Une Biennale foisonnante !
Evénement incontournable de la rentrée 2023, la Biennale de la Danse de Lyon ouvrira ses portes le 9 septembre suivi du célèbre Défilé, le 10, dont le thème est « Art et Sport », JO obligent !
Avec 48 spectacles 21 créations et premières françaises, 46 chorégraphes, 181 représentations, 51 lieux de représentation, 34 villes cette 20e Biennale de la Danse de Lyon marque par la richesse de sa programmation un anniversaire. Mais il s’agit aussi d’une Biennale de transition, celle-ci ayant été écrite à quatre mains, à savoir par son ancienne directrice, Dominique Hervieu et par Tiago Guedes, le nouveau directeur. C’est une programmation qui fait donc la part belle à la création, certes, mais aussi une programmation équilibrée, paritaire, faisant appel à plusieurs esthétiques et générations d’artistes, avec des projets divers qui vont du plus politique comme Encantado de Lia Rodrigues ou Article XIII de Phia Ménard, au plus chorégraphique, comme Exit above d’Anne Teresa De Keersmaeker ou Les Jolies Choses de Catherine Gaudet, grand coup de cœur du nouveau directeur.
Mais pour revenir au début, et donc au Défilé, qui retrouvera enfin la rue après cinq ans d’absence avec ses 4000 participants et un final place Bellecour, Les Traceurs, proposé par Rachid Ouramdane, la Cie XY et Nathan Paulin. Le Collecti ES étant invité pour un prologue à la Parade. Associant danseurs.ses et professionnel.le.s, et jeunes en formation au CNSMDL. Il réunit 34 interprètes pour 34 solos !
Rappelons ici que le Défilé est un puissant levier d’éducation artistique, que sa préparation est déployée sur deux ans, et mobilise douze groupes participants sous la houlette d’autant de chorégraphes.
Parmi les 21 créations, signalons la très attendue Liberté Cathédrale de Boris Charmatz pour une trentaine de danseurs.ses du Tanztheater Wuppertal- Pina Bausch et de sa compagnie [terrain], qui dessine une architecture humaine et dansante, chantante et résonnante.
Article 13 de Phia Ménard fait référence à l’article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui n’est autre que celui qui garantit la liberté de circulation. Avec cette création elle ouvre un nouveau cycle « des jardins et des ruines ». Il s’agit pour l’artiste de questionner la frontière, mais aussi les limites du rêve, ou de rêver à une autre société, avec un hommage discret à Joseph Beuys. Ink de Dimitris Papaioannou, qui sonde la part obscure du désir dans un décor cauchemardesque. The Age of Content du collectif (La)Horde, un spectacle monumental qui explore le langage du métavers, et les effets des flux continus de données. no reality now, de Vincent Dupont, un « spectacle augmenté » pour cent spectateurs où réel et virtuel se confondent.
Christos Papadopoulos et le Ballet de Lyon dans Mycelium interrogent le monde très rizhomatique des champignons qui permettent aux arbres de communiquer dans une création très organique sur un monde mouvant et ondoyant. Très labyrinthique aussi, Ukiyo-E (images du monde flottant) de Sidi Larbi Cherkaoui et le Grand Ballet de Genève explore des escaliers à la Piranèse (1720-1778) comme porte de sortie de notre monde incertain.
Tom Grand Mourcel jeune chorégraphe lyonnais prometteur, venu des cultures hip-hop et club, imagine son autoportrait dansé dans Solus Break. Les Jolies choses de la Canadienne Catherine Gaudet interroge notre rapport machinique à la vie. Mais aussi Reflections d’Adi Boutrous ; Le Grand Jeté de Silvia Gribaudi qui promet encore un morceau d’anthologie plein d’humour ; la nouvelle création de Nach, celle d’Alexander Vantournhout, Silver Rosa de Yuval Pick inspirée de chants gutturaux Inuit ; S 62° 58’, W60° 39’ (South 62 58)de Peeping Tom, entre fiction dystopique et coulisses du spectacle.
HURLULA– Le Concert de Flora Detraz prend le cri pour sujet chorégraphique. Le collectif Petit Travers et le quatuor Debussy jonglent avec les notes d’Henry Purcell et de Marc Mellits, tandis que le Grand bal de la compagnie Dyptik travaille sur l’empêchement des corps. On n’oubliera pas Afropolis : Out of this world de Qudus Onikeku, ni Multitud de Tamara Cubas qui, avec ses 70 interprètes envahit l’espace public.
En prime, des spectacles qui ont marqué la saison chorégraphique comme Exit above d’Anne Teresa De Keersmaeker, Encantado de Lia Rodrigues, Radio Vinci Park Reloaded de François Chaignaud et Théo Mercier, Guintche de Marlene Monteiro Freitas…
Mais surtout, la Biennale s’installera pendant deux semaines à l’Usine Fagor, transformé en lieu de tous les possibles et hub convivial, une sorte de festival immersif avec, des spectacles, des ateliers, des points de rencontre, un Club Bingo pour danser le soir, la merveilleuse Vinii Revlon légende du Voguing qui vous initiera au Ballroom, une carte blanche au Collectif FAIR-E pour une immersion hip-hop…
Autrement dit, entrez dans la danse dans cet espace dédié au croisement, au décloisonnement et à la rencontre…
Agnès Izrine
Biennale de la Danse de Lyon, du 9 au 30 septembre 2023
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