce In a world full of butterflies, it takes balls to be a caterpillar… some thoughts on falling…., plateau et salle de tentes pliables ?

La proposition de Robyn Orlin © Thomas Hahn

À Camping, son groupe travaille avec une dizaine de tentes. Ayant constitué une sorte de rituel primitif à partir de mouvements proposés par les participants, il finit par lancer des opérations commando en envahissant brièvement les espaces de travail des autres, y inclus le bureau de Mathilde Monnier, directrice du CND. Ils ont aussi occupé temporairement des lieux autour du CND. Il s'agit avant tout de permettre aux participants de libérer leur créativité, de signaler que des frontières peuvent être surmontées. Tout travail de Robyn Orlin est politique, un peu fou sur les bords, mais respectueux de l'autre.

Opération commando dans le bureau de Mathilde Monnier © Thomas Hahn

La tente est un symbole de mobilité, de simplicité, de communication et de rencontre. L'esprit Camping pourrait se confirmer et se développer dans les années à venir. Lia Rodrigues pourrait ne plus venir seule, mais avec ses élèves. L'Australie et l'Afrique pourraient diversifier les présences. C'est une question de budgets. La Corée a de quoi mettre dans la balance. Côté Afrique, c'est moins sûr. Il va falloir trouver des idées. Mais n'est-ce pas l'enjeu de Camping ?

Thomas Hahn

Interviews et témoignages sur le blog dédié à Camping:

https://lecndblog.wordpress.com

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