Le « Bal chorégraphique » de Sylvain Groud

Le directeur du Ballet du Nord cultive une approche singulière du défoulement participatif. 

On a vu beaucoup de bals participatifs où le public d’un festival de danse met en jeu son corps pour sortir de la position du spectateur. Mais souvent, il se trouve à suivre un modèle sans pouvoir y mettre du sien. La formule proposée par Sylvain Groud est différente, par un rapport plus libre entre les amateurs et leur guide chorégraphique, mais aussi par la présence de Groud lui-même. 

Un engagement total, une gestuelle simple et efficace,  une présence contagieuse, une énergie qui suffirait à elle seule à faire danser tout le monde. A la limite, Sylvain Groud n’aurait même pas besoin de musique pour mettre tout le monde en mouvement.  Le directeur du Ballet du Nord est aujourd’hui encore un danseur à la puissance redoutable. On l’a vu à l’Arcachon au festival Cadences, où sa formule a enflammé le public, même dans un endroit reculé, au fin fond du port. 

La DJ nommée  يلڭGlitter٥٥ avait installé ses platines et les amateurs relayant les gestes chorégraphiques de Groud, à repérer aussi grâce à leurs tenues un brin festives, embrasaient l’ambiance. Mais au sein de la petite foule, l’homme au sweat jaune, seul à arborer la couleur citron aux aptitudes communicatives intenses, attirait tous les regards. Seuls concurrents possibles : les deux participants en fauteuil roulant qui s’amusaient autant que les autres. 

Groud avait lancé et affiné le concept de son Bal chorégraphique bien avant sa nomination à Roubaix. On est loin des mouvements de tous dans la même direction, tels que proposés généralement dans les animations chorégraphiques participatives. Chez Groud, tout le monde s’approprie les gestes proposés comme bon lui semble. Et pourtant, le plus souvent un cercle se forme spontanément autour du charismatique animateur en chef. Mais la réussite est aussi celle de la DJ qui propose les styles musicaux d’époques et cultures les plus variés

Galerie photo © Thomas Hahn