Bio : Mathilde Monnier
Suivre la carrière de Mathilde Monnier, née à Mulhouse le 2 avril 1959, revient à revisiter toutes les grandes étapes de la danse contemporaine telle qu’elle s’est développée en France depuis quatre décennies tant la chorégraphe sait et sent toutes les inflexions de l’époque et les traduit en danse. Après une enfance marocaine, elle s'installe à Lyon où elle suit des études de psychologie tout en pratiquant la danse. C’est à cette occasion qu’elle fait ses premières armes d’interprète chez Michel Hallet-Eghayan durant deux ans. C’est également à cette occasion qu’elle rencontre Jean-Marc Urréa, dont le rôle sera constant auprès de la chorégraphe à tous les moments de sa carrière. En 1981, elle rejoint la compagnie du Centre National de Danse Contemporaine d'Angers sous la direction de Viola Farber qui la marque profondément, y danse deux saisons et y rencontre François Verret avec lequel elle collabore pendant cinq ans et participe à toutes les créations. C’est au cours de l’une d’elles, en 1984, qu’elle élabore, avec son partenaire, Jean-François Duroure, Pudique acide puis Extasis. Les pièces sont parmi les plus remarquées de la Jeune Danse Française, mais le duo se sépare avec Mort de Rire (1987) tandis que Mathilde Monnier se présente au concours de Bagnolet, en 1985 où Cru, composé avec Alain Rigout, reçoit le prix du ministère de la Culture, ex-æquo avec Angelin Preljocaj et juste avant que la manifestation où se révéla toute une génération ne disparaisse.
Le succès de Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt (1988), créé au Théâtre de la Bastille assure définitivement la place de Mathilde Monnier au sein de la danse qui compte tandis qu’elle se confronte à la musique de Louis Sclavis en solo dans Chinoiserie (1991) et en groupe pour Face Nord (1991).
En 1993, à l’occasion de la création de Pour Antigone, Mathilde Monnier part au Burkina-faso et au Mali pour rencontrer les danseurs de sa pièce. Elle en revient avec quelques souvenirs et des danseurs Burkinabés qui font de la pièce une réussite d’une puissance intense. Cette même année, elle se voit proposer la direction du CCN de Montpellier laissé vacant par la disparition de Dominique Bagouet.
A partir de cette base institutionnelle, la chorégraphe va multiplier les expériences. L’Atelier en pièce (1996) fait suite à une collaboration très poussée avec des structures d'accueil d'autistes. arrêtez, arrêtons, arrête (1997) succède. à la rencontre avec l’écrivaine Christine Angot, qu’elle retrouvera. En 2005 pour La Place du singe, et le projet Les Lieux de là (1998 - 1999) convoque quelque chose comme une génération, celle-là même qui bouscule alors le paysage et que Dominique Frétard appelle alors la Non-Danse. Toujours dans cette sensibilité à l’époque, elle propose Potlatch (2000) une vaste proposition à laquelle participent des dizaines de participants, artistes, penseurs et spectateurs.
Mais la subtilité de Mathilde Monnier est de savoir jusqu’où ne pas aller trop loin dans l’époque. Elle n’a jamais coupé avec la culture populaire, chorégraphiant les clips de Rinocérose (2007) ou la collaboration avec Philippe Katrine pour 2008, vallée (2006). Elle est aussi l’une des premières à ressentir le besoin d’un retour à la composition, avec Tempo 76 (2007) où elle explore l’unisson avec un incontestable brio.
En 2011, Mathilde Monnier a une fois de plus défrayé la chronique avec une tonitruante reprise de Pudique Acide et Extasis. Y voir une indication sur l’époque serait prudent.
Elle crée plus de 40 pièces chorégraphiques présentées sur les grandes scènes internationales du festival d’Avignon au Théâtre de la Ville de Paris en passant par New York, Vienne, Berlin, Londres et reçoit plusieurs prix pour son travail (prix Ministère de la culture, Grand Prix SACD).
Après avoir dirigé à partir de novembre 2013, le CN D Centre national de la danse à Paris pendant six ans, Mathilde Monnier reprend en 2019 son travail de création avec plusieurs pièces Please Please Please (2019) qu’elle crée en collaboration avec La Ribot & Tiago Rodriguez, Records (2021) et Black Lights (2023), sa création la plus récente avec laquelle elle invente une forme de parlédansé très réussi.
Depuis 2020, Mathilde Monnier est résidente avec sa compagnie à la Halle Tropisme à Montpellier.
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