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Benjamin Lamarche évoque Janine Charrat.

Benjamin Lamarche, danseur contemporain d’exception qui a fait l’essentiel de sa carrière avec Claude Brumachon, avait été choisi par Janine Charrat pour la recréation d’Adame Miroir, un ballet de 1948 sur un livret de Jean Genet et une musique de Darius Milhaud. Nous avons recueilli son témoignage.

DCH : Comment avez-vous rencontré Janine Charrat et comment en est-elle venue à vous proposer d’interpréter Adame Miroir ?

Benjamin Lamarche : A l’époque, elle travaillait à Beaubourg et aimait beaucoup les chorégraphies de Claude Brumachon et notre travail commun. À ce moment là, elle était à la fois rejetée par le milieu de la danse classique, et par celui de la danse contemporaine. Il faut dire que contemporains et classiques étaient à couteaux tirés. Quand elle a eu l’idée de remonter Adame Miroir, créé en 1948, elle a donc voulu faire ce qui était loin d’être la mode comme aujourd’hui, c’est-à-dire, faire appel à un danseur classique et à un danseur contemporain. Elle a engagé Vladimir Derevianko qui était un transfuge du Bolchoï et elle m’a appelé. J’étais un peu paniqué, mais j’ai accepté.

Benjamin Lamarche et Vladimir Derevianko en 1987 © DR

DCH : Comment était-elle ?

Benjamin Lamarche : Elle avait le côté des grandes danseuses, des étoiles d’autrefois, un peu star, un peu emphatique. Avec nous, elle était extrêmement gentille mais pouvait être un peu sèche avec les techniciens. Elle était beaucoup dans ses souvenirs, elle parlait beaucoup des Algues. Néanmoins, elle avait la volonté de moderniser son ballet. Elle avait fait recréer les éléments de décor et les costumes. Elle voulait aussi rafraîchir la chorégraphie. Nous avons travaillé chez Martine Harmel avec laquelle elle était très liée. Elle s’appuyait beaucoup sur Vladimir Derevianko. J’ai, de mon côté, beaucoup appris à ses côtés. Nous avons lié une amitié forte.

DCH : Comment l’a-t-elle retravaillée ?

Benjamin Lamarche : J’aimais bien cette idée du double, du dédoublement, du trouble de la pièce. Bien sûr, c’était un peu dépassé dans la façon dont c’était traité, c’est pourquoi elle voulait la moderniser.  Elle l’a retravaillée en lui donnant un côté très aquilin, aigü dans le mouvement. Elle a beaucoup repris cette énergie qui me caractérisait. C’est un ballet un peu inquiétant, entre le désir, la réalité, la folie et le rêve. À la fin, la Mort arrivait, c’était Pal Frenak. Nous l’avons donné au Casino de Paris pendant une semaine, en 1987 ou 88, et à Rueil-Malmaison, une ou deux fois. Je crois qu’elle aurait voulu que ça reparte, et elle appréhendait beaucoup ce nouveau regard sur une de ses œuvres. Au final, la pièce a plutôt bien fonctionné.

Propos recueillis par Agnès Izrine

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