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Lukas Karvelis, Baltic top !

Les 17 et 18 septembre à 19h30, la jeune génération de chorégraphe débarque à l'Atelier de Paris. Méconnue en France et pourtant très active, la scène chorégraphique lituanienne sera représenté par deux jeunes talents, dont Lukas Karvelis qui répond à quelques questions. Une plateforme professionnelle précédera cette programmation.

Si l'on veut se convaincre de l'utilité d'une saison culturelle lituanienne en France, il suffit de demander à n'importe quel français le nom de la capitale de ce pays, et sans confondre la Lituanie, la Lettonie, ou l'Estonie…

Il y a pourtant une activité chorégraphique extrêmement forte dans ce petit pays (à peine 3 millions d'habitants). Un festival donne un aperçu de cette vitalité, The International contemporary dance festival New Baltic Dance qui se déroule à Vilnius depuis 1997 et la plateforme Baltic Dance lancée fin 2018 par trois organisations de danse des pays baltes : Sõltumatu Tantsu Lava d'Estonie, le Centre d'information sur la danse lituanien et le Centre d'information sur la danse letton permet de promouvoir la danse contemporaine balte à l'échelle internationale. Une vitalité que l'on peut qualifier d'exceptionnelle et dont il ne faut pas s'étonner qu'elle génère nombre de jeunes talents, souvent mal identifiés comme lituaniens (cf la petite expérience géopolitique ci-dessus), mais également parce que ces danseurs souvent très athlétiques travaillent ailleurs en Europe et s'y fondent avec une facilité confondante.
Lukas Karvelis témoigne parfaitement de cette richesse et de cette ductibilité. Ce représentant de la jeune génération (né en 1997) a certes été formé sur place (Institut Čiurlionis, une des plus importantes institutions d'enseignement culturel du pays qui a ouvert sa première classe de danse contemporaine en 2010), et a ensuite poursuivi ses études à l'Université des arts Codarts aux Pays-Bas. En 2018, il remporte le deuxième prix au concours Solo-Tanz de Stuttgart, dans la catégorie chorégraphie et le Premier prix dans la catégorie vidéo avec Blank Spots, pièce avec laquelle il commence à circuler en Europe et à se faire repérer, en particulier de l'Atelier de Paris où il revient.

Sa personnalité commence à sortir de l'émergence pour devenir une valeur sûre, d'où sa présence presque en figure de proue pour la Saison Lituanienne et l'interview qui suit !

DCH : Quelle place occupe votre pièce She Dreamt of Being Washed Away to the Coast dans votre carrière actuelle ?

Lukas Karvelis : Cette pièce marque définitivement une place particulière dans ma carrière et dans mon cœur. C'est ma quatrième pièce mais la première que je n'interprète pas moi-même. C'est plutôt intéressant de voir comment mes rêves, mes visions et mes curiosités prennent vie à travers un autre corps et un autre esprit. Je suis également incroyablement reconnaissant à Anne Sauvage et à toute l'équipe de l'Atelier De Paris, CDCN, d'avoir cru en ce projet et d'être nos coproducteurs.

DCH : Vous évoquez une légende lituanienne. She Dreamt of Being Washed Away to the Coast est-il un récit ? Et comment rendez-vous cette légende perceptible ?

Lukas Karvelis : L’une des influences de cette pièce est donc une légende lituanienne sur la déesse de la mer Jūratė. Au lieu de me concentrer sur le récit, je m’inspire des images et des énergies de l’histoire. Par exemple, la déesse est enchaînée au fond de la mer Baltique, tandis que des tempêtes bleu foncé font rage pendant la nuit ou qu’un matin calme et ambré se déroule. Nous recherchons un flux de mouvement en spirale sans fin, des moments de flux libre suivis de restrictions. C’est pourquoi la danseuse a les mains dans les poches pendant toute la pièce. Je voulais trouver l’essence énergétique de cette ancienne légende et ce que cela signifie à l’intérieur d’un corps contemporain. Ces visuels sont également très joliment traduits à travers les yeux de notre concepteur d’éclairage Povilas Laurinaitis et à travers les mains de notre créatrice de costumes Morta Nakaitė.

DCH : Pourquoi avez-vous choisi Dominyka Markevičiūtė pour interpréter votre pièce ? Et pourquoi ne pas choisir de l’interpréter vous-même ?

Lukas Karvelis : J’étais professeur invité à l’Académie lituanienne de musique et de théâtre, où j’ai rencontré Dominyka. Dès le début, j'ai été fasciné par sa façon de bouger. Sa belle honnêteté, son travail acharné transparaissaient et j'étais très curieux de plonger plus profondément ensemble dans ces océans. J'ai l'impression de ne pas l'avoir choisie, mais que cela s'est produit de manière très organique. Je crois que nous nous sommes trouvés au bon moment et au bon endroit et que le reste en a découlé. Je pense que l'une des plus belles expériences que j'ai tirée de ce projet a été que nous ne savions pas tous les deux où nous allions, mais que nous avions une énorme confiance l'un envers l'autre.

DCH : Dominyka Markevičiūtė est également chorégraphe. Votre pièce incorpore-t-elle des éléments qu'elle aurait apportés ?

Lukas Karvelis : Cette pièce est définitivement un processus collaboratif entre Dominyka et moi, ainsi que toute l'équipe créative. Bien que j'aie abordé le projet avec un langage de mouvement très clair, Dominyka le remodèle et le réorganise avec ses capacités uniques et sa présence énergétique. Au finale, c'est elle que nous regardons.

DCH : La musique du compositeur Dominykas Digimas est très particulière. Est-ce que vous lui avez commandé cette pièce ou avez-vous choisi une pièce préexistante ?

Lukas Karvelis : La musique de cette pièce a été spécialement commandée pour ce projet. Il est intéressant de noter que lorsque j'ai contacté Dominykas Digimas, j'ai découvert qu'il était déjà impliqué dans l'exploration des sons de l'eau et travaillait sur des thèmes liés aux sirènes, lors de sa résidence en Norvège. Je pense donc que c'était une nouvelle fois une rencontre parfaite. Nous n'avons pas eu besoin de beaucoup de mots dans ce processus créatif pour nous comprendre.

Philippe Verrièle

Lire aussi notre entretien avec Vilma Pitrinaite

Atelier de Paris, les 17 et 18 septembre à 19h30
suivi de la création de Vilma Pitrinaitė, dans le cadre de la Saison de la Lituanie en France 2024 et d'Automne en Créations.

A voir également à la Maison de la Danse de Lyon les 28 et 29 novembre, en compagnie de Hairy 2.0 de Dovydas Strimaitis

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