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« Notre-Dame de Paris » à l’Opéra de Paris

Pour ses adieux, avant la soirée officielle du 9 juillet 2014, Nicolas Le Riche avait choisi d’interpréter le rôle de Quasimodo dans Notre-Dame de Paris de Roland Petit. Un choix qui éloignerait tout soupçon de narcissisme s’il en était besoin chez ce magnifique danseur qui a montré tout au long de sa carrière qu’il était capable de s’approprier n’importe quel rôle quel qu’en soit le style, la technique, ou la difficulté.
Quasimodo, donc, cet être, non pas bossu chez Roland Petit, mais contrefait, déglingué avec une épaule et un coude à angle droit qui remonte aux oreilles et un bras ballant qui tombe jusqu’au pied de cette créature incapable de se redresser.
L’intrigue, empruntée à Victor Hugo et ficelée par Roland Petit en 1965, reprend avec intelligence les moments clés du roman. Pas de longueur. Une efficacité redoutable grâce également aux décors de René Allio qui campe la cathédrale à grands traits, et ménage trappes, sous-pentes et praticables escamotables sur un plateau vide pour représenter les ruelles du Paris médieval, la Cour des miracles et finalement juste deux cloches pour l’antre de Quasimodo. La musique de Maurice Jarre est à l’avenant. Percussive, sans la moindre fioriture, d’une narrativité presque opératoire.
Galerie photo Anne Deniau/Opéra national de Paris. Solistes : Nicolas Le Riche, Eleonora Abbagnato, Josua Hoffalt

Les personnages sont campés d’emblée par les trois variations phares du ballet : Quasimodo, Frollo et Esmeralda. Si Quasimodo Nicolas Le Riche est juste parfait dans "la Fête des fous", à la fois émouvant et inquiétant, grimaçant, claudiquant, mais avec quelque chose de suffisamment robuste dans les épaules pour indiquer une puissance bafouée, Frollo, quant à lui, qui appelle ses ouailles à la prière, est un archidiacre tourmenté par le désir, ou plutôt par la pensée du désir. En cela la chorégraphie de Roland Petit est un vrai trait de génie qui fait tenir dans un seul geste de la main, la componction du personnage qui n’a d’égale que le déchaînement corporel qu’il retient. Et là, on regrette  que Josua Hoffalt, un peu trop lyrique, manque un peu de ce tranchant incisif et de la tourmente intérieure qui irrigue Frollo d’une noirceur perverse et refoulée.
Enfin, Esméralda, séductrice à la Roland Petit, avec ses jambes tendues qui traînent un peu trop des pieds, ses ouvertures/fermetures qui fascinent les hommes, et ses mains aux hanches qui toisent le chaland est un rôle pour Eleonora Abbagnato, même si elle est parfois plus sensuelle que sexuelle, un vrai challenge tendu par le chorégraphe à tous les premiers rôles féminins qu’il inventait.
Galerie photo Anne Deniau/Opéra national de Paris. Solistes : Nicolas Le Riche, Eleonora Abbagnato, Josua Hoffalt, Florian Magnenet

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