« Jours de silence » : Chaillot s’y lance
La saison 16/17 à Chaillot Théâtre National de la Danse apporte cinq créations et un nouveau concept: Le silence!
Au début de cette saison, Carolyn Carlson termine, avec la reprise de sa très belle pièce Now, sa résidence à Chaillot, mais inaugure les Jours de silence, une série d’événements imaginés par Dominique Dupuy, qui réunit autour de lui plus de quarante philosophes, chorégraphes et metteurs en scène ainsi qu’une vingtaine de structures.
Silence(s)
Consacrés à la valeur, la nature et la richesse des respirations arrachées au bruit du monde, les Jours de silence seront des journées faites d’échanges, de réflexion, de conférences, de performances et d’ateliers animés par des chorégraphes. Là où le besoin de silence se fait de plus en plus criant, on nous propose ici de l’écouter comme on écouterait un sage, pour en découvrir la plénitude et la nécessité. Par ailleurs, la danse elle-même tente souvent de cacher ses silences. Dominique Dupuy l’encouragera à les revendiquer.
Ce seront des journées où le visiteur sera libre de composer son programme entre ateliers et rencontres et d’amener à manger ce qu’il lui plaira, ou bien de faire son choix au buffet du théâtre. Le 24 septembre, la journée sera ponctuée par des interventions de Carolyn Carlson et Christian Doumet, ancien directeur de programme au Collège international de philosophie. Le 3 décembre appartient à Jean-Luc Nancy et Abou Lagraa, et le 25 février à l’essayiste Jean-Michel Rey et Saburo Teshigawara.
Les Jours de Silence ont lieu au-delà de Chaillot et même de Paris. Au total, ils se déclinent en treize rendez-vous au cours de la saison 16/17 et se poursuivront la saison suivante. A Chaillot, par contre, se tiennent d’autres journées, au déroulé similaire, avec ateliers matinaux, déjeuner partagé, temps d’échanges avec les chorégraphes et répétitions publiques. Ces journées intitulées L’Artiste en son monde seront animées par Anne Nguyen (15 octobre) et Thierry Malandain (20 mai).
Les créations à Chaillot
Saburo Teshigawara semble s’associer directement à la démarche des Jours de Silence, quand il vient créer à Chaillot Flexible Silence pour quatre danseurs (dont lui-même et son épouse Rihoko Sato) et des musiciens, dont l’Ensemble intercontemporain, interprétant sur le plateau des partitions de Toru Takemiitsu et Olivier Messaïen.
Thierry Malandain aussi crée à Chaillot, et il prie la Messa di Gloria de Rossini à créer l’univers musical de sa nouvelle création, consacrée au mythe de Noé, à son Arche et au Déluge, pour parler d’espérance et de l’arrivée d’un temps nouveau.
Anne Nguyen, artiste associée pour cette saison et la suivante, réalisera, avec Danse des guerriers de la ville, une toute autre idée de rendez-vous avec le public. Nguyen et les interprètes de la compagnie Par Terre vont amener les spectateurs sur un parcours participatif, où tout le monde pourra s’approprier quelques gestes du vocabulaire hip hop.
Autre artiste chorégraphique associée : Rocío Molina. C’est elle (et non Anne Nguyen!) qui saute en guerrière sur la page couverture du programme de saison, et elle présentera en novembre une nouvelle pièce en deux tableaux, d’abord en silence, ensuite accompagnée d’un groupe de musiciens de flamenco. Et on pourra de nouveau la voir hisser la danse flamenca féminine vers les contrées avant-gardistes d’un Israël Galvan.
Dans un autre champ artistique, celui de la magie nouvelle, Chaillot propose, hors les murs car présentée au 104, une nouvelle collaboration entre la Compagnie 14 :20 et le chorégraphe Aragorn Boulanger. Wade in the Water verra la rencontre entre la danse (Boulanger sera sur le plateau) et les effets d’illusion, de disparition et d’apparition dont 14 :20 ont le secret.
A noter aussi que Système Castafiore, la compagnie de Marcia Barcellos et Karl Biscuit créera la version définitive de leur Théorie des prodiges, où l’on verra le spectacle complet et avec une distribution élargie, après une première partie présentée au CDC Les Hivernales, à Avignon, en juillet 2015 [lire notre critique]. Pour le jeune public, la création chorégraphique se met en scène sur le mode du jeu et du making-of, avec Tetris d’Erik Kaiel, inspiré du jeu vidéo éponyme, et grâce à Arthur Pérole qui invite le jeune public à choisir des consignes à donner aux danseurs. Aussi le sujet de son spectacle Rock’n Chair est sa propre construction, selon une méthode interactive que Pérole et ses interprètes ont développée au fil d’ateliers donnés en milieu scolaire.
Premières françaises
A ces créations en danse (en théâtre, il y en a une d’Olivier Leteiller, également artiste associé), s’ajoutent les premières en France de la version définitive de Palimpseste #1 de Michèle Noiret, de La Fête (de l’insignifiance) de Paulo Ribeiro, de La Jeune fille et la mort par l’Allemand Stephan Thoss pour les Grands Ballets Canadiens de Montréal, de Mechanical Ecstasy des Néerlandais débridées Club Guy & Roni Slagwerk, de House des Israéliens Sharon Eyal et Gai Behar, de On Fire - The Invention of a Tradition de Constanza Macras et d’un programme Leon-Lightfoot/ Crystal Pite par le Nederlands Dans Theater 1.
Thomas Hahn
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