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« Parcelles » de Nans Martin à Faits d’Hiver

Faits d’Hiver se poursuit et bien que peu de personnes connaissent Nans Martin, il n’y avait plus aucune place disponible à Micadanses pour la création de ce jeune chorégraphe.

Né à Grasse en 1984, Nans Martin sait très vite qu’il veut être danseur. Il sort diplômé du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris en danse classique et en danse contemporaine.

Au gré de multiples voyages du Caire à Bangalore, il reste toujours attaché à sa ville natale. Il y crée une première compagnie puis le collectif PARC (Plateforme Artistique de Recherche Chorégraphique). Parallèlement à son expérience d’interprète, remarqué au Festival d’Avignon et à la Biennale de Lyon, il poursuit son activité de chorégraphe au sein de ses Laboratoires animés. En janvier 2014, il signe sa première pièce, Muô, pour laquelle il obtient le Prix Incandescences Beaumarchais-SACD puis élabore le projet Parcelles. Depuis le mois de septembre, Nans Martin et son équipe travaillent à la création de D’œil et d’oubli prévue pour 2017 en Avignon.

Parcelles est donc sa seconde pièce et il est évident que Nans Martin a pris le temps de réfléchir et de se nourrir de mille choses avant de se lancer dans une réalisation. En effet, cette œuvre est d’une beauté foudroyante. Construite en trois tableaux, la pièce débute par un duo d’hommes qui, restant très droits, se meuvent doucement sans que l’on voit leurs pieds bouger. On pense tout de suite au début de The dog days are over de Jan Martens où les danseurs glissent d’une façon imperceptible. Sauf que là ils ne sont que deux et la suite est totalement imprévisible étant donné que Nans Martin et Rémi Leblanc-Messager se mettent à effectuer une chorégraphie qui semble, tant elle est légère, se dérouler en apesanteur ou pourquoi pas dans le cocon d’un nuage. Leur danse est empreinte de torsions, de mouvements arrondis, d’étirements des bras, de flexions, d’enroulements de corps… tout cela dans une infinie lenteur très liée et parfaitement bien éclairée afin que chaque attitude soit encore mieux mise en valeur.

Après un noir, la cassure est totale avec Guillaume Barre et Martin Barré qui effectuent des sautillements de droite à gauche tout en se déplaçant de façon minimaliste. On pense une fois de plus à Jan Martens et à ses interprètes qui, durant toute sa pièce, sautillent d’avant en arrière jusqu’à l’épuisement. Mais il n’en est rien étant donné que les deux hommes se lancent ensuite dans une sorte de jeu de chaises. Dans un rythme soutenu ils évoquent de la joie mais aussi de la tristesse et pourquoi pas une tragédie. Assis face à face, les corps se brisent et on songe aux attentats de novembre, mais il peut aussi s’agir d’une foule d’autres idées car le grand talent de Nans Martin est de laisser le public respirer et choisir le mot juste.

"Parcelles"  de Nans Martin © Nina-Flore Hernandez

Dernier noir et intervention de Claire Malchrowicz et Joan Vercoutere pour un troisième duo tout aussi époustouflant. L’homme et la femme glissent, se croisent, se rencontrent avec à peu près le même style de chorégraphie très lente et liée que dans le premier duo, mais là, ils sont réellement sur terre. Ils sont faits de chair et d’os et font naître une danse singulière où la poésie rejoint l’esthétique pour des mouvements parfaits qui sont exécutés jusqu’au bout des doigts.

La musique très variée jouée parfois en direct au clavier, à la guitare et mixée par Sylvain Ollivier est aussi un élément clé de cette œuvre splendide.
Quel est le lien entre ces trois tableaux ? La danse !  La danse pure et racée de Nans Martin et l’émergence d’un nouveau style. La meilleure preuve est que l’attention du public était palpable. Pas un souffle ni un seul mouvement dans la salle, c’est si rare !
Christophe Martin, le directeur de Faits d‘Hiver, sait découvrir de nouveaux talents et il nous en donne la preuve.

Sophie Lesort

Parcelles : Conception & chorégraphie : Nans Martin
Collaboration & interprétation : Guillaume Barre, Nans Martin, Martin Barré, Rémi Leblanc-Messager, Claire Malchrowicz et Joan Vercoutere
Création musique : Sylvain Ollivier – Eat a Kid / Musiques additionnelles : Purcell – Funeral Sentences, March Z.860 Man that is born of a woman, La Mal coiffée – La Ronde del morts
Création lumière-régie : Sébastien Lefebvre

Le 19 février aux Hivernales d’Avignon ; le 8 avril au Festival les Incandescences/Mains d’œuvres/Saint-Ouen
Faits d’Hiver jusqu’au 11 février, renseignements au 01.72.38.83.77 : www.faitsdhiver.com/

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