Les vertigineuses « Diagonales Ascendantes » de la compagnie Retouramont
Une magnifique création où la danse verticale défie toutes les lois de la gravité.
On peut s’attendre à tout avec Fabrice Guillot, directeur depuis 30 ans de la compagnie Retouramont. Car cet homme au regard perçant pousse son art de la danse verticale jusqu’aux plus hauts sommets de n’importe quel édifice avec l’objectif de proposer des spectacles d’une folle originalité qui sont tous empreints de poésie, de grâce et d’élégance.
Il le prouve une fois de plus avec sa création Diagonales Ascendantes qui s’est déroulée à la bibliothèque François Mitterrand. Sur l’une des tours, à plusieurs mètres du sol, Fanny Gombert et Cybille Soulier, s’engagent dans un jeu de poursuite qui passe du mur au vide, de l’élastique à la corde. Elles dansent et s’élancent pour mieux rebondir, se croiser et se séparer avec une incroyable légèreté. Leurs pieds effleurent les fenêtres pour donner l’impulsion nécessaire à ces multiples vols. Puis, l’une d’entre elle attrape ce que l’on pourrait nommer un trapèze. Ainsi, elle semble évoluer dans le vide avec toujours cette même agilité qui donne le sentiment que n’importe qui pourrait en faire autant.
« Ce trapèze est un nouvel agrès qui allie des éléments souples et rigides suspendu sur un élastique et éloigné de la façade pour permettre un jeu de rebond dans les trois dimensions.
Sur cette barre de trois mètres de long viennent se greffer quatre triangles de cordes. Ce volume habitable par la danse s’étire, se contracte, s’articule ou tournoie par le jeu des danseuses» explique Fabrice.
Dans cet espace tridimensionnel, les trajectoires bifurquent à tout instant. Un rebond vertical à l’élastique enchaine avec une grande courbe descendante, à la remontée d’une diagonale ascendante, la danseuse attrape une corde qui l’emmène dans un vol latéral. Après cette époustouflante variation, les danseuses se retrouvent corps à corps et dirigent leurs regards vers le haut d’une autre tour.
Le public ainsi interpellé découvre l’inimaginable. Des quatre-vingt mètres de hauteur, Nathalie Tedesco et Stéphane Couturas descendent de la tour à grandes enjambées en position verticale comme s’ils marchaient sur les murs.
C’est d’une grâce indescriptible et d’une incroyable beauté tant cette vision dépasse tout entendement. Ces quatre formidables artistes possèdent une maitrise parfaite de la haute voltige et les inventions perpétuelles de Fabrice Guillot pour mettre en valeur et la danse en apesanteur et les espaces, laissent pantois des spectateurs de tout âge tant ce spectacle magnifique tient du prodige.
La création de Diagonales Ascendantes à la BNF fut la finalité de La Danse Verticale en kit qui s’est déroulée du 13 au 19 mai. Car la soirée s’est tout d’abord déroulée sous forme de déambulation en débutant place Aurélie Nemours (13ème) pour rejoindre la BNF. Durant ce parcours, vingt-cinq danseurs aériens, dix danseurs amateurs et sept chorégraphes ont présenté les différentes possibilités qu’offre la danse verticale : de jeunes artistes en équilibre le long de murs dans une chorégraphie périlleuse, des positions difficiles sur des mâts posés à plusieurs endroits, un groupe qui descend en douceur un escalier, d’autres plus professionnels qui accomplissent des tours et des verticalités en haut des réverbères… soit tout un panel d’actions artistiques saisissantes.
La Danse Verticale en kit fut organisée par la Compagnie Retouramont / Pôle de Danse Verticale, sur son territoire d’ancrage, le Val-de-Marne et au delà avec ses partenaires franciliens et parisiens.
Réalisée dans le cadre du réseau Vertical Dance Forum, soutenu par Europe Créative, programme de l’union Européenne en partenariat avec la Coopérative de Rue et de Cirque (2r2c) - Paris 13ème en ouverture du temps fort TEMPSDANSE #3 (12 mai – 8 Juin 2019), La Briqueterie, La Bibliothèque Nationale de France – François Mitterrand et Artcena comme partenaire ressource. Des rencontres, débats et ateliers avaient pour thème : quelle discipline peut nous offrir la capacité de nous affranchir de la gravité, de franchir toutes les limites physiques et réglementaires de nos villes ?
« La danse verticale révèle des potentialités de nos villes, elle donne à voir une totale liberté spatiale. Cette pratique ouvre un nouveau rapport à l’espace aux autres arts, elle peut aussi servir de support à des questionnements de société » souligne Fabrice Guillot.
Du sommet de la BNF aux pièces en kit, la soirée fut éblouissante et vertigineuse.
Sophie Lesort
Spectacle vu le 16 juin 2019
Diagonales ascendantes, de Fabrice Guillot avec Fanny Gombert, Cybille Soulier, Nathalie Tedesco et Stéphane Couturas
8 juin 2019 - Festival Regard Neuf 3 - Bagnolet
21 (ou 22) juin 2019 - ECM Le Chaplin - Mantes-la-Jolie
13 juillet 2019 - Villetaneuse
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