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« Robin Hood » de Richard Wherlock

Dans la charmante ville de Bâle, Andreas Beck signe sa seconde édition au Theater Basel d’une programmation uniquement axée sur des créations en théâtre, opéra et danse avec Robin Hood de Richard Wherlock.

L’accueil est profondément chaleureux au Theater Basel situé à Bâle en Suisse Allemande où, bien que très proche de la France, peu de gens y parlent français. Ce grand théâtre est composé de plusieurs lieux de différentes tailles dont une grande salle et des ateliers de fabrication de costumes et de construction de décors.

Très jovial, Andreas Beck, le directeur depuis 2015, explique le fonctionnement du Theater Basel. « Nous produisons quarante créations chaque année. Soit : quatre spectacles de danse, quinze ou seize pièces de théâtre et sept ou huit opéras. Ceci signifie que tous les arts se croisent et se rencontrent étant donné que des chanteurs peuvent intervenir dans un ballet ou vive versa et que des comédiens sont parfois distribués dans une autre discipline. »

Au niveau des financements, les entrées atteignent 20% du budget total du théâtre, le mécénat local apporte un quart en financement propre, plus les presque huit cents amis du théâtre qui sont très présents soit sur le plan financier, soit en accueillant chez eux des artistes invités pour quelques représentations, soit par d’autres actions.

Le plus étonnant par rapport au système français est qu’aucun spectacle extérieur n’est accueilli et que très peu de créations du Theater Basel tournent par la suite dans d’autres lieux alors que Bâle est situé dans une grande agglomération trinationnale au carrefour de la France, de l’Allemagne et de la Suisse.

Andreas Beck est aussi très attaché à la sensibilisation. Non seulement afin de rajeunir son public, mais aussi dans le but d’offrir à chacun la possibilité de découvrir des œuvres. Sont donc organisées des répétions publiques gratuites, des actions auprès des enfants et la prévision d’une garderie au sein du théâtre afin que les trentenaires puissent assister à des spectacles en tout sérénité. « Mais en Suisse les lois sont tellement strictes qu’il va falloir du temps pour mettre en place cette garderie pour les bébés » avoue le directeur du théâtre.

Chaque édition est basée sur un fil conducteur qui, cette année, tourne autour de la thématique des mythes aux possibles. « La majorité des œuvres programmées parlent de héros qui cherchent à remettre leur destin en question comme Le Partage de Midi de Claudel, Guilhaume Tel, La Force du Destin ou Robin des bois ».

Et justement, le Robin Hood chorégraphié par Richard Wherlock pour toute la compagnie, soit trente danseurs et des chanteurs met en avant la destinée de ce brigand au grand cœur défenseur des pauvres et des opprimés.

Dans un décor composé d’une sorte de cabane en bois qui se situe soit dans la forêt ou dans un quartier misérable d’une ville suivant les vidéos projetées, le début de la pièce fait songer à West Side Story tant la danse de groupe est énergique. Oublié le moyen âge de l’histoire, puisque l’intrigue se déroule dans les années 60 dans le monde souterrain de l’Est End de Londres. La première partie est grandiose et très classique avec bon nombre de clichés qui ne gâchent rien car les trente danseurs sont tous excellents et possèdent une parfaite maîtrise de leur art. Le chœur qui chante en live apporte une touche chaleureuse en complément d’un peu trop nombreuses compositions musicales jouées par l’orchestre dirigé par Thomas Herzog.                                                                                

Après l’entracte où tous les spectateurs se sont rués vers le bar, le changement d’écriture chorégraphique est radical. Plus de paillettes, de pas inutiles, de  groupes quelques peu traditionnels. Non, la danse devient très contemporaine avec juste en scène les principaux protagonistes du conte. Un seul fauteuil pour décor et tout devient clair, évident et absolument parfait. La scène de Marianne, la fille maltraitée magnifiquement dansée par Andréa Tortosa Vidal est d’une grande pureté et d’une infinie symbolique. Son sauveur, Robin Hood joué par Jorge Garcia Pérez, excelle aussi dans la sobriété du mouvement pour autant extrêmement difficile à interpréter tant le style est différent entre les deux parties de la pièce.

