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« Peau d’Âne »

Dans l’adaptation à la scène du film Peau d’Âne, Marie-Agnès Gillot fait ses débuts au théâtre, aux côtés de Michaël Denard.

Mercredi 14 novembre, c’était la réouverture en grande pompe du théâtre Marigny qui renaît, après cinq ans de travaux, sous la direction de Jean-Luc Choplin. L’ex directeur du théâtre du Châtelet à Paris, puis brièvement de la Seine Musicale à Boulogne, a donc pris la barre du nouveau joujou culturel de Marc Ladreit de Lacharrière (déjà propriétaire, entre autres, des théâtres de la Porte Saint-Martin, de la Madeleine et du Comedy Club).

Pour fêter l’événement, le duo a choisi de mettre à l’affiche une sorte de semi inédit : l’adaptation à la scène du film musical de Jacques Demy et Michel Legrand, Peau d’Âne. C’est l’Espagnol Emilio Sagi, jadis aux manettes du Chanteur de Mexico et de Sound of Music au Châtelet sous l’ère Choplin, qui s’attaque courageusement à ce monument de l’imaginaire musical et cinématographique. Son ambition ? En faire une féérie musicale d’aujourd’hui, dans un mélange de réalisme et de fantaisie joyeuse. A savourer de 7 à 77 ans.

Pour les amateurs de danse, l’intérêt de cette production ne réside pas dans la chorégraphie, quasi inexistante, signée Nuria Castejon, mais dans sa distribution. On retrouve en effet au générique, serait-on tenté de dire, deux étoiles de l’Opéra de Paris et non des moindres, Michaël Denard et Marie-Agnès Gillot. Si le premier, depuis son départ en 1989 de la Grande Maison, s’est déjà produit quelquefois sur les scènes théâtrales, la seconde endosse ici son premier rôle non dansé depuis ses adieux l’an passé à l’Opéra Garnier.

Alors, alors ? Bilan encourageant. « La » Gillot campe avec aplomb la reine du royaume rouge, autrement dit la mère du Prince amoureux de la souillon Peau d’Âne. Dans ce rôle, tenu dans le film originel par Micheline Presle, son tempérament et sa vis comica - encore quelque peu contraints le soir de la première sans doute pour cause de trac - ne demandent qu’à s’épanouir. Elle déclenche les rires du public et, visiblement, aime ça. On pronostique que sa longue silhouette, sa voix bien placée et son aptitude à jouer de son corps séduiront dans les mois à venir d’autres dramaturges et metteurs en scène. En père incestueux de la malheureuse princesse, Michaël Denard est moins convaincant. Certes, il a l’âge et le physique du personnage, mais sa prestation ne réussit pas faire oublier le souvenir à l’écran de Jean Marais.

Galerie photo © Julien Benhamou

Ce casting médiatique, auquel il faut ajouter la participation de Claire Chazal en récitante, participera sans nul doute au succès annoncé de l’ouvrage. Il ne saurait pour autant supplanter pas la prestation très réussie, aux plans musical et dramatique, de la jeune Marie Oppert dans le rôle titre. Toutefois, au moment des applaudissements, la principale ovation était réservée au compositeur Michel Legrand, venu assister depuis la salle à l’incarnation scénique de sa partition. Sa musique, fredonnée par chacun au sortir du spectacle, fait définitivement partie du patrimoine national.

Isabelle Calabre

Vu le 14 novembre. Jusqu’au 17 février au Théâtre Marigny à Paris.

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