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11ème édition de Tours d’Horizons

En compagnie des artistes invités, poètes du mouvement, magiciens de l’espace, émetteurs d’émotions, penseurs réactifs et aux regards sensibles sur notre terre, Thomas Lebrun signe une brillante 11e édition de Tours d’Horizons. 

Il explique le choix de sa programmation : « En ces moments sombres que le monde traverse, où le mouvement de l’exil s’impose à tout un peuple, il me paraît utile de parler de la liberté. Celle que nous avons, pour encore et toujours en avoir conscience. Celle que d’autres n’ont pas ou plus… Et d’évoquer celle des artistes, pour qui la création est souvent un acte politique, poétique, humaniste et engagé. »

Du 3 au 18 juin, cet événement incontournable est composé de dix-huit représentations qui se déroulent sur de nombreuses scènes de la ville de Tours et du territoire. 

Le chorégraphe Abderzak Houmi ouvre le festival avec Landing, une pièce aérienne et percutante composée pour un danseur et un circassien. Il interprète aussi Dhakir, créée spécialement pour Tours d’Horizons. Le titre signifie en arabe à la fois « souvenir », et quelque chose comme « rappelle-toi » ou « n’oublie pas » qui évoque les trois années marquées par la pandémie. 

Afin de démontrer dans Villes de papier que la danse demeure le lieu de tous les voyages et de toutes les rencontres, Cécile Loyer aborde le thème des migrants avecquatre danseurs et danseuses dont Karim Sylla, un artiste en exil et la projection des diapositives du plasticien Barbu Bejan.

Quant à la très réputée danseuse et chorégraphe japonaise Kaori Ito, elle compose un intime et émouvant autoportrait parlé et dansé avec son père pour retrouver quelque chose de perdu au sein de « Je danse parce que je me méfie des mots » (2015). (lire notre critique)

L’artiste associé au Centre chorégraphique de Tours depuis 2019, Emmanuel Eggermont déploie une réflexion subtile et magnifique inspirée des célèbres nymphéas de Monet. Dans All over Nymphéas (lire notre critique), cinq interprètes de formations artistiques différentes évoluent dans un canevas chorégraphique en pleine métamorphose. Cette œuvre splendide est programmée dans le in du Festival d’Avignon 2022. 

Quelques jours plus tard, ce chorégraphe doté d’un indéniable talent présente Aberration (lire notre critique) Cette pièce à la composition suprématiste, redéfinissant la forme et la couleur à travers un questionnement sur le blanc, est une suite de tentatives pour recouvrer les sens comme on recouvre la vue.

Et aussi l’art pictural en exergue avec Carole Perdereau qui s’inspire de La Vie des Insectes de René Magritte. Dans Premier Présent elle met en mouvement la peinture figurée par une femme et un homme qui sont face à face sur une plage bleue avec un soleil vert au milieu d’une action indéterminée. 

Alors qu’il a signé en 2017 avec six compagnons danseurs et chorégraphes la première partie d’un diptyque, Jean-Christophe Bleton a donné en 2021 la parole à des femmes qu’il admire. Ses deux pièces Bêtes de scène, version masculine et féminine, (lire notre critique  rassemblent des artistes d’exception, fières de leurs expériences et de leur rapport au temps qui passe. Une soirée formidablement drôle et profonde pour nous emmener vers des questions existentielles liées à la scène !

Á voir également Anne-Sophie Lancelin l’interprète remarquée aux côtés de Thomas Lebrun, Josef Nadj ou encore Daniel Dobbels, qui présente son premier solo au sein de sa compagnie. Composé en huit tableaux, Persona fait apparaître des êtres singuliers qui cherchent une issue aux contraintes qui les ont vu naître et s’élancent tour à tour vers un autre destin.

C’est dans le magnifique édifice du Prieuré Saint-Cosme que Noé Soulier a conçu tout spécialement Passages (lire notre critique)Dans le silence, sa partition chorégraphique se déploie en six fragments à partir d’un vocabulaire de mouvements partagés. Cette pièce physique et dynamique pour corps fragmentaires et architecture monumentale se révèle d'une énergie communicative. 

Au sein de sa programmation, Thomas Lebrun rend hommage à Mié Coquempot disparue en octobre 2019. (Lire notre hommage à Mié Coquempot). Héritière de son répertoire, la compagnie K622 a conçu AN H TO M réunissant six pièces issues d’un large répertoire de plus de trente opus. Ce projet inédit, ambitieux, porté et imaginé par ses collaborateurs, rend compte de la richesse et de la singularité du travail de la chorégraphe. Il révèle une danse libérée et organique qui explore magistralement les relations de Mié entre la danse et la musique. 

D’autres idées intéressantes avec les danseurs de la formation Coline qui invitent le public à découvrir trois créations de chorégraphes de renom : Thomas Lebrun, Christian Ubl et Joanne Leighton, pour des pièces spécialement conçues pour et avec eux !

Thomas Lebrun les emmène vers une écriture rigoureuse et facétieuse sur des cantates de Bach. Christian Ubl leur propose la réalisation d’un tableau vivant et musical, surprenant, poétique, empreint de rigueur et de fantaisie et Joanne Leighton les invite à un travail sur scène et hors scène où chaque espace devient un champ d’expérimentation chorégraphique. Soit deux représentations aux programmes différents qui donnent la part belle à ces interprètes de demain en les confrontant aux réalités de la scène et du public.

N’oublions pas le rituel moment de rencontre et de partage dédié aux pratiques amateurs.Une invitation à danser basée sur deux projets singuliers, illustrant avec bonheur un travail au long cours. Mené par Thomas Lebrun, quatre de ses danseurs et Emmanuelle Gorda, l’atelier chorégraphique a réuni dix-huit danseuses amatrices autour d’un projet nommé CompositeSuiteSelonCela. Et en bonus, Emmanuelle Gorda danse De douces métamorphoses… de Thomas Lebrun, composé à partir de différentes partitions chorégraphiques de son répertoire.

Et pour clôturer en fête cette édition 2022, Let’s Dance annonce un bal interactif, totalement rock ! Une invitation sans détour pour se mettre en action et DJ Moulinex qui sait si bien enflammer  le dancefloor.

Indispensable pour les fous de danse, immanquable pour les amateurs et les curieux, Tours d’Horizons est l'occasion de voyager et de découvrir l’étendue de la richesse de l’art chorégraphique d'aujourd'hui.

Sophie Lesort

Tours d’Horizons du 3 au 18 juin au CCN de Tours

Image de preview : "Landing" - Abderzak Houmi © Bernard Duret

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