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« Mirages - les âmes boréales » de Christian et François Ben Aïm

Cette histoire sans parole destinée en principe au jeune public et à la part enfantine qui nous anime nous touche parce qu’elle est faite de paysages et de danse pure.

De paysages, dans tous les sens du terme : visuels et sonores, tangibles et intérieurs, virtuels et mouvants. Et d’atmosphères, d’ambiances, de climats. De plages musicales, d’horizons flottants, de cieux clignotants. Avec relativement peu de moyens, qui ne sont pas pauvres pour autant, le duo de chorégraphes tire un maximum d’effets. La scénographie se joue des dimensions et des saisons. L’espace du plateau s’étend à celui du Grand Nord.

La fratrie créatrice exploite les textures, les matières, les objets en trompe-l’œil, les illusions d’optique, les sensations plastiques, sans parler du bruitage des B.O. de cartoons. Les éléments de décor sont aussi changeants que la lumière de l’immensité polaire.

Deux êtres, fluctuants eux aussi d’apparence, deux créatures fabuleuses qu’incarnent Mylène Lamugnière et Félix Héaulme produisent des variations et des duos. D’abord en combinaison blanche, unisexe, sur fond enneigé et donc clair. Le cyclo ou écran permet de figurer ou de suggérer nombre de formes, de motifs, de signes, que ce soit par la lumière colorée et filtrée de Laurent Patissier ou par la projection vidéo de Guillaume Marmin.

La musique de Philippe Le Goff est « planante », comme on qualifiait, dans les années 70, celle de certains groupes de rock d’outre-Manche – on pense à Pink Floyd, Soft Machine, Matching Mole. Elle met l’audience en état de recueillement, incite à la méditation, favorise la contemplation. Pour garder en éveil les gamins des écoles venus en grand nombre à dix heures du matin, les danseurs se doivent de s’activer sans cesse, si ce n’est de s’agiter.

Leur attention est aussi à ce prix. De ce fait, les frangins chorégraphes multiplient les micro-événements, alternent solos et duos, accélèrent le tempo, intègrent des pas burlesques, des marches arrière, font disparaître et réapparaître prestement les protagonistes, métamorphosent la toile de tente en igloo, et en maisonnette de briques, et en sculpture mobile. L’envers du décor est déroulé sous nos yeux, déplié, exhibé.

A ce travail de plasticiens des metteurs en scène de la pièce, il convient d’ajouter la prestation des deux interprètes. Il faut dire que la qualité de leur danse est remarquable et qu’ils tiennent en haleine les candides spectateurs atterris au pays de Nanouk.

Nicolas Villodre

Vu le 8 novembre 2018 au théâtre de Châtillon.

Tournées :

8 > 10 novembre 2018 • Création au Théâtre de Châtillon
22 > 24 novembre 2018 • La Ferme de Bel Ebat • Guyancourt
9 & 10 décembre 2018 • Théâtre de la Passerelle, Palaiseau
16 > 18 décembre 2018 • Espace culturel de la Pointe de Caux, Gonfreville-l’Orcher
8 & 9 janvier 2019 • Théâtre André-Malraux, Chevilly-Larue
11 & 12 janvier 2019 • ECAM, Théâtre du Kremlin-Bicêtre
20 & 21 janvier 2019 • Centre des Arts, Scène conventionnée pour les écritures numériques, Enghien-les-Bains
31 janvier & 1er février 2019 • Le Prisme, Elancourt
4 & 5 février 2019 • Le Tangram, Scène nationale d’Evreux-Louviers
19 février 2019 • Le Cèdre, Chenôve, Festival A Pas Contés, Dijon
5 > 9 mars 2019 • Théâtre de la Coupe d’Or, Scène conventionnée de Rochefort
25 & 26 mars 2019 • Théâtre des Bergeries, Noisy-le-Sec
30 mars 2019 • Stereolux, Nantes (dans le cadre du festival Petits et Grands)
31 mars > 2 avril 2019 • Théâtre 71, Scène nationale de Malakoff
7 > 9 avril 2019 • La Machinerie – Théâtre de Vénissieux
11 & 12 avril 2019 • Le Lux, Scène nationale de Valence
2 > 4 mai 2019 • Théâtres en Dracénie, Scène conventionnée dès l’enfance et pour la danse, Draguignan
9 & 10 mai 2019 • Le Trident, Scène nationale de Cherbourg-en-Cotentin
16 > 18 mai 2019 • Théâtre de Villefranche
23 & 24 mai 2019 • Fontenay en Scènes, Fontenay-sous-Bois

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