« Les pétitions du corps » de Chloé Hernandez et Orin Camus
Il est assez rare de sortir d’une pièce avec le sourire aux lèvres. Ce fut le cas après Les pétitions du corps de Chloé Hernandez et Orin Camus dont la création fut présentée à l’Atelier de Paris. La lumière est sombre et seuls des cartons, une platine et des vinyles composent le décor. Un homme semble mixer la musique avec son corps et les 33 tours dont il se sert pour danser. C’est presque un peu long. Et justement, quelle belle idée puisqu’au moment où personne ne s’y attend, apparait une baignoire blanche à l’ancienne où Chloé Hernandez et Orin Camus y prennent un bain très sensuel.
Le ton est donné, cette création va effectivement parler d’amour, de marivaudage, de complicité et de tendresse.
La pièce pour six excellents interprètes se déroule dans un rythme extrêmement doux grâce à une écriture chorégraphique très élaborée dont certains passages se situent à la limite de la technique circassienne.
Ici, la danse-contact prend tout son sens, tant les portées, le travail des bras et les affleurements expriment la recherche de l’autre, le besoin de l’autre et l’attraction amoureuse de la chaire. La grâce du mouvement émerveille et ensorcelle, tant la connivence est de mise entre les artistes, tant ils sourient, s’amusent et se désirent sans retenues. Sans jamais être démonstratifs, les baisers langoureux, une sensualité débordante, des enchainements délicats et la transparence des intentions, prouvent que l’amour transpire par tous les pores de la peau.
C’est éblouissant non seulement de beauté mais aussi de romantisme.
Galerie photo © Patrick Berger
D’autres objets servent de lien à ces jeux intimes. Un formidable canapé accordéon en carton qui se replie et se déplie à volonté et la baignoire, qui n’a pas quitté le plateau, sont un territoire propice aux échanges.
Puis la pièce finie comme elle a commencé puisque les objets disparaissent comme par enchantement pour retrouver la scénographie du début. La boucle est bouclée, le jeu est terminé. Avec cette délicieuse légèreté de l’être, Chloé Hernandez et Orin Camus ne badinent pas avec l’amour.
Sophie Lesort
Vu le 13 octobre à l'Atelier de Paris-carolyn Carlson
Les Pétitions du Corps de Chloé Hernandez et Orin Camus, compagnie Yma
Interprètes: Tamar Daly, Silvia Di Rienzo, Chloé Hernandez, Mihran Tomasyan, Vincent Delétang, Orin Camus.
Création Lumière et régie générale : Sylvie Debare.
Création musicale : Fred Malle. Ecrivain poète : Dany Moreuil. Régie son et plateau : Maxime Bes
En tournée : 18 et 19 octobre 2016 -Le Cuvier CDC - Artigues-près-Bordeaux ; 07 mars 2017, Espaces Pluriels – Pau ; 10 et 11 mars, Théâtre Georges-Leygues – Villeneuve-sur-Lot ; 14 mars, Espace d’Albret – Nérac ; 16 et 17 mars, L’Odyssée – Périgueux ; 04 avril, La Mégisserie – Saint Junien ; 12 mai, La Ferme bel ébat - Guyancourt -
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