Et, alors que Marianne tombe dans les bras de Robin des Bois, on imagine un final « bling bling » avec le retour de toute la compagnie sur le plateau, mais non, Richard Wherlock stoppe l’intrigue d’un coup net. Géniale idée parce que là, les intentions du chorégraphe sont nettement plus lisibles entre la haute société anglaise, les politiciens, les gangsters et l’abus de pouvoir et de corruption.

Richard Wherlock est directeur et chef chorégraphe du Ballett Basel depuis la saison 2001/2002, et directeur artistique du célèbre festival de «Basel tanzt» depuis 2004. Il possède un tel capital de joie de vivre que c’en devient contagieux  « Je me suis beaucoup amusé à surprendre le public avec ce changement de style chorégraphique dans le deuxième acte de la pièce. J’avoue que la danse contemporaine me ressemble plus, mais il faut plaire à tout le monde, d’où ce début plutôt classiqueJ’adore l’évolution mais pas la révolution » dit-il avec son regard lumineux tout en avouant qu’il aimerait que ses créations tournent en France.

Aucun soliste dans ce ballet et à les entendre il est évident qu’il existe entre les artistes de toutes nationalités une relation très solidaire, complice et sereine. Richard donne aussi une chance à tous les jeunes danseurs qui sont aussi d’excellents comédiens lors d’un tremplin qui se nomme  Premier pas chorégraphique où une quinzaine d’interprètes ont pu déjà faire des propositions très personnelles et très intéressantes.

La saison suivante d’Andreas Beck aura pour thème la victoire. « Que signifie t’elle, quelle est son rapport avec notre société qui veut toujours être l’élite ? Enfin, mon rêve est que toutes les choses que nous avons initiées soient comme un jardin, qu’elles grandissent. » termine le directeur du Theater Basel.

La soirée s’est terminée avec de chaleureux applaudissements du public qui attendait l’arrivée des interprètes et du chorégraphe dans le hall du théâtre. De belles tenues pour les femmes, des spectateurs dont on devine qu’ils sont fidèles à cette salle et quelques jeunes ravis aussi d’une telle représentation dans ce haut lieu de la culture dont les propositions artistiques sont aussi bien classiques que très contemporaines.

Sophie Lesort

Spectacle créé et vu le 18 novembre 2016 au Theater Basel, à Bâle

Prochaines représentations : 4 février, 11 février, 18 février, 26 février, 28 février, 2 mars au Theater Basel (Bâle)

Robin Hood chorégraphie de Richard Wherlock

Musiques : William Alwyn, John Barry, Arthur Bliss, Edward Elgar, Giles Farnaby, Edward German, Gustav Holst, Thomas Tomkins..

Interptètes : Jorge García Pérez, Andrés Tortosa Vidal, Florent Mollet, Max Zachrisson, Frank Fannar Pedersen, Mirko Campigotto, Diego Benito Gutierrez, Debora Maiques Marin, Annabelle Peintre, Dévi-Azelia Selly, Tana Rosas Suné, Ayako Nakano, Sergio Bustinduy, Javier Rodriguez Cobos, Anthony Ramiandrisoa, Armando Braswell, Lydia Caruso, Luna Bustinduy Mertens, Alba Carbonell Castillo, Raquel Rey Ramos, Ruben Herrera Banol, Julian Juarez Castan, Alessandro Navarro Barbeito, Camille Auble, Sol Bilbao Lucuix, Vivian Schiller de Britto, Luna Bustinduy Mertens, Raquel Rey Ramos, Marina Sanchez Garrigós, Ster Slijkhuis, Sidney Elizabeth Turtschi, Ruben Herrera Banol, Diego Benito Gutierrez, David Castelló Garcia, Ye Eun Choi, Sofia Pavone, José Coca Loza, Giacomo Schiavo, Max Riebel

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