Adam Linder et Michèle Murray, invités à créer pour le Ballet de Lorraine
L’Australien et la Franco-américaine contaminent le langage classique jusqu’à l’amener sur la piste de danse.
Les horizons de Petter Jacobsson sont vastes, ce qui fait du ballet de Lorraine un carrefour très international. Les langages abordés par l’ensemble nancéen varient considérablement au cours d’une saison, comme parfois à l’intérieur d’une même pièce. Le Suédois a définitivement ses antennes partout sur le(s) continent(s).
Adam Linder, à la Balanchine
C’est l’Australien Adam Linder qui confronte, dans Acid Gems, le ballet aux danses urbaines, aux techniques somatiques et au théâtre. L’inspiration d’une pièce en trois tableaux aux couleurs diverses et variées lui vient de Balanchine et ses Joyaux, en reprenant l’idée de la lente maturation d’une matière, qu’elle soit minérale ou artistique. Acid Gem est donc une réflexion sur le corps et le vocabulaire du ballet qui se laisse lentement irriguer par d’autres langages et états.
En tant qu’artiste, Adam Linder n’est cependant pas le plus australien des chorégraphes. Ayant quitté l’Australie à l’âge de seize ans, il a étudié la danse à la Royal Ballet School de Londres et travaillé surtout en Europe, avec la Michael Clark Company ou encore la compagnie Damaged Goods de Meg Stuart à Berlin, où il vit et travaille aujourd’hui encore.
Parmi ses réalisations les plus originales, on trouve la série Choreographic Services (depuis 2013), des performances visuelles non limitées dans la durée. Le premier volet, intitulé Some Cleaning (2013), voyait Adam Linder s’approprier la gestuelle afférente aux tâches ménagères, en chorégraphiant des actions au premier abord insignifiantes pour en faire une série de mouvements mimétiques qui, mis à bout, prenaient alors une signification propre.
Galerie photo - Répétitions Acid Gems © CCN Ballet de Lorraine
Michèle Murray : La totale. Et la fête…
Si Linder travaille avec seize danseurs du Ballet de Lorraine, Michèle Murray refuse de choisir et embarque la totalité des 25 interprètes de la troupe dans et sur son Dancefloor. On pourrait raisonner sur la raison qui fait qu’en français on parle de tapis de danse et de piste, comparé au pragmatisme anglo-saxon où un sol est un sol et se désigne par son usage, autrement dit, son utilité. On l’aura compris, avec le terme de Dancefloor, Murray vise les deux, dans l’idée d’offrir aux danseurs un tour de piste sur leur tapis de danse habituel.
Déclarant vouloir ici « expérimenter la chorégraphie pour un grand nombre », elle n’aurait sans doute pas refusé de travailler avec une trentaine, voire plus, mais 25, pour un CCN, c’est déjà beaucoup, comparé aux autres. Cette création représente en effet pour Murray qui vit et travaille à Montpellier en tant que chorégraphe indépendante un saut quantitatif intéressant, d’autant plus que dans ses créations, elle part toujours des danseurs eux-mêmes, de leurs corps et leurs personnalités. Et elle aborde donc cette création comme « une pièce qui exploite les possibilités d’un groupe, tout en rendant tangible la singularité de chaque interprète. »
Galerie photo - Répétitions Dancefloor © CCN Ballet de Lorraine
Présente-t-on encore Michèle Murray, Franco -américaine formée d’abord à Düsseldorf en danse classique, puis à New York auprès de Merce Cunningham? Nous l’avions fait régulièrement à l’occasion de ses créations au festival Montpellier Danse et au sujet de sa création nancéenne à venir on ajoutera qu’elle commande ici la scénographie à Koo Jeong-a, artiste contemporaine coréenne dont le travail inclut installation, peinture, film, dessin, architecture voire plus, et qui était, en 2004, la première artiste coréenne, après Nam June Paik, à laquelle le Centre Pompidou consacra une exposition personnelle.
Thomas Hahn
Opéra national de Lorraine - Nancy, du 1er, 5,6,7 avril à 20h
Ballet de Lorraine
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