Stephan Thoss/Les Grands Ballets Canadiens : « La Jeune Fille et la Mort »
Entre l’univers spirituel de Saburo Teshigawara et l’expérience interactive et ludique d’Arthur Pérole, Les Grands Ballets Canadiens, prennent leurs quartiers à Chaillot-Théâtre national de la Danse pour huit représentations de la Jeune Fille et la mort de Stephan Thoss.
Le chorégraphe allemand, né à Leipzig, entretient avec Les Grands Ballets Canadiens de Montréal, fondés en 1957 par Ludmilla Chiriaeff, et son directeur artistique Gradimir Pankov un lien complice depuis déjà quelques années. C’est la première fois en 2011 que Stephan Thoss remonte pour les Grands Ballets Searching for Home, créé en 2008 avec le Ballet de Wiesbaden dont il est directeur depuis 2007. À la vue du succès qu’il remporte à Montréal, autant auprès du public que des danseurs, Thoss est invité l’année suivante à créer Rêves, un ballet à l’atmosphère étrange et onirique, pour la compagnie presque au grand complet.
En 2015, Thoss revient une troisième fois à Montréal, pour y créer La Jeune Fille et la Mort, un ballet qui s’articule en onze parties, musicalement éclectiques, Schubert côtoyant Philip Glass ou Nick Cave (entre autre)…
La venue des Grands Ballets Canadiens à Paris, plutôt rare, est un événement. La compagnie au rayonnement international, se dote de deux atouts majeurs.
D’abord, son répertoire qui depuis 1999, date de l’arrivée de Gradimir Pankov, ne cesse de s’élargir, allant du ballet classique et de répertoire —son Casse- Noisette enchante depuis plus de 50 ans les fêtes enneigées des Noëls Montréalais — à des créations de chorégraphes de renom comme Ohad Naharin, Jiří Kylián, Mats Ek, ou de la « relève » comme Stijn Celis ou Didy Veldman, avec lesquels Gradimir Pankov a tissé, au fil des ans, des liens fidèles.
Le deuxième atout, qui à lui seul, suffit à donner l’envie de se ruer sur un spectacle des Grands Ballets, est sans aucun doute l’excellence de ses danseurs. Originaires du monde entier, leur présence et leur physique non formaté sont une vraie richesse pour le Ballet et ils font preuve, outre une technique remarquable, d’une grande qualité d’interprétation.
On leur fait donc une confiance absolue pour se couler avec brio et finesse dans la danse virtuose et exigeante de Thoss et dans son univers mystérieux, presque philosophique, puisque La Jeune Fille et la Mort parle de dualité et de forces opposées : le Ying et le Yang, le Bien et le Mal, la Vie et la Mort. Le chorégraphe s’est également inspiré des éléments terrestres : l’Eau, la Terre, le Feu et l’Air, symboles d’énergie vitale, de renouvellement perpétuel.
« Aussi simple que cela puisse paraître, la vie ne nous offre la chance de vivre sans angoisses que si nous voyons la mort comme totalement incorporée à la vie et non comme quelque chose d’éloigné, tache funeste, sombre et noire au terme de la vie. Il importe peu à la mort que nous en ayons peur ou non.
Mon nouveau ballet quant à lui dit “oui” aux deux. Or le moment n’est pas venu de mourir mais plutôt de vivre passionnément, d’aimer et de danser, tantôt avec elle, tantôt sans elle. » dit Stephan Thoss.
Rien de macabre donc…mais plutôt une réflexion existentielle sur le cycle de la vie.
En septembre 2017, Gradimir Pankov, quittera les Grands Ballets, laissant la direction à Ivan Cavallari.
Mais juste avant ce changement de direction, les 38 danseurs et 35 membres de l’équipe administrative emménageront dans l’édifice Wilder, situé en plein centre-ville, dans le quartier des spectacles de Montréal. Ils quitteront leurs anciens locaux, désuets et plutôt vétustes, installés au deuxième étage d’un ancien garage, pour un espace entièrement dédié à la danse, l’Espace Danse. Celui-ci abritera quatre organismes phares de la danse au Québec : Tangente, l’Agora de la Danse, l’École de danse contemporaine de Montréal et Les Grands Ballets Canadiens ainsi que le Centre national de Danse-Thérapie, pionnier du genre, créé en 2013 par Les Grands Ballets, convaincus des bienfaits de la danse sur certaines maladies (mentales, Parkinson, infantiles …) et sur les personnes en situation d’isolement. Le Centre propose une formation de cycle supérieur en danse-thérapie en vue de former des danseurs-thérapeutes.
Marjolaine Zurfluh
Chaillot-Théâtre national de la Danse
Une Master-class animée par la compagnie Les Grands Ballets Canadiens de Montréal et destinée aux danseurs professionnels sera donnée les 14,15 et 17 mars au Centre national de la danse de Pantin.
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