Les Rencontres chorégraphiques en automne : une première !
Une bonne partie de l’édition 2020 a pu être reportée. Du 13 octobre au 12 décembre, une vraie alternative au Festival d’automne.
A circonstances particulières, rencontres particulières. De sa programmation prévue en mai et juin, Anita Mathieu a pu sauver douze propositions, aussi diverses et coloriées que notre planète, pour une édition automnale de ce festival, habituellement si printanier [lire notre entretien réalisé au moment de la mise en place de cette édition].
On ne tentera pas ici de dire que c’est l’essentiel qui a été sauvé. Les autres compagnies invitées, celles qui devaient venir du Liban, du Nigeria, du Canada ou d’Australie le sont tout autant, pour nous-mêmes et pour les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis.
Mais l’édition 2020 reste internationale, même si à la suite du confinement et tenant compte des restrictions dans la liberté de circuler, à commencer par la fermeture de certaines frontières, il fallait s’adapter aux possibilités restantes. Nous verrons donc des artistes vivant en France, Belgique, Italie et Suède, et c’est déjà assez compliqué à réaliser. Les propositions annulées seront, si les circonstances le permettent alors, réinvitées pour l’édition 2021.
De découvertes en retrouvailles, beaucoup des chorégraphes que nous espérons finalement voir en Seine-Saint-Denis nous ont déjà offert de riches et beaux moments, et on suivra avec attention les nouvelles étapes dans les parcours de Julie Nioche, Lara Barsacq, Ula Sickle, Maxence Rey, Meytal Blanaru [lire notre interview], Marco d’Agostin et Pol Pi qui s’entoure de Jean-Christophe Paré et Solen Athanassopoulos, une jeune hip-hopeuse de Pantin. Moins connus, mais non moins susceptibles de nous passionner : Youness Aboulakoul, Smaïl Kanouté, Benjamin Kahn et Cassiel Gaube.
Parmi ces pièces, dont plusieurs seront créées au cours des Rencontres chorégraphiques, on trouve des univers reflétant des questionnements plutôt intimistes (Aboulakoul, Blanaru, Nioche, Sickle), ce qui n’exclut pas la création de chorégraphies spectaculaires et d’images envoûtantes.
D’autres posent un regard sur des faits de société et leurs identités qui se définissent entre histoire et réalité politique. Chez Pol Pi, il s’agit de regarder à quoi ressemblait le monde, dans l’année et à l’endroit où on est né.e, alors que Smaïl Kanouté crée un trio de danse, pour parler de la réalité sociale vécue par les populations de descendance africaine, de la Goutte d’or au Bronx new-yorkais.
D’autres se placent dans le dialogue avec des univers artistiques, en danse, musique ou littérature. C’est le cas de Maxence Rey qui se laisse porter par les vers de Gherasim Luca. Lara Barsacq livre sa vision d’Ida Rubinstein dans un trio entre danse, théâtre et chant, Marco d’Agostin danse ses souvenirs d’un solo survolté de Nigel Charnock fait de danse, chant et autres folies, alors que Cassiel Gaube se saisit de la musique house et des danses qui la subliment, pour transformer les pas et gestes de cette culture si jubilatoire en une écriture pour la scène.
Et Benjamin Kahn lance l’incroyable Cherish Menzo (on l’a vue dans les pièces très physiques de Jan Martens et de Lisbeth Gruwez) dans un solo où cette danseuse et performeuse foudroyante dialogue avec les stéréotypes de genres et de classes sociales, à partir de l’image de la femme véhiculée par les médias et les clip vidéo…
Thomas Hahn
Les Rencontres Chorégraphiques
Image de preview - Lara Barsacq © Stanislav Dobak
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