Lyon : Les 40 ans de la Maison de la Danse
Dominique Hervieu propose une saison 2019/20 festive, diversifiée, « connectée » et pleine d’anniversaires cachés.
Sur scène, la danse ne vit que dans l’instant. Mais au cours d’une saison, on en rencontre les trois temporalités: Le passé, le présent et l’avenir. C’est d’autant plus vrai quand la saison en question est une saison anniversaire et suggère donc qu’on replace le présent dans un continuum. Pour cette 40e saison, Dominique Hervieu rend hommage à Guy Darmet, son fondateur, à qui elle a succédé en 2011 et qui a ouvert la programmation au hip hop et au cirque contemporain. Aujourd’hui, Hervieu confirme son engagement auprès des chorégraphes chercheurs travaillant avec les technologies du numérique et du virtuel.
Après avoir participé, en 2018 (avec le soutien de la Fondation BNP Paribas), au lancement du Dansathon à Lyon, Londres et Bruges, la Maison de la Danse consacre l’un de ses trois temps forts à la « danse connectée ». En octobre, on y verra les projets lauréats de Lyon et Londres qui auront fortement évolué depuis leur état de maquette, suite aux trois jours de recherche au Dansathon. En même temps on pourra entrer dans les univers de Gilles Jobin ou encore d’Adrien M & Claire B, avec VR_I ou Acqua alta, deux manières de repenser complètement le rapport entre la danse, l’image, le public et le réel.
UtoPistes, Sens Dessus Dessous
Les deux autres temps forts seront le festival utoPistes créé par Mathurin Bolze en 2011 et consacré au cirque contemporain, ici accueilli pour la première fois à la Maison de la Danse, pour une création de Mathurin Bolze, par ailleurs artiste associé, comme également Oona Doherty et Amala Dianor. L’autre rendez-vous est déjà un vrai compagnon de route qui interroge la danse de demain dans son état d’aujourd’hui : C’est le festival Sens Dessus Dessous, lancé en 2013 et consacré aux nouvelles écritures.
L’événement principal sera la venue de (La)Horde avec Marry me in Bassiani. Le trio qui dirige désormais le Ballet National de Marseille interroge la force de la danse dans les conflits civilisationnels et nous amène en Géorgie, où les danses traditionnelles sont une affirmation politique, autant que le clubbing et la techno. Cette fête de mariage surréelle est par ailleurs l’une des sept coproductions de la Maison de la Danse, présentées au cours de la saison. La liste inclut les nouvelles productions d’Oona Doherty (lire notre critique), d’Amala Dianor (lire notre critique) et de Rachid Ouramdane avec la compagnie de cirque XY.
Un peu d’histoire...
Tutus, pointes et féerie: Le Yacobson Ballet de Saint-Petersbourg est invité à présenter Casse-Noisette, classique des classiques pour grands et petits. Ce rendez-vous avec cinquante danseurs sera le seul classique de la saison, mais pas le seul spectacle grand format. Et Dominique Hervieu a déniché des anniversaires tous azimuts, histoire de renvoyer encore plus au fait que la danse s’inscrit toujours dans l’histoire.
Quand le Ballet de l’Opéra National du Rhin présente Chaplin, une pièce du chorégraphe allemand Mario Schröder, elle nous rappelle les 130 ans de la naissance de Chaplin. Pour Stomp, elle nous renvoie au fait que la danse claquettes existe depuis 130 ans. Et la danse hip hop depuis 50 ans, mais le programme Golden Stage, avec les battle crews Géométrie Variable (France) et El Squad (Japon), l’intention est de s’interroger sur le hip hop du futur, d’où le titre de la soirée: Futurisme.
Quand Andrés Marín crée un duo avec Marie-Agnès Gillot, on la retrouve dans sa trentième année de carrière. Pour Anne-Teresa De Keersmaeker, ce sont même quarante ans de créations qui sont ici fêtées avec la venue du quatuor A Love Supreme. Et Akram Khan? Vingt ans! Il ne danse plus, mais présente sa dernière création, Outwitting the Devil (lire notre critique), où il revient sur l’épopée de Gilgamesh, pour interroger l’avenir de notre planète. Et la troupe taïwanaise du Cloud Gate se souvient, dans 13 Tongues, d’un artiste de rue et conteur mythique du Taïpeh des années 1960. On pourrait ajouter que cela fait dix ans que Bashung a chanté Gainsbourg pour Jean-Claude Gallotta, qui revient avec une reprise de L’Homme à la tête de chou, pour de nouveaux danseurs.
A Lyon, la danse est connectée
La danse est connectée, avec son histoire, avec le monde, avec d’autres arts et d’autres univers, et elle a des complices. La Maison de la danse a tissé des partenariats avec Les Nuits de Fourvière, l’Orchestre National de Lyon, le Musée des Confluences et autres structures qui lui permettent de présenter une variété des formes qui va du théâtre équestre Zingaro à l’accueil de l’orchestre à la Maison de la Danse, quand Dominique Brun présente sa version de Pierre et le Loup de Prokofiev, pour cinq danseurs et dix-sept musiciens (lire notre critique)
Dans cette saison entre deux Biennales de la Danse figurent encore Aurélien Bory/Shanatal Shivalingappa, Eun-me Ahn, les Ballets Jazz de Montréal et autres Sao Paulo Dance Company, et tous s’ajoutent aux 1.300 spectacles donnés devant 4,5 millions de spectateurs en 40 ans.
Thomas Hahn
http://www.maisondeladanse.com/programmation-2019-2020
Photo : Liu Chen Hsiang
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