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L'édition 2025 du festival Trajectoires

À Nantes et dans la métropole Nantes/Saint-Nazaire, le début de l’année vibre au rythme du Festival Trajectoires. Avec une programmation audacieuse et inclusive, cette édition repoussera les frontières de la danse, questionnera les identités, célébrera la force du collectif et explorera les récits partagés et les luttes sociales.

Avec trente-neuf spectacles en l’espace de quinze jours cette 8édition du festival Trajectoires présente un très large panel de l’art chorégraphique d’aujourd’hui. Et sa toute nouvelle alliance avec les festivals de danses Waterproof à Rennes et Décadanse à Brest, lui permet de développer son périmètre d’intervention tout en favorisant une circulation éco-responsable des œuvres et des artistes.

Pour la première fois également, la programmation regroupe des thèmes fédérateurs, ou plutôt des « trajectoires », chacun étant libre d’en imaginer d’autres. 

Nous retrouvons donc sous la bannière « Rituels collectifs et résonances » Rêve et Ivresse d’Elise Lerat, où oisiveté, rêves, cris, ivresse du mouvement, désir, créent de vivantes utopies, mais aussi la création Chœur d’Audrey Bodiguel avec cinquante amateurs, incarnant la force vibrante du collectif investira le Nocturne musée danse au Château. Pratiquer le Sauvage de Cédric Cherdel, une vraie fausse conférence dansée, flirtera avec nos instincts enfouis, tandis que Le P.A.R.D.I de la Cie Volubilis apportera, en contraste, une touche burlesque en détournant les codes du symposium. Marathon de la Danse de Clémentine Maubon & Bastien Lefèvre et la création Balatata de Magda Kachouche, apporteront une note très festive à l’ensemble. Enfin Thomas Lebrun dans 1998 [lire notre critique], ancrera par le geste la mémoire collective dans la force des souvenirs communs.

En « résonance », les œuvres plus intimes et plus méditatives que sont Solo N°3, d’Agustina Sario, La Visite (immersion) de Sofian Jouini feat Mettani ou Massimo Fusco (Corps Sonores Juniors), proposent de se plonger dans des instrospections sensorielles, des méditations collectives, ou une quête initiatique comme la création )deHOr^ Inspirée par La Horde du Contrevent d'Alain Damasio, une aventure immersive qui fusionne danse, musique, et performance dans un voyage artistique à travers des paysages naturels et urbains, de l’Océan jusqu’à Nantes. 

Un deuxième chapitre s’ouvre sous le titre « Identités en mouvement » qui réunit les chorégraphes questionnant à travers la danse ou le geste les multiples facettes qui nous constituent. Si Catol Teixeira s’empare du « Faune » avec son corps qu’iel revendique non-binaire, dans Clashes LickingHIPPO.CAMP d’Eli Lécuru est une fiction dansée qui explore les frontières entre humain et animal, métamorphose et hybridité, tout comme Narcisse d’Aline Landreau.

Et si Mercedes Dassy questionne cette nouvelle vague du féminisme ultraconnectée et ultra-sexuée dans Spongebabe in L.A. Georges Labbat s’intéresse avec Self/Unnamed à la dualité de l’être… cette thématique est abordée de manière plus festive avec le Ball Voguing de Vinii Revlon, ou dans Gigi de Joachim Maudet. 

Mais le terme identités est plus vaste et il touche aussi le métissage des danses d’ici et d’ailleurs, comme dans Massak Yada de Gabriel Um, ou des corps différents comme dans l’excellent AC/DC duo pour Jules et Stéphane d’Agathe Pfauwadel.  [lire notre critique]

On pourrait tout aussi bien ranger ici L’Envahissement de l’être de Thomas Lebrun [lire notre critique] dans lequel il incarne, littéralement et littérrairement, Marguerite Duras. Mais, il est plutôt rangé dans la section suivante à avoir « Récits partagés et mémoire » où se retrouvent Fragmented Shadows de Wanjiri Kamuyu qui explore dans ce trio la mémoire des corps pour interroger les histoires et les émotions qu’ils recèlent, tout comme Une Île de danse d’Yvann Alexandre fait dialoguer mémoire poétique et présence au monde, ou Vanitas Trilogy d’Agustina Sario et Matthieu Perpoint, ou la dernière création de Cally Spooner, qui présente trois œuvres imbriquées et superposées, qui s'articulent autour d'une conférence, d'un mouvement et d'une intervention architecturale et chorégraphique ou, 3 concertos pour piano de Bartók de Louis Barreau qui revient aussi sur la construction… mais musicale cette fois.

Mais font aussi partie de cet ensemble Close Up à l’écriture multiple mais parfaitement maîtrisée de Noé Soulier ou Figury (Przestrzenne)/ Figures (Spatial) d’Ola Maciejewska, L’Histoire sprirituelle de la danse de David Wahl (qui en a tiré un excellent petit livre !), ou l’étrange création mondiale de Richard III de Bruce Chiefare/ La Poupée qui brûle dans une adaptation unique pour danseurs et marionnettistes, dans laquelle Yoann Pencolé place Richard comme seul interprète au milieu de marionnettes à taille humaine, manipulées par trois danseurs-marionnettistes.

Enfin, dans la dernière partie, intitulée « Explorations sociales et politiques » se trouvent trois pièces « féministes » à savoir le poignant Black Lights de Mathilde Monnier [lire notre critique] et Outsider de Julie Nioche qui sont tous deux une tentative de réponse face aux violences sexistes et sexuelles, ainsi que le fameux One Shot d’Ousmane Sy [lire notre critique] qui magnifie au contraire la force des femmes. Mais aussi CARNE, la nouvelle création d’Audrey Bodiguel, qui questionne notre rapport à la mort et à nos rituels funéraires, An Immigrant’s story de Wanjiri Kamuyu qui croise son propre parcours de migrations à des récits d’exilés, dans une danse aussi physique que poétique.

Pour finir, Étienne Rochefort et Mondkopf (Unblock Project) fusionneront danse, électro et vidéo pour questionner nos émotions face aux effondrements du monde. Carole Douillard, avec The Waiting Room, réfléchit sur l’attente. Éric Minh Cuong Castaing, dans Parc p/\rc_,mêle danseurs et danseuses, robots et enfants en situation de handicap, repoussant les frontières de la technologie et du corps humain. Enfin, Audrey Bodiguel, avec Carne, proposera une réflexion autour de la mort et de l’écologie, où le corps deviendra humus, symbole de renouveau.

Mais le festival regorge de propositions diverses, et on peut voir aussi des « Trajectoires cinématographiques », une exposition Corps en résonance : de l'Afrique à la scène mondiale - Flora Théfaine, une trajectoire ainsi qu’un temps de réflexion comme La danse et celle et ceux qui l’imaginent

A vous de créer vos propres Trajectoires dans ce festival généreux…

Agnès Izrine

Festival Trajectoires, Du 16 au 30 janvier 2025.

​Photo de preview : Une île de Danse - Yvann Alexandre © Léopold Belanger

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