Niort : « Panique au Dancing » brave le virus
La biennale mise sur les spectacles les plus farfelus et pourtant chorégraphiques. Dehors ou ailleurs.
A Niort, le festival Panique au Dancing – qui voit aujourd’hui sa 4e édition – est une biennale, ce qui lui a permis de passer l’annus horribilis de 2020 sans panique aucune. Mieux : Pour échapper plus encore à l’emprise des restrictions sanitaires, le festival de de danse « dedans-dehors », piloté par la Cie Volubilis (et ceci en étroite collaboration avec la Scène Nationale de Niort) multiplie les propositions dans l’espace public.
Aussi, Alexander Vantournhout plante ses Screws au Port Boinot et Alessandro Sciarroni revisite la polka sur la pelouse du Moulin du Roc. C’est de cet endroit même que tout le monde partira en vélo pour atteindre le lieu secret où Romain Bertet enfouit sa tête dans le sol, les jambes pointant vers le ciel. Que voit-il, pendant ce solo qui s’appelle, naturellement, Underground ?
La panique est bien prévue
Il y aura quand même un vent de Panique, de force Olympique même, et ça va se passer au dancing qu’on verra émerger sur la place du Donjon, où la compagnie Volubilis mettra en scène 500 danseurs amateurs de la région sous la devise de Panique Olymique. Le titre du festival – Panique au Dancing – vient de là, mais reflète aussi que nous sommes à un endroit où tout peut arriver.
Par exemple, le public installé dans les vitrines d’un magasin pour regarder le spectacle des personnes ordinaires qui passent dans la rue. Ou bien sont-ils eux-mêmes les performers sans le savoir ? Et puisqu’ici tout peut arriver, on pourra aussi bien tomber sur Denis Plassard qui installera, semble-t-il, une sorte de Cluedo chorégraphique sur le parking du théâtre…
D’autres expériences promettent d’être tout aussi singulières. Par exemple, dans le salon d’honneur de l’hôtel de ville, Cassiel Gaube s’installe « pour y vivre » (sans que nous sachions exactement ce qu’il entend par là) et faire une expérience artistique qui saura le surprendre et, on l’espère, le public aussi. Aura-t-il autant d’affection pour le deuxième degré que Massimo Furlan ? Car de son côté, l’Italien transforme des seniors locaux en Superman – les cœurs aussi gros que leurs ventres – pour révéler la force et la jeunesse de ces personnes du « troisième âge », en promettant que ces papys qui vont nous surprendre, autant qu’eux-mêmes.
Un tableau où tout est en mouvement
Dans tous ces choix farfelus, on reconnaît bien la patte d’Agnès Pelletier (à la direction artistique de la compagnie Volubilis), inénarrable sauteuse de frontières entre danse, arts de la rue et autres disciplines, où toutes les inspirations sont les bienvenues. Comme chez Jean-Antoine Bigot, le cofondateur de la compagnie marseillaise Ex Nihilo, qui va se transformer en peintre plasticien dansant, pour créer un tableau où tout est en mouvement.
Le soir, tout le monde se retrouve à la Scène nationale, Le Moulin du Roc, autour de pièces comme Il nous faudrait un secrétaire d’Ambra Senatore et Marc Lacourt, duo tout aussi espiègle que la plupart des curiosités choisies par Agnès Pelletier. On n’attend pas moins d’esprit burlesque quand Solène Cerutti passe à la pole dance féministe et s’interroge : « Peut-on défendre le droit des femmes et se montrer en sous-vêtements...? »
Avec toutes ces idées hors normes, on comprend bien qu’Agnès Pelletier et Le Moulin du Roc ne produisent Panique au Dancing que tous les deux ans, puisqu’il ne faudrait pas que son esprit se normalise avec le temps, d’autant plus que la compagnie Volubilis est elle-même souvent en création ou en tournée. Par ailleurs, pour les voir en action, juste après Panique au Dancing , il suffit, dans la foulée, de faire un tour au Festival des Arts de Bordeaux (FAB), légèrement plus au sud.
Thomas Hahn
Panique au Dancing du 29 septembre au 2 octobre 2021
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