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Suresnes Cités Danse – bilan artistique

Que faut-il retenir de cette 24e édition de Suresnes Cités Danse ? Les innovations et avancées, bien sûr, tant pour les chorégraphes à titre individuel que pour l’évolution de la danse.

La grande surprise était, incontestablement, le Trio Amala-Junior-Sly, mis en scène par Mathilda May. L’ancienne artiste chorégraphique devenue actrice et  metteuse en scène de théâtre, a convaincu avec son regard sur la relation entre la danse et la musique, produite live par Sly Johnson, à la manière d’un bruiteur. Cette approche du Human Beat Box, très imagée et narrative, a donné lieu à une nouvelle interprétation du genre chorégraphique où les deux danseurs ne créent pas seulement une réalité spatiale, mais de véritables tableaux paysagers, uniquement à partir de leur art du mime et de la danse, appuyés par le son et de la lumière.

Dans la création phare c’est Andrew Skeels, danseur de ballet contemporain et classique, qui transporte les danseurs urbains vers un autre registre, échangeant l’intense attachement tellurique du hip-hop contre une légèreté toute aérienne. La poétique de la lévitation suggérée est, là aussi, le résultat d’un travail intensifié sur le mime. Street Dance Club, fruit d’une intense collaboration entre Skeels et le compositeur Antoine Hervé, apporte à la danse urbaine une couleur pastel, dans un raffinement plus qu’intéressant.

Mais le mime en soi n’est qu’une technique, à emplir de personnalité. Amala Dianor, BBoy Junior, autant que les interprètes de Street Dance Club n’y perdent jamais la transparence d’une présence hautement personnelle, hors de tout schéma prédéfini. On ne peut en dire autant des pièces de Pockemon Crew  (#Hashtag) ou des Coréens de Morning of Owl (Harmonize) où malgré des exploits techniques remarquables, l’artistique reste prévisible. Mais les buts artistiques des collectifs investis dans les battles ne sont pas les mêmes que chez les ensembles travaillant à la manière des compagnies contemporaines.

Certaines avancées personnelles ont été tout aussi remarquables, comme les réussites du premier duo de Jann Gallois (Compact) et de la première chorégraphie signée Nawal Lagraa (Do You Be). Exemple de recherche pluridisciplinaire très réussie, la  nouvelle création du collectif 4e Souffle tisse des liens encore plus étroits qu’auparavant entre la danse hip hop et l’art du clown.

Avec A flux tendu Muriel Henry prouve que la danse urbaine peut dialoguer, sans intermédiaire ou filet de sécurité, avec d’autres langages artistiques. Aussi cette édition a souligné que hip- hop, clown, danse contemporaine, ballet et mime font finalement partie d’une même famille, au-delà de leurs différences.

 

2017 verra la 25e édition, et Olivier Meyer est bien sûr très attendu sur sa définition du rôle du festival dans le paysage chorégraphique. Ayant appuyé, pendant deux décennies, la rencontre entre les univers de la danse, faut-il aujourd’hui continuer dans ce sens ou bien chercher de nouvelles ouvertures, pour surprendre à nouveau l’univers des danses urbaines ?

Thomas Hahn

www.suresnescitesdanse.com
 

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