« La Sylphide » à l’Opéra Garnier
En assistant à l’Opéra Garnier, samedi 1er juillet, à la première de La Sylphide, on était aussi sans le savoir convié à un sacre : celui d’Hugo Marchand. Le danseur étoile a non seulement magistralement interprété le rôle de James, qui lui avait valu le 3 février sa nomination d’étoile lors de la tournée du Ballet au Japon, mais il s’est également hissé à la toute première place sur le podium de la popularité.
Hormis devant certaines prestations jadis de Nicolas Le Riche, on avait rarement vu, sur cette même scène, pareille ovation et saluts aussi chaleureux à la fin d’une représentation. A l’applaudimètre spontané, Hugo Marchand a ce soir-là indéniablement gagné, du haut de ses 24 ans, ses galons de chouchou du public parisien.
Il faut dire qu’il a exécuté les fameuses variations de l’acte II, remontées par Pierre Lacotte à partir de la chorégraphie de Taglioni, avec un particulier brio. Son style engagé et raffiné a fait merveille, tout comme la sûreté de ses pirouettes et l’élégance de ses lignes ‘à la française’. Son aura éclipsait même celle, dans le rôle titre, d’Amandine Albisson, pourtant très investie dans son personnage d’insaisissable fantôme. Plus grave et éthérée que tentatrice et insouciante, sa Sylphide était l’incarnation de cette rêverie immatérielle qui baigne toute la littérature de l’époque romantique. De son côté, Hannah O’Neill donnait au personnage d’Effie, la fiancée de James, une piquante séduction qui transformait la fade délaissée en amoureuse décidée, usant de tous ses atouts pour retenir l’amant volage.
Galerie photo © Svetlana-Loboff
Il faut souligner aussi la qualité des ensembles, avec un corps de ballet expressif et à l’unisson durant les scènes de la noce, avec mention spéciale aux garçons, comme pendant l’acte blanc et ses impeccables envolées de tutus vaporeux.
Last but not least, on sortait de cette belle représentation avec un regret, et une confirmation. Le regret, pour commencer : lors du Pas de deux des Ecossais au premier acte, Emmanuel Thibault - dont cette série de dates était la dernière - n’avait pas cette fois fait preuve de la virtuosité ailée dont il nous a régalé avec constance durant sa carrière. Question de trac, sans doute, eu égard à l’enjeu particulier de la soirée. On n’en salue pas moins son grand talent, dans l’assurance que sa ‘dernière’ prévue le 12 juillet sera elle aussi l’occasion d’un sacre largement mérité.
Dans le même duo, la confirmation était celle de Marion Barbeau, déjà repérée à plusieurs reprises notamment dans « Undoing World » de Bruno Bouché le mois dernier. Légère, précise, fine et gracieuse, elle rayonnait. Un sujet à suivre !
Isabelle Calabre
Vu le 1er Juillet à l'Opéra de Paris
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