Sophie Renaud
Le Focus Danse de la Biennale de Lyon est un temps fort dans la Biennale de la Danse de Lyon destiné à présenter le meilleur de la scène chorégraphique française à un maximum de programmateurs venus des quatre coins du monde. Une chance pour les artistes français qui en bénéficient, car c’est un vrai levier de diffusion de leurs œuvres.
Comment est née l’idée d’un Focus Danse ?
L’idée d’un Focus danse est né il y a environ 10 ans. Le point de départ et l’inspiration viennent du British Council et des plates-formes organisées à l’étranger qui invitaient des professionnels et qui n’existaient pas en France. Sans doute parce que nous avions déjà de grands festivals rassembleurs comme Avignon, Montpellier Danse et la Biennale de la danse… Mais, paradoxalement, ces festivals ne permettaient pas de montrer et développer la scène artistique française, notamment parce qu’ils programmaient également de grandes compagnies internationales. Et l’on voyait des programmateurs étrangers venus grâce aux bourses de mobilité fournies par nos ambassades, acheter un spectacle de Cunningham.
Pourquoi l’avoir adossé à la Biennale de la Danse de Lyon ?
Nous avons donc réfléchi à comment nous engager dans une logique de responsabilité partagée avec les grandes manifestations. Notre enjeu étant de valoriser les équipes artistiques françaises à l’International. Nous avons commencé par créer un pass pro, sans pour autant faire une plate-forme, dans une popréation montée à l’époque par L’AFAA tout en voulant nous appuyer sur la dynamique d’un festival pour créer de la visibilité.
Le premier à répondre présent a été Guy Darmet et la Biennale de la danse de Lyon. Il a joué avec nous la carte des compagnies françaises sur un temps fort, avec un travail d’identification, visant à favoriser la venue de professionnels étrangers en 2008.
Ensuite nous avons développé cette notion de Focus pour le nouveau cirque, le spectacle vivant, la musique contemporaine ou ancienne, et les arts visuels. Bien sûr, ils ne sont pas tout conçus de la même manière. Mais la plupart sont des moments de rassemblement unique construits avec un festival choisi. Pour la danse, c’est donc la Biennale de la danse de Lyon en partenariat avec l’ONDA. Nous entamons des discussions à tous les niveaux avec nos partenaires en amont car notre objectif est de montrer des compagnies prêtes pour l’international. Nous présentons des découvertes et des valeurs sûres, sans être forcément dans une obligation de créations. Le but étant que les programmateurs étrangers puissent repartir avec des spectacles prêts à circuler dont on est sûrs.
Qui avez-vous choisi pour ce Focus 2016 ?
Dans ce focus 2016, nous avons choisi Vincent Dupont que l’on défend depuis très longtemps, Olivier Dubois qui explose à l’International, Olivia Grandville ou Bouchra Ouizguen. Mais aussi Christian Rizzo, Rachid Ouramdane, Daniel Linehan et Cecilia Bengolea et François Chaignaud. Les plus connus d’entre eux étant moteurs pour découvrir les autres.
Pour vous, quel est l’enjeu de ce Focus ?
Pour moi c’est un enjeu majeur et le pilier de mon département car aujourd’hui, notre mission d’expertise et de conseil est fondamentale, en plus de notre accompagnement de l’offre artistique. Il faut dire que les programmateurs sont noyés sous les dossiers. Le Focus est l’occasion de pointer les pièces qui ont du sens à nos yeux et dont on estime qu’elles sont emblématiques de la scène culturelle française. Il y a une vraie valeur ajoutée de l’Institut Français grâce à notre réseau qui comprend les CDC, les CCN, les festivals et surtout notre habitude de partager des projets. De plus, c’est l’occasion, pour les professionnels de toutes les régions du monde de se rencontrer et d’échanger, du Japon au Brésil… C’est très enrichissant, et ils se souviennent que c’est dans ce Focus qu’ils se sont croisés. Cela nous permet aussi de travailler à l’échelle régionale en mettant autour d’une même table les programmateurs d’une même région avec un dénominateur commun, à savoir un spectacle, et de ce fait, nous pouvons construire une vraie circulation des œuvres.
Quelle est votre politique dans ce domaine de circulation des œuvres ?
Aujourd’hui, nous ne soutenons plus de projet d’équipe artistique sur deux dates. Il nous faut plus de cinq dates en diffusion. Donc la mutualisation est nécessaire. Et c’est vrai dans tous les secteurs du spectacle vivant, mais aussi dans les arts visuels. Par contre, nous accompagnons les projets et les tournées qui découlent des Focus.
Selon vous, comment est considérée la danse française à l’international ?
Nous avons la chance énorme d’avoir tous ces artistes et la « scène artistique française » et les « spectacles transversaux » qui s’orientent vers d’autres espaces ont une excellente réputation à l’étranger, même si, nous sommes plus chers que dans d’autres pays, car nous salarions mieux les artistes. Donc les programmateurs sont très demandeurs, notre dynamique est très regardée, très attendue et génère de fortes attentes. Il nous faut donc répondre au mieux à ces attentes. Le travail d’identification des lieux permet aux professionnels de repartir avec une dizaine de propositions. En fait, il est rare de voir sur les plates-formes des propositions qui s’enchaînent aussi bonnes les unes que les autres.
Propos recueillis par Agnès Izrine
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