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« Merveille » de Pierre Rigal au Pavillon Noir : Interview

Chant lyrique, théâtre, musique, danse et un pas en direction dee l’intelligence artificielle: Merveille de Pierre Rigal réécrit L’Orfeo de Monteverdi, pour le jeune public. Entretien exclusif.

Danser Canal Historique : Il est entendu que dans Merveille, il est question de chant lyrique. Mais de quelle manière ?

Pierre Rigal : Merveille est un spectacle à destination du jeune public qui mélange théâtre, chant lyrique, musique et danse. Des scientifiques un peu farfelus essaient de construire une intelligence artificielle qui soit capable de composer des opéras à partir des émotions de son auditoire. L’idée en soi peut paraître un peu farfelue, mais dans la réalité, les ingénieurs travaillent déjà sur ce genre de choses.

DCH : Il s’agit donc d’une intelligence artificielle de l’émotion ?

Pierre Rigal : Dans la pièce, il y a une scientifique qui arrive tout droit de Séoul et qui est une grande spécialiste de la forme corporelle de l’émotion. Le personnage est incarné par Bo Ra Wee, une superbe danseuse sud-coréenne que j’ai connue en 2012 quand j’ai créé ma pièce Théâtre des opérations, à Séoul. Elle parle coréen dans la pièce, et on entend donc une langue qu’on ne connaît pas trop et c’est d’autant plus intéressant que la pièce part d’un travail sur la voix.

DCH : Entre théâtre et chant lyrique, quel est le rôle de la danse dans cette pièce?

Pierre Rigal : Les scientifiques utilisent un ordinateur qui analyse les mouvements des gens, pour déterminer leurs états émotionnels. L’idée est que la forme corporelle de l’émotion provoque l’émotion elle-même du côté de l’intelligence artificielle. Cela passe par une analyse des mouvements du chanteur lyrique : La tristesse, le fou rire, le coup de foudre... Il y a donc quelque chose d’assez amusant sur ce jeu des formes corporelles. Par ailleurs, l’engagement physique concerne aussi les deux chanteurs de la pièce. Ils sont portés ou autrement manipulés, voire malmenés et doivent sortir de l’académisme du registre lyrique.

DCH : Tirez-vous une conclusion de la tentative fictionnelle d’écrire un opéra grâce à l’intelligence artificielle ?

Pierre Rigal : Pas directement. Mais il y a un peu d’ironie puisque cette machine ne fonctionne pas. Elle est très  hésitante et crée des phrases absurdes. Et pourtant, alors qu’on croit tout au long du spectacle que rien ne marche, on se fait un peu piéger à la fin, puisque quelque chose a marché quand même, quelque chose que je ne vais cependant pas révéler ici. Je dirais juste que la machine est capable de manipuler les humains. Et il est évident que l’intelligence artificielle va faire son entrée dans le champ artistique. Des algorithmes seront capables d’écrire de la musique à la manière de Mozart, des Beatles etc. Ca existe déjà. Est-ce positif ? Est-ce négatif ? Je n’ai pas la réponse. L’arrivée de l’intelligence artificielle va peut-être générer de nouveaux langages artistiques, comme jadis la photographie dont on disait qu’elle allait tuer la peinture. Toute l’histoire de l’art est jalonnée de nouveautés technologiques.

DCH : Puisqu’il s’agit de créer un opéra, quelle est la musique du spectacle?

Pierre Rigal : Nous travaillons sur L’Orfeo de Monteverdi, d’une part parce que l’œuvre thématise ma musique, avec Orphée qui est  musicien et dispose de certains pouvoirs. On est donc dans une réflexion sur l’art. D’autre part parce que L’Orfeo est considéré comme le premier opéra de l’histoire. J’ai donc trouvé intéressant, pour parler d’une intelligence artificielle chargée d’écrire un opéra, de retourner aux origines du genre et de faire traverser la vie des scientifiques par le personnage d’Orphée. Mais je n’en dirai pas plus.

Propos recueillis par Thomas Hahn

Merveille de Pierre Rigal

Le 16 mai 2019 au Pavillon Noir, Aix-en-Provence
Le 28 mai 2019 au Théâtre de Châtillon

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